Pour la Sowalfin, “la situation s’améliore” pour les entreprises wallonnes

© MICHEL HOUET

Avec la crise sanitaire, le groupe Sowalfin a rapidement adapté ses services et ses produits pour répondre à des dizaines de milliers de demandes, et soutenu depuis le début de l’année plus de 2.800 entreprises wallonnes. Le point avec Jean-Pierre Di Bartolomeo, président du comité de direction.

Le 12 mars 2020, la Première ministre Sophie Wilmès annonce les premières mesures décidées par le gouvernement afin de faire face au coronavirus. Sans alors encore évoquer un lockdown ou un confinement. Mais, très rapidement, on comprend avenue Maurice Destenay à Liège, dans les bâtiments qui abritent le siège et les bureaux de la Société wallonne de financement et de garantie des petites et moyennes entreprises (Sowalfin), qu’il va falloir plus que jamais mobiliser les équipes pour répondre aux demandes des entrepreneurs, artisans et indépendants. Celles-ci étaient déjà sur le pied de guerre depuis l’activation par le gouvernement wallon du numéro 1890 (www.1890. be) comme numéro d’appel pour les entreprises, et ce afin qu’elles obtiennent clarifications et informations sur le coronavirus et ses conséquences pratiques pour leurs activités.

La priorité a été de veiller à assurer la trésorerie des entreprises. Pour nombre de sociétés, il fallait arrêter au plus vite l’hémorragie.

Une explosion des appels

En place depuis début 2019, ce 1890 a été assailli dès le vendredi 13 mars. ” En règle générale, nous ne recevons que quelques dizaines d’appels quotidiens : la plupart des personnes trouvent réponse à leurs demandes sur le site, explique Jean-Pierre Di Bartolomeo, président du comité de direction de Sowalfin. Mais ici, durant les premiers mois de la crise, nous en avons reçu des milliers chaque jour. Avec même un pic à 18.000. Pour répondre à cet afflux massif, nous avons renforcé l’équipe, qui compte sept personnes, avec une bonne quarantaine de collaborateurs qui ont été formés et ont ainsi pu assurer la permanence du service. Il a fallu également très vite nous réorganiser et permettre à toutes ces personnes de prester via le télétravail. Alors que nous sommes normalement environ 400 dans le bâtiment, il en est resté à un moment moins d’une dizaine. Nous avons aussi bénéficié de l’aide du Forem. ”

Au total, du 13 mars au 31 août, ce ne sont pas moins de 51.000 appels qui ont été traités, soit 40 fois plus que pour l’ensemble de l’année précédente. Dans le même temps, plus de 286.000 visiteurs ont surfé sur le site web du groupe, avec plus de 1,2 million de pages vues. ” Les premières questions qu’on nous a posées étaient ‘est-ce que je peux ouvrir ? ‘, ‘peut-on mettre le personnel en chômage’, ‘comment obtenir telle prime ou bénéficier du droit passerelle’, etc., enchaîne Jean-Pierre Di Bartolomeo. Dans un premier temps, les gens qui nous ont appelés ont éprouvé le besoin d’être rassurés. Nombre d’entre eux se demandaient s’ils allaient simplement pouvoir passer au travers de cette crise. D’autant qu’au début, nous naviguions tous en plein brouillard, tant par rapport à ce virus qu’à ses conséquences sur l’économie. Nous avons été confrontés à beaucoup de détresse et d’émotion. Les gens devaient être informés et réconfortés. ”

Premières mesures de soutien

Mais au temps de l’écoute a très rapidement succédé celui de l’action. ” Durant ces six derniers mois, nous avons réglé la plupart des demandes en moins d’une semaine, confie le président. Du 15 juillet au 15 août, la période a été plus calme. Mais nous sommes aujourd’hui à nouveau sollicités pour avoir des informations concernant la prime corona supplémentaire de 3.500 euros à destination des indépendants et petites entreprises. Il faut savoir qu’il y a encore des secteurs qui sont fortement impactés par la crise et qui n’ont pas ou quasi pas pu redémarrer. Par exemple les agences de voyage, les autocaristes, les organisateurs de salons, les traiteurs, les discothèques, les forains, etc. ” Outre ces secteurs qui continuent à bénéficier d’un soutien, d’autres ont pu faire appel aux services de la Sowalfin, en fonction des problèmes auxquels ils étaient confrontés. Le groupe a par ailleurs adapté ses produits de financement afin d’aider entreprises, artisans et indépendants à franchir cette passe difficile.

Pour les huit premiers mois de 2020, ce ne sont pas moins de 2.800 entreprises qui ont été soutenues (3.000 pour l’ensemble de l’année 2019). Quelques chiffres illustrent ce soutien financier. La Sowalfin a ainsi octroyé 182 millions d’euros de garanties qui ont permis aux entreprises de bénéficier de 355 millions de financement (une augmentation de plus de 60% par rapport à l’exercice précédent). Pointons aussi 192 millions de financement sous différentes formes dont principalement des prêts subordonnés et des prises de participation (en augmentation de 15%) dont une activité très forte des invests avec 150 millions de nouveaux financements. Secteurs les plus concernés ? Les services aux entreprises (39%), l’industrie manufacturière (29%) et le commerce de gros (11%). Notons enfin des financements à l’exportation en croissance de 42% et des projets dans la gestion durable des ressources en progression de 5%.

JEAN-PIERRE DI BARTOLOMEO
JEAN-PIERRE DI BARTOLOMEO ” Le brouillard dans lequel les entreprises ont été plongées se dissipe de jour en jour. “© MICHEL HOUET

Trésorerie, solvabilité, investissements

” Après avoir fourni les informations aux entrepreneurs, la priorité a été de veiller à assurer la trésorerie des entreprises, reprend Jean-Pierre Di Bartolomeo. Pour nombre de sociétés, il fallait arrêter au plus vite l’hémorragie. Outre les différents droits et primes, nous avons ainsi également aidé à négocier des reports de paiement de loyers, de crédits bancaires, de leasing de matériel roulant et de flottes, etc. Nous avons aussi fait attention à diminuer les sorties et réduire les dépenses. Après, il a fallu emprunter pour l’incompressible afin de garantir la pérennité de ces entreprises. Nous sommes ici intervenus via les prêts ricochets et avec les invests et les banques. ” Depuis le 1er mai, 422 entreprises ont ainsi bénéficié du prêt ricochet, soit 7 millions de garanties émises en couverture de 9 millions de crédits et des prêts subordonnés complémentaires au crédit bancaire octroyés pour 4,6 millions d’euros. Les secteurs les plus concernés ont été respectivement les services et transport (24%), le commerce (23%) et l’horeca (20%).

Depuis le début de cette année, le prêt coup de pouce a enregistré une croissance de plus de 20% par rapport à l’an dernier : 205 prêts ont été réalisés pour un montant total de 3,5 millions d’euros, soit un prêt moyen de l’ordre de 17.000 euros.

Après la trésorerie, la deuxième étape de la ” reconstruction ” passe par la solvabilité. ” En ce qui concerne cette dernière, je dois souligner que les secondes mesures du plan bazooka du gouvernement sont positives, note Jean-Pierre Di Bartolomeo. Cela va nous permettre de voir plus loin, à un horizon de quatre à cinq ans. Cela doit se faire progressivement et en fonction des secteurs. Nous verrons plus clair à partir du début de l’année prochaine quand nous pourrons espérer retrouver une économie compétitive. Il sera alors temps de se pencher sur les investissements avec une double approche : globale et sectorielle. D’une part, en soutenant l’investissement dans les entreprises classiques. D’autre part, en mettant l’accent sur certains secteurs qui peuvent participer à la réindustrialisation de la Wallonie via le développement et/ou la création de nouvelles activités. Nous verrons dans les mois qui viennent les orientations que la Région wallonne prendra en cette matière. ”

Davantage de visibilité

Durant cette crise, on l’a dit, la Sowalfin a apporté son expertise et son soutien à des milliers d’entreprises. Mais certaines ont su rebondir et saisir les opportunités qui se sont présentées à elles. Nous pouvons en mentionner quelques-unes, souvent liées directement ou indirectement à l’industrie – preuve s’il en était de l’importance de s’appuyer sur un tissu industriel solide pour affronter les crises. Il y a donc notamment Dutra, société active dans la fabrication de vêtements professionnels qui a élargi sa gamme en produisant des masques, et Conceptexpo, concepteur de stands pour salons et foires qui a produit des panneaux d’information et d’hygiène pour les commerces ainsi que des parois de protection en plexiglas. Mais aussi Lasea, fabricant de machines laser qui a développé une machine de décontamination de masques chirurgicaux, ou AMB, société spécialisée dans le traitement de déchets médicaux qui a mis au point une machine de décontamination. ” D’autres entreprises ont traversé cette crise sans trop de problèmes, ajoute Jean-Pierre Di Bartolomeo, mais elles ne souhaitent pas se mettre en avant, d’autant que cette crise n’est pas encore terminée et que certains effets risquent de se faire sentir plus tard. ”

Lucide, le président du comité de direction de la Sowalfin s’avoue pourtant également relativement optimiste : ” Tout dépend bien entendu de l’évolution de la pandémie mais j’observe que le brouillard dans lequel les entreprises ont été plongées se dissipe de jour en jour et que nous avons de plus en plus de visibilité. Hormis quelques secteurs encore fortement touchés, on constate que pour beaucoup d’entreprises, les activités commencent à redémarrer. A des rythmes différents, certes, mais cela repart. On commence aussi déjà doucement à reparler de projets d’investissements et de développements d’activités. Nous ne sommes pas encore sortis de la crise mais la situation s’améliore “.

2.800 entreprises

wallonnes ont été soutenues par la Sowalfin sur les huit premiers mois de l’année.

182 millions

d’euros de garanties ont été octroyés aux entreprises, leur permettant de bénéficier de 355 millions de financement.

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