Quelles sont les entreprises belges qui expatrient leurs employés?

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Sans surprise, ce sont les entreprises actives dans la construction qui ont le plus tendance à expatrier leurs employés belges. Mais attention : le caractère international d’une boîte ne signifie pas systématiquement poste à l’étranger.

Ce n’est pas parce qu’une entreprise est internationale qu’elle expatrie forcément ses employés ! Avec la mondialisation du business opérée dès les années 1980, certaines multinationales possèdent de solides ancrages dans chaque pays, ce qui ne justifie plus forcément une expatriation, qui coûte deux à trois fois plus cher qu’un emploi local. Comme le précise Jocelyne Robert, spécialiste de la question et professeur à l’ULiège, ” une expatriation se justifie au moment où des voyages réguliers ne peuvent plus remplir les besoins nécessaires pour une mission “. Aujourd’hui, l’expatriation est plus fortement liée au type d’activité et au degré de maturité du business d’une entreprise.

Impossible de vous livrer un top 10 des entreprises belges qui expatrient, faute de statistiques, mais les secteurs historiques restent clairement sur le devant de la scène. ” Nous organisons chaque année les International Days, salon dédié à la mobilité internationale, évoque David Van Wynsberghe, coordinateur du salon. Quatre types de sociétés nous sollicitent pour trouver des talents à expatrier : les entreprises actives dans la construction, le secteur médical, le tourisme et les call centers. ” Comme l’évoque Jocelyne Robert, ” signalons également les entreprises internationales de consultance, qui peuvent, par exemple, envoyer des cadres à l’étranger pour ouvrir ou développer un bureau sur place ou pour réaliser le business de l’entreprise “. Si vous souhaitez vous tourner vers une carrière internationale depuis la Belgique, considérez que la plus grande opportunité d’expatriation se trouvera dans le chef d’une entreprise belge, de préférence en expansion. ” Nous pourrions estimer qu’une petite centaine d’entreprises belges expatrient leurs employés, poursuit David Van Wynsberghe. Citons notamment les grandes sociétés de construction comme Besix, Jan De Nul, Sarens ou DEME. Ces sociétés fonctionnent par contrats. Une fois un contrat conclu, la société envoie des ingénieurs dans le pays où il faut effectuer la mission. ” Outre l’expatriation pour raisons d’expertise, ” une entreprise belge aura tendance à envoyer des employés à l’étranger pour implémenter la culture de l’entreprise, en l’occurrence la culture de travail belge “, poursuit David Van Wynbserghe.

Jocelyne Robert, spécialiste des ressources humaines à l'ULiège
Jocelyne Robert, spécialiste des ressources humaines à l’ULiège© PG

“Chez Carrefour, nous n’expatrions pas de Belges”

Si vous souhaitez vous expatrier, balayez toutefois un cliché : le poids d’une entreprise au niveau international n’entraîne pas forcément une expatriation pour un Belge. Prenons l’exemple de Carrefour. Le groupe français est présent dans quasi tous les pays d’Europe, en Amérique du Sud et en Asie, mais développe moins qu’avant la mobilité internationale. ” Le groupe Carrefour n’a pas d’expatriés belges, avance Baptiste Van Outryve, porte-parole de Carrefour. La nouvelle direction, installée depuis près deux ans, a décidé de moins pousser la mobilité internationale. Cela ne signifie pas qu’un Belge ne pourra pas travailler en Amérique du Sud. Il peut le demander mais il sera sous le régime local. ” Une société internationale comme Unilever, qui emploie plus de 160.000 personnes dans le monde, n’expatrie pas non plus de Belges, sauf quelques-uns au siège à Rotterdam, aux Pays-Bas.

David Van Wynsberghe, coordinateur du salon International Days, dédié à la mobilité internationale
David Van Wynsberghe, coordinateur du salon International Days, dédié à la mobilité internationale© PG

Même une entreprise belge de construction comme TPF, qui totalise pas moins de 4.300 employés dans le monde, n’a pas recours à l’expatriation de Belges, ceci pour une raison de coût de main-d’oeuvre. Le groupe belge UCB, actif dans le domaine de la pharmacie, envoie, quant à lui, relativement peu de Belges à l’étranger par rapport à son effectif de près de 8.500 personnes. Par contre, Total compte actuellement 86 Belges travaillant sous ce régime. Depuis sa ” francisation ” avec son rachat par Engie, la société Tractebel expatrie aujourd’hui un peu plus de Français que de Belges. Le rachat ou la fusion d’une entreprise entraîne en effet la perte du caractère local et donc la demande en expatriation, du moins pour le côté belge. ” Après un rachat, il arrive que la culture d’entreprise se perde, ce qui ne justifie plus forcément une expatriation, avance David Van Wynsberghe. La mobilité internationale peut aussi jouer dans l’autre sens. Exemple : certains étrangers peuvent venir travailler au siège d’une entreprise belge. En repartant, ces mêmes employés retournent dans leur pays avec des fonctions managériales dans les filiales. ” Certaines grandes entreprises, internationales et belges, n’ont d’ailleurs pas souhaité répondre à nos questions sur leur politique de mobilité internationale. On peut supposer que c’est notamment parce qu’elles encouragent moins l’expatriation qu’il y a 10 ans, réduction de budget oblige.

Par Géry Brusselmans.

Six employeurs belges qui expatrient

Six employeurs belges nous ont dévoilé le nombre d’employés qu’ils expatrient et leur politique de mobilité internationale.

1. Ministère des Affaires étrangères : 472 expatriés belges

Le ministère des Affaires étrangères compte 472 Belges expatriés à l’étranger. Septante-neuf sont contractuels et le reste provient du département carrière extérieure. Il s’agit de personnes travaillant alternativement à l’administration centrale à Bruxelles et à une représentation belge à l’étranger (diplomate, consul, attaché de la Coopération au développement). Les Affaires étrangères emploient par ailleurs 1.170 employés belges dans notre pays.

2. Besix : 110 Belges expatriés

Sur 15.000 employés évoluant pour le groupe Besix, 285 collaborateurs européens (une quinzaine de nationalités différentes) sont expatriés dans des dizaines de pays différents. Parmi eux, on compte 110 expatriés belges, essentiellement des ingénieurs. Certains Belges partent en expatriation dès la signature du contrat.

3. AB InBev : 40 Belges expatriés en Europe

Le département des ressources humaines situé au siège social de Louvain gère la mobilité en Europe. Il y a entre 100 et 150 expatriés intra- Europe, dont une quarantaine de Belges, répartis en deux catégories : les experts et les talents sur lesquels mise AB InBev. La mobilité internationale, tous pays confondus, est quant à elle gérée depuis le bureau aux Etats-Unis. Sur ses 155.000 employés dans le monde, AB InBev compte entre 400 et 500 expatriés.

4. Solvay : 40 Belges expatriés

Le groupe Solvay compte 30.000 collaborateurs dans le monde et 350 expatriés, toutes nationalités confondues, dont 40 Belges. Ce chiffre est stable d’année en année. Certains employés partent pour l’expertise, d’autres pour des raisons managériales. Il existe deux types d’expatriation : la mission court terme (moins de deux ans) et la mission long terme (maximum trois ans + deux ans).

5. Tractebel : 38 Belges expatriés

Tractebel, propriété du groupe français Engie, compte 5.000 collaborateurs dans le monde. La société d’origine belge compte une centaine d’expatriés répartis dans une centaine de pays. Depuis l’acquisition de Tractebel par Engie, la mobilité internationale se tourne aussi vers la France. Il y a aujourd’hui 40 expatriés français pour 38 expatriés belges.

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