Polémique autour du logo Proximus : Optima peut-il l’emporter ?

© Belga

La société Optima estime que le nouveau logo Proximus s’inspire trop de son propre visuel et exige son retrait pur et simple. L’opérateur télécom refuse et maintient son “rebranding”. Vers quoi va-t-on désormais ?

Une vingtaine de millions d’euros. Voilà ce qu’a investi l’opérateur télécom dans le “rebranding” de sa marque pour faire de Proximus l’unique référence de l’ensemble de ses services. Un “ravalement de façade” où le X du nouveau logo évoque à la fois l’infini et le sentiment de proximité (proximus en latin), mais qui n’est pas du goût tout le monde. A commencer par Optima, la société spécialisée en planification financière, qui a exigé, il y a quelques jours à peine, que l’opérateur cesse sur le champ l’utilisation de son nouveau logo dont les courbes “s’apparentent dans une très large mesure, selon elle, à la marque figurative d’Optima protégée depuis longtemps déjà”.

Pour faire court, le nouveau logo Proximus “porte atteinte à la force de la marque Optima, crée à tout le moins une confusion dans les esprits et lui cause un dommage grave”, dixit un communiqué musclé de la société financière.

Mis en demeure, l’opérateur télécom n’a pas bronché, rappelant que son logo avait été déposé dans les règles de l’art, que les deux entreprises étaient actives dans des secteurs différents et qu’il n’allait donc pas cesser de l’utiliser.

Quid du suivi du dossier ?

Optima peut-il introduire une demande devant la justice et, le cas échéant, espérer gagner un éventuel procès ? “Si Optima ne baisse pas les bras, il y a deux scénarios possibles, rappelle Etienne Wery, avocat spécialisé en propriété intellectuelle au bureau Ulys. Il y a d’une part la voie administrative qui consiste à aller devant le bureau des marques pour demander l’annulation du logo contesté. Et il y a d’autre part la voie judiciaire où Optima doit démontrer qu’il y a, à cause de Proximus, une interférence dans le lien qui unit sa marque à son produit. Optima peut toutefois mener les deux actions en parallèle”.

Avec quelles chances de succès ? “Minimes”, selon cet autre avocat spécialisé dans le droit des marques qui juge la plainte d’Optima “pas très solide sur le fond”, d’autant plus que Proximus fera sans doute tout pour faire traîner les choses, si nécessaire. Tant pour la voie administrative que pour la voie judiciaire, l’opérateur télécom pourra en effet engager les meilleurs avocats et les meilleurs spécialistes afin de défendre ce rebranding qui lui a tout même coûté plus de 20 millions d’euros. “Un dossier normal en droit des marques prend généralement quelques mois, renchérit Etienne Wery, mais si on multiplie les expertises et qu’il n’y a aucune limite dans les honoraires des avocats, certains dossiers peuvent tenir 10 ans devant la justice”.

Il y a toutefois un troisième scénario possible : la signature d’une convention de coexistence où les deux entreprises mettent noir sur blanc, à l’amiable, la façon dont les marques doivent coexister sur le marché. Mais une telle initiative semble pour l’instant peu probable.

Et si c’était un coup de pub ?

Si Optima n’a pas encore décidé, à l’heure actuelle, quel suivi il allait donner au dossier, d’autres observateurs estiment, en coulisse, qu’il pourrait également s’agir d’un petit coup de pub de la part de cette société spécialisée en planification financière. Peu connue du grand public, Optima pourrait en effet très bien avoir voulu se placer sous les projecteurs médiatiques braqués sur Proximus pour faire parler aussi de sa propre marque. Ce ne serait pas la première fois qu’une entreprise s’offrirait de la pub à moindre prix, quitte à la jouer de façon détournée…

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