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Pourquoi les Belges optent-ils pour le crédit-temps ?

Si quelqu’un avait osé dire en public il y a quelques années que nous allions tous devoir travailler plus longtemps, cette personne aurait sûrement été fusillée du regard par un grand nombre de personnes.

Aujourd’hui, cette affirmation n’étonne plus personne. À peu près tout le monde a accepté que nous profiterons un peu plus tard de notre pension. Ce qui est intéressant toutefois est la discussion suivante : comment donner forme à cette carrière prolongée ? Comment faire en sorte que le travail reste faisable malgré un âge plus avancé et une pression croissante ?

Peu avant les vacances parlementaires d’été, le ministre Kris Peeters a mis sur la table une nouvelle proposition visant à prolonger d’un mois la durée possible des congés pour soins palliatifs et de trois mois la durée du crédit-temps avec motif. En janvier 2015, la législation concernant le crédit-temps a pourtant été durcie. Le crédit-temps sans motif a ainsi été restreint et l’âge pour l’aménagement de la fin de carrière est passé de 55 à 60 ans. Cependant, davantage de crédit-temps contribue-t-il encore intrinsèquement à un travail faisable pour tous ?

Pourquoi les Belges optent-ils pour le crédit-temps ?

Lors d’une enquête récente d’Acerta, nous avons constaté que ces cinq dernières années, la part totale de travailleurs bénéficiant d’un crédit-temps avait augmenté de 1,94 % à 2,49 %. Le crédit-temps thématique en particulier, comme le congé pour assistance médicale à un membre de la famille ou le congé parental à temps partiel, s’est fortement accru. Chez les hommes, le tabou lié au congé parental semble s’effacer un peu plus chaque jour. Les pères veulent tout autant passer du temps avec leurs enfants. La part d’hommes qui ont demandé un congé parental à temps partiel durant les cinq dernières années a enregistré une augmentation de 40 %. En outre, lorsque la mère comme le père demandent un congé parental à temps partiel à des moments différents de la vie de l’enfant, les soucis liés à la garde de l’enfant s’estompent.

Plus de la moitié des personnes qui bénéficiaient d’une forme de crédit-temps ces cinq dernières années l’ont utilisé sous la forme du travail à quatre cinquièmes. Les interruptions totales ou les emplois à mi-temps ont clairement perdu en popularité.

Comment faire en sorte que le travail reste faisable malgré un âge plus avancé et une pression croissante ?

Malgré cette tendance, d’importantes différences dans l’utilisation de la mesure peuvent être constatées entre employés et ouvriers. Le pourcentage d’ouvriers à faire usage d’un crédit-temps équivaut à peine à la moitié de l’ensemble des employés avec un crédit-temps. Il est vrai que les ouvriers masculins baignent aujourd’hui encore dans une culture où l’idée du congé parental pour les hommes n’a pas encore totalement fait son chemin, mais les employés sont aussi souvent mieux au courant de leurs droits et/ou les font plus valoir.

Travail faisable sans crédit-temps ?

Avec sa nouvelle proposition de loi, Kris Peeters a à nouveau ouvert la porte à certaines formes de crédit-temps avec motif. Si cette extension a bel et bien lieu, nous pouvons partir du principe qu’il en découlera une nouvelle augmentation du nombre de travailleurs bénéficiant d’un crédit-temps. Est-ce bien l’évolution dont nous avons besoin ? Ne pouvons-nous pas, au lieu de développer des initiatives soutenues par le gouvernement, nous pencher davantage sur les initiatives des employeurs ? Les entreprises peuvent chercher en interne des solutions offrant plus de flexibilité aux travailleurs, pas seulement sur le plan du nombre d’heures de travail, mais aussi en fonction du lieu et du moment de travail.

Le télétravail peut par exemple pallier le problème de la garde d’enfants et de l’assistance à un membre de la famille malade. L’employeur et le travailleur peuvent alors facilement déboucher sur un compromis. C’est également possible via des jours de congé supplémentaires, du repos compensatoire ou certains avantages extralégaux. Je suis convaincue que ce genre de solutions durables seront à la base d’un emploi durable, plus encore que le crédit-temps.

Sarah Peeters, Director Acerta Consult

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