Manager de l’Année 2022: portrait de Pierre-François Bareel, CEO de Comet
Tri robotisé, hydrométallurgie du cuivre, recyclage des batteries…, le groupe Comet est à la pointe de l’innovation dans le traitement des déchets. “Cette activité est devenue structurante pour l’économie wallonne”, se réjouit Pierre-François Bareel.
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Entre Pierre-François Bareel et le recyclage, c’est déjà une longue histoire. Durant ses études d’ingénieur des mines, il devait analyser un gisement minier n’importe où dans le monde et il a choisi… les piles et batteries en Wallonie. “J’ai un peu perturbé mes professeurs à l’époque mais ils se sont montrés très ouverts, se souvient-il. J’avais déjà conscience de ce que pourrait être le déchet.” Et comme il a de la suite dans les idées, son travail de fin d’études fut dévolu aux résidus de broyage d’automobile.
Il a démarré ses recherches avec un sac de déchets déposé dans le laboratoire de l’université par une petite entreprise du coin. “Ce furent mes premiers pas chez Comet”, sourit Pierre-François Bareel.
C.V.
- 44 ans, né à Verviers
- Ingénieur des mines (ULiège)
- 2006: rejoint le service R&D de Comet
- 2009: devient directeur R&D
- 2019: est nommé CEO de Comet
- Joue au hockey (RHC Verviers) et est fin cuisinier
Il aurait pu rejoindre l’entreprise tout de suite mais il a préféré réaliser d’abord une thèse de doctorat en métallurgie, à nouveau centrée sur le recyclage: “comment produire de l’acier à partir de déchets?” Comet n’avait heureusement pas oublié ce jeune ingénieur des mines pendant ce temps et il fut engagé après sa thèse en 2006. Seize ans plus tard, il y est toujours et en est même devenu le CEO. “Quand je suis arrivé, nous étions 90 personnes ; aujourd’hui nous sommes près de 400 et nous allons réaliser un chiffre d’affaires de l’ordre de 450 millions, explique Pierre-François Bareel. C’est ce développement économique qui m’anime et me passionne. C’est quand même incroyable: au départ, nous étions des prestataires de services pour la sidérurgie, activité structurante de la Wallonie. Aujourd’hui, Comet devient cette activité structurante. Des entreprises gravitent autour pour la logistique, la maintenance, la construction d’usines, etc. Quand on parle de réindustrialisation, nous sommes désormais des interlocuteurs reconnus car nous sommes producteurs de matières premières secondaires.”
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Il a commencé sa carrière au service de R&D de Comet. Un service de recherche chez un ferrailleur, ce n’était certainement pas fréquent à l’époque. Mais cela a permis à l’entreprise de se positionner très tôt sur le secteur émergent du recylage des métaux. En quelques années, ce département est passé de 2 à 20 personnes, c’est dire toute l’importance que le groupe Comet y consacre. Pierre-François Bareel salue ici la vision de la famille Grosjean (fondatrice et propriétaire de l’entreprise) et de Claude Bodson, son prédécesseur à la tête de l’entreprise. “Il m’a appris tout le fonctionnement d’une entreprise, des choses qu’on n’enseigne pas dans les écoles d’ingénieurs”, dit-il. C’est cette vision qui a conduit les actionnaires à confier en 2019 la direction de ces activités, de plus en plus technologiques, à un technicien, en l’occurrence Pierre-François Bareel. A charge pour lui de maintenir la longueur d’avance du groupe Comet dans le recyclage des métaux.
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Du laboratoire à l’usine
“Les innovations de nos laboratoires deviennent un jour des activités industrielles opérationnelles, c’est notre marque de fabrique et j’y suis très attaché, insiste Pierre-François Bareel. On part d’une idée, on la développe en R&D, on la teste avec un pilote et puis, on prend le risque industriel et on investit pour en faire une usine.” Ces dernières années, Comet a ainsi mis au point le multipick, un système de tri robotisé permettant de séparer jusqu’à 16 matières différentes ; l’usine Biolix (Strépy) qui permet de récupérer 99% du cuivre contenu dans les câbles ; et l’usine de recyclage des plastiques à Obourg. “Des constructeurs intègrent désormais des pièces en plastique recyclé à l’intérieur des véhicules, dit le CEO de Comet. C’est une avancée fabuleuse. Avant, le plastique recyclé était perçu comme juste bon à faire des pots de fleur. Cette rupture technologique, on la doit à un ferrailleur. Un ferrailleur qui fait du tri robotisé et développe l’hydrométallurgie du cuivre.” Pierre-François Bareel résume volontiers cette évolution d’une belle formule: “Nous étions des ferrailleurs. Nous sommes devenus des recycleurs. Et aujourd’hui, nous sommes des experts en économie circulaire“.
La plus grande fierté professionnelle du CEO de Comet n’est toutefois pas cette succession d’innovations technologiques issues du laboratoire de R&D qu’il a contribué à créer. “Nous avons réussi à grandir en gardant le dynamisme d’une petite PME, c’est exceptionnel et nous devons absolument conserver cela, poursuit-il. Nous devons sans cesse continuer à innover, à porter de nouveaux projets. La phrase que je ne veux pas entendre, c’est ‘on a toujours fait comme cela’. Pour moi, cela veut surtout dire qu’il est temps de réfléchir à faire autrement. J’espère que le groupe Comet parviendra à conserver cet état d’esprit.”
“Nous stockons l’énergie avec des batteries recyclées”
Le broyage des métaux est une activité très énergivore. Quand les prix de l’électricité étaient au plus bas, le groupe Comet les a bloqués pour trois ans. “J’ai préféré me prémunir contre une remontée des prix qu’espérer encore gagner 2 ou 3 euros sur les MWh avec des contrats variables, confie Pierre-François Bareel. On peut appeler cela de la chance ou de la lucidité mais j’ai pris mes responsabilités de CEO.” Grâce à cela, Comet peut voir venir jusqu’en janvier 2024. Ce délai est mis à profit à la fois pour réduire la consommation et pour devenir producteur éolien et photovoltaïque. Comet est par ailleurs impliquée dans un projet du plan de relance visant à recycler les produits de la mobilité électrique. “Nous sommes en train de concevoir des unités de stockage d’énergie en intégrant des batteries recyclées, précise Pierre-François Bareel. Cela nous aidera pour une gestion optimale de notre consommation. Avec nos broyeurs, nous avons des pics de consommation que nous gérons, par exemple en participant aux plans de délestage. Nous ne serons pas autosuffisants mais nous pouvons lisser les surcoûts.”
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