Nos entreprises phares ont “investi” 2 millions d’euros en lobbying

/ © Reuters

Les groupes en relation avec les institutions européennes ont depuis peu l’obligation de déclarer leurs activités de lobbying. Il en ressort qu’en 2014, les sociétés cotées au sein du Bel 20 auraient déboursé quelque 2 millions d’euros. Le chimiste Solvay couvre à lui seul 57% de ces dépenses.

Depuis décembre dernier, les “représentants d’intérêts” qui souhaitent rencontrer les commissaires, cabinettards et autres décideurs européens ont l’obligation de remplir une sorte de déclaration de lobbying. Les entreprises, les ONG, les émissaires de communautés religieuses, les mandataires publics, tout ce petit monde gravitant autour des institutions doit idéalement se rompre à cette formalité.

Depuis le début de cette année, les lobbyistes doivent même détailler les ressources humaines investies dans des comités d’experts ou travaux législatifs en cours. Sans oublier les coûts estimés de ces activités d’influence.

On peut naturellement s’interroger sur l’exactitude de ces données, en relevant notamment l’écart entre les déclarations de multinationales et celles de boîtes de consultance sous-traitées par ces mêmes multinationales. Cela étant, cela donne déjà quelques indications utiles.

À ce jour, cette base de données compte 7.003 enregistrements (le nombre s’actualise au fur et à mesure des enregistrements). Il s’agit essentiellement de groupements professionnels commerciaux ou industriels (27%), d’organisations non gouvernementales, plates-formes, réseaux et assimilés (25%), et de sociétés privées (16%).

Moins de 9.999 euros !

Après avoir rapidement parcouru le registre à la recherche des sociétés cotées au sein de l’indice bruxellois, on peut d’emblée constater que seule la moitié de ces entreprises sont inscrites. La dernière en date étant le groupe pharmaceutique UCB.

Mention spéciale pour Telenet : le câblo-opérateur flamand est inclus dans le coût estimé par sa maison mère, le groupe américain Liberty Global. En revanche, aucune entrée aux noms des distributeurs Delhaize ou Colruyt, du holding d’Albert Frère (GBL), du groupe de services automobiles D’Ieteren, pour ne citer que ces exemples.

En tout, les sociétés belges enregistrées ont déboursé entre 2,2 et 2,9 millions d’euros en lobbying européen. Solvay en assume la majeure partie, entre 1,25 et 1,49 million d’euros. Tandis que le géant de l’énergie GDF Suez (récemment rebaptisé Engie) déclare moins de 9.999 euros.

17 équivalents temps plein

GDF, du haut de ses 152.900 collaborateurs dans le monde et de son chiffre d’affaires en 2014 de plus de 74 milliards d’euros, dépenserait en lobbying moins que le bonus accordé par le gouvernement français pour l’achat d’une voiture électrique. Alors que l’énergéticien précise qu’il demande à 4 employés de gérer toutes ces “activités spécifiques couvertes par le registre”.

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Entendez par là le “suivi” des principaux dossiers législatifs, initiatives ou politiques de l’Europe, les relations publiques et les activités de communication, la participation à des comités consultatifs, groupes d’experts, et autres forums industriels. Pour seulement dix de nos sociétés cotées, toutes ces activités mobilisent plus de 35 personnes ou 17 équivalents temps plein. Alors imaginez à l’échelle des 7.000 groupes d’influence ce que cela peut représenter comme charge de travail et montants alloués.

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