Passé 50 ans, les travailleurs coûtent trop cher

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Selon une étude récente, les travailleurs âgés de 50 à 64 ans sont moins productifs et coûtent donc plus cher que les plus jeunes. Du coup, les employeurs rechignent à les conserver ou à les engager.

Les travailleurs plus âgés sont de plus en plus nombreux sur le marché du travail. Cette situation résulte du vieillissement de la population, combiné à des mesures poursuivant l’objectif de relever le taux d’emploi des “seniors” : suppression de certains types de préretraites, recul de l’âge légal de la pension, etc. Or, c’est là que le bât blesse, ces mécanismes visant à augmenter l’offre de travail aux aînés n’ont pas été accompagnés de mesures pour faire progresser la demande du côté des employeurs. “Si on ne fait rien, ces travailleurs de plus de 50 ans vont gonfler les chiffres du chômage et des incapacités de travail de longue durée”, craint Vincent Vandenberghe, professeur d’économie à l’UCL.

Dans une étude à paraître dans la revue Regards Economiques, éditée par l’Institut de recherches Economiques et sociales (IRES), Vincent Vandenberghe mesure l’impact d’une augmentation du nombre de travailleurs âgés dans les entreprises. Ses conclusions sont inquiétantes. Si l’on augmente de 10 points de pourcentage la part des travailleurs âgés de 50 à 64 ans dans les entreprises, la productivité de celles-ci diminue de 2,2 %. “C’est une mauvaise nouvelle pour l’employabilité des personnes de 50 ans et plus”, souligne Vincent Vandenberghe dans son étude. “Je tire le signal d’alarme, poursuit-il. Les firmes qui rencontrent un afflux de travailleurs de plus de 50 ans voient leurs marges s’éroder, ce qui les incite à se débarrasser de cette catégorie de personnel.”

Pour lutter contre ce phénomène, le chercheur de l’UCL avance plusieurs pistes. Tout d’abord, la baisse de productivité après 50 ans ne serait pas une fatalité : il est possible de l’atténuer grâce à des investissements dans la formation continue des quadragénaires et dans l’amélioration de l’ergonomie au travail (surtout pour les fonctions productives). Ensuite, la baisse de productivité pourrait être compensée par une baisse des charges ciblée sur les travailleurs plus âgés.

Baisser les salaires pour sauver l’emploi Mais la mesure la plus urgente, selon Vincent Vandenberghe, est l’aménagement de l’ancienneté barémique. La progression linéaire des salaires en fonction de l’ancienneté est en effet totalement découplée du niveau de productivité du travailleur. Pour compenser la baisse de productivité liée à l’âge et in fine améliorer l’employabilité des travailleurs de plus de 50 ans, il faudrait atténuer la progression des salaires, voire les diminuer passé un certain âge. Voilà un thème explosif pour les partenaires sociaux.

L’enquête complète peut être téléchargée sur le site www.regards-economiques.be.

GILLES QUOISTIAUX

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