Pourquoi Listminut, la start-up de l’économie collaborative, devient Ring Twice

Forte de son nouveau "branding", la plateforme de mini-jobs repense à l'international. © PG

La start-up phare de l’économie collaborative a pris un peu plus de huit ans pour affiner son approche et son business. Elle compte près de 30 collaborateurs et a bien dépassé le million d’euros de chiffre d’affaires. L’occasion pour elle d’adopter un nouveau nom, plus en phase avec son activité… et ses ambitions.

Pionnière de l’économie collaborative, la plateforme Listminut permettant aux internautes de trouver des prestataires pour réaliser une multitude de mini-jobs a fait son temps. Place désormais à Ring Twice (Sonnez deux fois), un nouveau nom et un relooking complet de la marque qui doivent lui permettre de mieux représenter les activités que mène aujourd’hui la start-up bruxelloise. “Ce changement de nom est le fruit d’une longue réflexion de plusieurs années, explique Jonathan Schockaert, CEO et cofondateur de Ring Twice. Au fil des années, nous avons affiné notre vision à long terme et ne voulons pas que notre plateforme soit vue comme une solution pour trouver des prestataires en vue de se débarrasser vite fait d’une série de tâches. Nous avons créé une communauté de gens sur qui on peut compter, idéalement sur le long terme. L’idée n’est pas de venir sur notre site pour un one shot mais bien d’y trouver des prestataires qui interviennent régulièrement chez le client.” D’où Ring Twice: les prestataires ne sonnent pas qu’une seule fois, ils reviennent, qu’ils soient professionnels ou pas.

Nous avons créé une communauté de gens sur qui on peut compter.” – Jonathan Schockaert, fondateur de Ring Twice

Car la particularité de Ring Twice, ex-Listminut, a toujours été de permettre aux internautes de proposer leurs services à d’autres internautes dans une multitude de domaines d’activités: jardinage, bricolage, gardiennage, réparation informatique, assemblage de meubles, etc. C’est en ce sens que la jeune start-up s’était trouvée, au moment de son lancement il y a huit ans, sur le créneau très en vue de l’économie collaborative permettant aux internautes de se rendre des services contre rémunération. Chacun pouvait y développer une petite activité ponctuelle sans pour autant devenir professionnel, avec toutes les questions que cela pouvait poser au niveau de la qualité des prestations, de la fiabilité, des taxes et impôts payés sur les missions réalisées.

Doper la qualité des services

Au fil des années, Listminut a persévéré sur le créneau et affiné son modèle. Celui-ci a suivi les différentes versions de la loi sur l’économie collaborative et le régime fiscal qui l’accompagne. De grands chantiers ont été initiés pour professionnaliser l’ensemble de la démarche et faire de Listminut une plateforme de plus en plus mature. Celle-ci emploie désormais 27 personnes, compte 6.000 prestataires actifs mensuellement (sur 36.000 inscrits), 12.000 abonnés et propose pas moins de 5.000 services par mois. Parmi les gros changements, l’amélioration de la qualité des prestataires. Plus question, depuis longtemps, de s’inscrire sur la plateforme sans avoir rencontré les équipes et fait l’objet d’un onboarding (une intégration). Les prestataires sont donc sélectionnés, en plus d’être notés par les utilisateurs. “On s’est rapidement rendu compte qu’il fallait améliorer leur niveau global, faute de quoi cela se retournait contre nous, explique Jonathan Schockaert. Si l’expérience n’est pas bonne, les internautes ne font plus appel à nos prestataires, ce qui n’est bon ni pour nous ni pour nos autres (bons) prestataires.” Les fondateurs ont aussi fait la constatation qu’il ne fallait pas forcément un maximum de prestataires disponibles dans le voisinage des clients, mais une meilleure répartition. L’amélioration des prestations n’implique pas pour autant qu’elle soit le fait de professionnels: seulement 20% de ceux qui réalisent des jobs sur la plateforme disposent d’un numéro de TVA. Les autres restent des amateurs qui touchent moins de 6.390 euros par an et tombent sous le régime de l’économie collaborative (taxée à 10,7%).

Jonathan Schockaert
Jonathan Schockaert© PG

Passage à l’abonnement

Un autre gros chantier a été la mise en place d’un business model adapté au souhait des fondateurs de Ring Twice de s’inscrire dans une relation à long terme entre les utilisateurs. Cela s’est fait par le passage au modèle de l’abonnement. Aujourd’hui, les utilisateurs paient mensuellement entre 7,5 et 15 euros. Cet abonnement permet de faire appel à autant de prestataires qu’on le souhaite, dans n’importe quelle catégorie. Bien sûr, il reste encore à payer le prestataire, lequel doit céder à Ring Twice des frais de service de 3 à 5% qui couvrent le côté administratif, l’assurance pour le job en question et les frais de transaction.

Le passage à l’abonnement aurait eu un impact très positif sur l’activité de la start-up, à en croire Jonathan Schockaert. Non seulement, cela lui assure à Ring Twice des revenus récurrents, mais en plus, cela pousserait les utilisateurs à y faire plus souvent appel. “Cela renforce la relation à long terme puisqu’en s’abonnant, l’internaute montre qu’il ne vient pas seulement trouver un plombier pour une intervention unique mais qu’il compte trouver encore d’autres personnes, précise le CEO. Mathématiquement, un utilisateur abonné qui fait de nouvelles demandes a plus de chances d’aller au bout de la démarche, et donc de passer à l’achat, que quelqu’un qui ne vient qu’une fois et découvre le fonctionnement de la plateforme. D’ailleurs, le cross-selling ( vente croisée, Ndlr) entre les différentes catégories de services est énorme: 50% des abonnés demandent des services dans plusieurs catégories.” Tout cela permet aussi à Ring Twice de renforcer le branding ( la stratégie de marque, Ndlr) qui veut que pour 7,5 euros par mois, il est possible de trouver l’ensemble des personnes dont on a besoin pour les tâches du quotidien. Cette évolution a permis à Listminut/Ring Twice de s’imposer progressivement dans le paysage des start-up numériques belges dotées d’une croissance raisonnée et raisonnable. Car la firme n’a jamais participé à la course aux levées de fonds. Elle n’a levé “que” 200.000 euros en 2014, 850.000 en 2018 et obtenu un prêt convertible de 300.000 euros en 2016. C’est que, même si elle a dû créer une place de marché et recruter à la fois des utilisateurs et des prestataires, Listminut a fait le choix de ne pas “cramer” son cash en marketing. Ses rentrées opérationnelles lui ont permis de croître progressivement et d’engager au fur et à mesure les profils nécessaires. Son volume d’affaires 2020 atteignait 4,8 millions d’euros, pour un chiffre d’affaires de 1,3 million d’euros, dont 90% sont générés par les abonnés.

Nouveaux marchés

Forte de son nouveau branding, la start-up commence à repenser à l’international. Pas tout de suite car il lui faut d’abord imposer son nouveau nom sur le marché belge. Pour cela, pas mal de marketing sera nécessaire, essentiellement via l’optimisation sur les moteurs de recherche. Ring Twice pourra seulement ensuite attaquer de nouveaux marchés. Ce ne sera pas une première: l’entreprise avait en effet tenté l’expérience parisienne, avant d’arrêter les frais. “Nous y sommes allés trop tôt, admet Jonathan Schoackert. Et nous ne nous étions lancés que sur une catégorie bien précise, ce qui était une erreur. Cela nous empêchait de faire découvrir nos autres possibilités. Nous n’avons donc pas pu nous inscrire dans la durée auprès des utilisateurs.”

Ce sera donc avec un catalogue bien plus large d’offres de services et une liste de prestataires plus étoffée que Ring Twice se lancera à l’international (France? Pays-Bas? ). Cela a aussi un prix. Il n’est donc pas impossible que les fondateurs partent à la recherche de nouveaux investisseurs. “Rien n’est décidé”, tempère le CEO. Ce qui semble clair, toutefois, c’est que la jeune équipe aux commandes avancera à l’étranger avec le même acharnement – mais aussi la même prudence – qu’elle a montré en Belgique. Une formule qui semble lui réussir.

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