Pourquoi Yvon Chouinard, le fondateur de Patagonia, cède-t-il son entreprise?
Le milliardaire Yvon Chouinard met son entreprise au service de la cause environnementale. Mais il en garde le contrôle et évite 700 millions de dollars de taxes.
“Il n’est plus milliardaire. Le fondateur de Patagonia a cédé son entreprise pour lutter en faveur du climat.” Le New York Times et bien d’autres journaux ont salué la semaine dernière le geste de l’Américain Yvon Chouinard, qui avait fondé voici un demi-siècle le groupe Patagonia, spécialisé dans la fabrication et la vente de matériel d’escalade et de camping. Une entreprise qui, bon an mal an, génère une centaine de milliards de dollars de bénéfices par an et qui est valorisée à environ 3 milliards de dollars. Yvon Chouinard a toujours milité pour la préservation de la planète. Depuis 1986, Patagonia reverse 1% de ses bénéfices à des organisations écologistes.
Mais Yvon Chouinard vient de frapper un grand coup en annonçant que lui, sa femme et ses deux enfants avaient cédé leur entreprise à un trust chapeautant lui-même une nouvelle organisation à but non lucratif, Holdfast Collective, dont l’objet est de “lutter contre le changement climatique et protéger les terres non exploitées dans le monde”. Le trust possédera l’entièreté des actions avec droits de vote de la famille (cela représente 2% du capital) et l’association bénéficiera des 98% des actions restantes. Elle touchera donc 98% des bénéfices.
Eviter la taxe sur les plus-values
Mais est-ce de la philanthropie ou un montage fiscal? L’agence Bloomberg fait observer que cette donation permet à la famille Chouinard d’échapper à 700 millions de dollars d’impôts sur les plus-values qu’elle aurait dû payer si elle avait vendu le groupe. Ce montage permet en outre aux Chouinard de continuer à contrôler effectivement Patagonia et de conserver ses sièges au conseil d’administration.
Bloomberg rappelle que les Chouinard ne sont pas les seuls à avoir récemment bâti une telle construction juridique pour à la fois conserver le pilotage de l’entreprise, maximiser sa structure fiscale mais aussi militer en faveur de ses idées. De l’autre côté de l’échiquier politique américain, le très conservateur Barre Seid, qui a fait fortune dans les appareils électroniques, a réalisé le même montage pour soutenir une association “pro life”.
Alors philanthropie ou montage fiscal? Les deux, mon général.
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