Qui est le futur propriétaire de Delvaux ?

Pour pérenniser sa marque, Delvaux n’avait plus les moyens de continuer en solo. C’est avec Fung Brands Limited, une filiale du géant chinois de l’habillement Li & Fung, qu’il a décidé de se marier. Pour le meilleur ?

Delvaux, le célèbre maroquinier bruxellois, ne sera bientôt plus belge. La direction de la société, propriété de la famille Schwennicke depuis 1933, est entrée “en négociations exclusives” avec la société de Hong Kong, Fung Brands Limited en vue d’une prise de participation majoritaire dans son capital. Un tournant dans l’histoire de “la plus vieille maroquinerie de luxe du monde” fondée en 1929.

La nouvelle n’est toutefois pas une surprise. Cela fait plus d’un an que la société était en quête d’un partenaire industriel censé lui apporter les moyens financiers et l’expertise pour se développer à l’étranger, plus particulièrement sur les marchés asiatiques bondés de nouveaux riches. Un profil apparemment introuvable en Belgique dès lors que la direction avait d’emblée écarté les investisseurs financiers purs qui privilégient un retour sur investissement à court terme. C’est que l’entreprise, qui a connu ses heures de gloire dans les années 70 et 80, vient de traverser des années difficiles. Voici deux ans, au terme de l’exercice 2008-2009 (clôturé au 31 juillet 2009), son chiffre d’affaires avait plongé en-dessous des 15 millions d’euros, à comparer à 22 millions cinq ans plus tôt. Et la société accusait une perte nette de 6,7 millions d’euros et un résultat ebitda négatif de 3,5 millions.

Résultats en amélioration
Grâce un plan de restructuration mené sous la houlette de Christian Salez venu épauler François Schwennicke à la tête de la société (installation d’un atelier de production au Vietnam, suppressions d’une vingtaine de postes au siège et ouverture de comptoirs dans des chaînes de luxe à New York, Londres, etc.), la situation financière s’est progressivement améliorée. L’exercice 2010-2011, qui vient de se clôturer, affiche un chiffre d’affaires de 17,7 millions d’euros, en hausse de plus 10 % par rapport à l’année précédente. Mieux : la société sort du rouge avec un ebitda de 800.000 euros et un bénéfice net de 50.000 euros (-1,5 million en 2010). Voilà qui tombe à pic à la veille du mariage…

Mais qui est donc cette société de Hong Kong qui s’intéresse aux sacs Made in Belgium ? Fung Brands Limited est un véhicule d’investissement spécialisé dans les marques de luxe, créée récemment par la famille Fung, propriétaire du groupe Li & Fung. Ce dernier est un géant de la production et de la distribution d’habillement, pesant 16 milliards de dollars de chiffre d’affaires et occupant 35.000 personnes “Li & Fung fait partie des 10 plus grands conglomérats cotés à Hong Kong. La société a été créée en 1906 à Canton et a très bonne réputation. Elle fournit vêtements et jouets aux grands distributeurs américains et européens tels que Wal-Mart ou Zara”, observe Patrice Thys, consultant belge à Hong Kong.

Dans le même sac que Cerruti et Clergerie
Parmi ses filiales, on trouve le groupe textile Trinity qui a repris, fin 2010, la maison de prêt-à-porter italienne Cerruti. Li & Fung possède un réseau de plus de 1.000 magasins en Asie. L’idéal pour Delvaux qui réalise 85 % de ses ventes en Belgique et qui rêve de disposer de boutiques en propre dans cette région du monde. En avril dernier, le géant chinois avait déjà acquis 90 % du chausseur français haut de gamme Robert Clergerie, via Fung Brands Limited. Rassurant : la nouvelle filiale, pilotée par le Français Jean-Marc Loubier, ex-CEO de Céline (LVMH) et Escada, s’est engagée à maintenir la production en France. Delvaux, qui emploie 240 personnes (dont une centaine en Belgique) devrait également garder son quartier général et son atelier artisanal à Bruxelles. Reste à espérer que cette union pérennise la griffe au célèbre “D” dans un monde du luxe dominé par des multinationales.

SANDRINE VANDENDOOREN

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