Pierre Rondeau: “Il suffit d’une élimination en Champions League pour que le cours s’effondre”
Selon “De Tijd”, le FC Bruges préparerait son entrée en Bourse. Une première pour un club de foot belge que décrypte Pierre Rondeau, professeur d’économie à la Sports Management School de Paris. Propos recueillis
1. Quel est l’intérêt d’une telle opération financière pour un club de football?
Globalement, l’entrée en Bourse permet à un club d’augmenter son capital pour disposer rapidement d’une manne financière plus importante ou pour financer des investissements. C’était la grande mode dans les années 1990 et cela a permis à plusieurs clubs d’investir surtout dans des joueurs. Cet apport d’argent facilitait les transferts. Aujourd’hui, on est davantage dans le financement de projets à plus long terme, comme les investissements immobiliers pour la construction d’un nouveau stade par exemple (c’est le cas du FC Bruges qui veut financer sa nouvelle arène évaluée à 100 millions d’euros, Ndlr).
2. Un club de prestige est-il un choix forcément gagnant pour l’investisseur?
Non, car les entrées en Bourse des clubs de football n’ont pas toutes été des succès. Je pense notamment à Tottenham qui s’est finalement retiré. Bien sûr, cela peut fonctionner, mais cela dépend fortement du contexte économique et surtout de l’incertitude liée au monde du football. Contrairement à une entreprise lambda cotée en Bourse, un club de foot est caractérisé par une volatilité beaucoup plus importante liée à ses résultats sportifs. Il suffit d’une élimination en Champions League pour que le cours s’effondre…
3. Est-on davantage dans l’émotionnel lorsque l’on investit dans un club de foot sur les marchés financiers?
Non, pas nécessairement. Il peut y avoir évidemment des supporters qui se lancent dans l’aventure boursière pour soutenir leur club, mais l’investisseur de base est supposé rationnel. Il réfléchit d’abord au potentiel de son investissement et donc à l’aspect lucratif. Si le projet lié à l’entrée en Bourse d’un club de football est bien précis, comme par exemple le financement d’un nouveau stade et de toute une infrastructure immobilière qui l’accompagne, cela peut se justifier. Dans le cas de l’Olympique lyonnais (le seul club français coté en Bourse, Ndlr), la construction du nouveau stade s’accompagnait de toute une infrastructure périphérique avec des bureaux, des logements et des centres commerciaux. C’est un vrai projet immobilier qui peut séduire l’investisseur, amateur de football ou pas.
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