Peu de sociétés en Belgique lient la rémunération de leur CEO à leurs performances environnementales
Chaque année, l’étude “Executive Remuneration” de la Vlerick School dresse le panorama des principales données salariales des CEO des sociétés belges cotées en Bourse. Cette collecte annuelle permet de voir l’évolution de ces données au fur et à mesure des années, notamment celles qui incluent (ou pas) les performances environnementales de l’entreprise.
Ainsi la nouvelle étude* de la Vlerick School révèle, que pour l’année 2021, la médiane de la rémunération totale (c’est-à-dire comprenant le salaire fixe, les primes et la rémunération à long terme) s’est élevée à 2.430.492 euros pour le Bel 20, à 908.115 euros pour le Bel Mid et à 587.482 euros pour le Bel Small. “Ce que l’on remarque avant tout, c’est que les entreprises du Bel 20 ne jouent pas dans la même cour, explique Xavier Baeten, Professeur de Reward & Sustainability à la Vlerick Business School. La rémunération de leurs CEO est nettement supérieure à celle des plus petites entreprises cotées en Bourse, une différence principalement due à la présence beaucoup plus régulière d’appointements à long terme (options d’achat d’actions, actions liées au rendement, etc.) dans les sociétés du Bel 20.”
Par rapport à l’an passé, Vlerick souligne une hausse de 23% pour les entreprises du Bel 20 et de 13% pour les entreprises du Bel Mid, tandis que les montants pour les entreprises du Bel Small sont en recul de 5%.
Critères ESG
Mais cette année, l’étude s’est en particulier intéressée aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Et force est de constater qu’à une époque où les enjeux climatiques sont omniprésents, un effort devrait être fait de ce côté-là à l’avenir. En effet, la part des performances environnementales de l’entreprise ne dépasse pas 6% du pack salarial du CEO de celle-ci en moyenne… “Ces chiffres contrastent terriblement avec le besoin de mesures de protection de l’environnement”, déplore Xavier Baeten.
Et si les critères non financiers (telle que la durabilité, la qualité ou encore l’innovation) se taillent une part de 32% du calcul de la prime et de 16% de la rémunération à long terme, l’étude de Vlerick souligne qu’au niveau des critères concrets “seules 5% des entreprises englobent des performances environnementales dans le calcul de la prime, et 26 % dans celui de la rémunération à long terme”.
“S’il semble de bon augure que 26 % des entreprises intègrent des indicateurs de performance environnementale à la rémunération à long terme, précise Xavier Baeten, il ne faut pas oublier que cela concerne uniquement celles qui englobent ce type de critère dans la rémunération à long terme, et non, par exemple, celles qui accordent des options d’achat d’actions, une forme de rémunération qui reste courante en Belgique. De plus, le critère pris en compte par les entreprises qui tiennent compte des performances environnementales est pratiquement toujours le même : les émissions de CO2, alors que des critères comme la consommation d’énergie, la consommation d’eau, le traitement des déchets et les emballages peuvent également revêtir une grande importance dans certaines entreprises.”
Solvay et Umicore sortent leur épingle du jeu
Heureusement deux entreprises se démarquent positivement en accordant à la durabilité une place de choix dans le calcul du pack salarial de leur direction : il s’agit de Solvay et d’Umicore.
Par exemple, chez Solvay, les performances en matière de durabilité comptent pour un tiers dans le calcul. Autre point positif, les critères ESG que Solvay prend en compte dans son calcul des rémunérations sont nombreux et variés (émissions, chiffre d’affaires tiré de produits durables, prélèvements d’eau, déchets, accidents, et proportion de femmes managers) et ne sont pas uniquement basés sur les émissions de CO2 comme trop souvent le cas.
Quant à Umicore, l’étude souligne que l’entreprise va encore plus loin. Umicore s’est fixé comme objectif d’être zéro émission à l’horizon 2035 et donc conformément à sa stratégie “Let’s Go for Zero”, cette année, “la moitié de la rémunération à long terme est déterminée par les performances environnementales. De plus, cette entreprise inclut également des critères de bien-être dans la chaîne de valeurs, d’acquisition éthique de matières premières et d’égalité des genres au niveau du management”.
*Ces résultats, parmi d’autres, sont le fruit de l’enquête annuelle relative à la rémunération des CEO des sociétés belges cotées en Bourse, une étude menée par l’Executive Remuneration Research Centre de la Vlerick Business School auprès d’un échantillon reprenant les 90 entreprises faisant partie des Bel 20, Bel Mid et Bel Small.
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