Palantir, toujours pas rentable, veut se démarquer de la Silicon Valley

Le siège central de Palantir à Palo Alto (Californie). © BELGAIMAGE

Seize ans après sa création dans la Silicon Valley, le spécialiste américain de l’analyse de données Palantir perd toujours des dizaines de millions de dollars, et cherche à se distancer de sa région d’origine en termes de “valeurs”.

D’après son dossier d’entrée en Bourse publié mardi, la société cofondée en 2004 par l’investisseur Peter Thiel a enregistré 580 millions de perte nette en 2019, comme en 2018.

La société californienne, couvée à son démarrage par la CIA, a initialement développé son savoir-faire pour les agences de renseignement américaines. Elle est encore très active dans le contre-terrorisme. “Notre logiciel est utilisé pour cibler les terroristes et assurer la sécurité de nos soldats“, déclare Alexander Karp, cofondateur et patron de Palantir, dans la lettre de présentation de sa société.

Palantir s’est étendu aussi aux très grandes entreprises comme Airbus ou Sanofi.

En tant que spécialiste des données, elle fait régulièrement face à des “défis éthiques”, admet le dirigeant. Mais pour prouver la différence de Palantir, il décoche quelques coups contre ses voisins, les géants Facebook et Google, sans les nommer: “Nous avons toujours refusé les opportunités de vendre ou récolter des données”, dit-il. “D’autres (…) ont construit leur modèle économique en faisant exactement ça”.

Notre entreprise a été fondée dans la Silicon Valley. Mais il semble que nous partagions de moins en moins les valeurs du secteur des technologies“, assène-t-il encore. Il regrette que “notre société ait délocalisé la fabrication des logiciels qui rendent notre monde possible à un petit groupe d’ingénieurs dans un coin isolé du pays”.

Son cofondateur, le milliardaire Peter Thiel, a bâti sa richesse grâce à la société de paiements en ligne PayPal. Il a aussi été l’un des premiers investisseurs dans Facebook et est connu pour son soutien affiché à Donald Trump en 2016, une affiliation rare dans la tech et dans la région de San Francisco.

L’entrée en Bourse de Palantir était attendue depuis longtemps. Ce pourrait être l’une des plus grosses introductions depuis Uber, Palantir ayant été évalué à plus de 20 milliards de dollars, d’après la presse américaine. Elle a choisi la cotation directe, une méthode qui ne permet pas de lever des fonds. Le géant du streaming Spotify avait lancé cette tendance en 2018, suivi par Slack en 2019.

Comme d’autres licornes, Palantir n’est toujours pas rentable. Mais elle semble avoir un peu réduit ses pertes récemment : elles étaient de 165 millions de dollars au premier semestre 2020, contre 280 millions en 2019 à la même période.

En parallèle, pour la même période, son chiffre d’affaires a bondi de 50%, à 481 millions de dollars.

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