Mithra Pharmaceuticals dégraisse

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Alors que François Fornieri, CEO de Mithra Pharmaceuticals, vient d’annoncer son intention de construire une usine de production de pilules contraceptives à Bierset avec, à la clé, la création à terme de 500 emplois, on vient d’apprendre que la société liégeoise avait réduit quasiment de moitié son équipe de délégués commerciaux. Explications.

Mithra Pharmaceuticals, société pharmaceutique liégeoise spécialisée dans la santé féminine, vient de licencier douze délégués commerciaux en Belgique, soit la moitié de son équipe de vente, a-t-on appris mercredi.

“La direction nous a convoqués lundi dans un hôtel de Nivelles Sud pour nous signifier notre C4 en justifiant cette restructuration par une diminution des ventes de pilules contraceptives sur le marché”, nous ont expliqué les personnes licenciées. Parmi celles-ci, dix avaient été engagées il y a moins de six mois. “J’ai été débauchée par Mithra Pharmaceuticals en automne dernier au moment où la société était en pleine expansion et avait plusieurs lancements de produits planifiés, précise l’une d’entre elles. Il y a quelques mois, j’avais dû signer un avenant à mon contrat qui réduisait le nombre de jours de congés sous peine d’être mise à la porte.”

Pourquoi une telle restructuration ? “Nous avons renforcé nos équipes de vente en vue du lancement de deux nouvelles pilules contraceptives (Helen et Annabelle), justifie François Fornieri, patron de Mithra, élu Manager de l’Année 2011 par Trends-Tendances. Beaucoup de sociétés pharmaceutiques ont licencié en masse ces derniers mois, cela ouvrait donc des opportunités d’engager des délégués spécialisés en gynécologie, ce qui n’est pas évident à trouver sur le marché.”

La société liégeoise a donc dédoublé ses équipes mais, poursuit son CEO, “pour vendre des produits génériques comme elle le fait, fonctionner avec une force de vente de 25 personnes n’est pas viable économiquement pour Mithra. Une douzaine de délégués suffit. Chaque année, nous observons une forte rotation de notre personnel commercial. Nous avons choisi de ne garder que les délégués les plus performants. C’est ma manière de fonctionner. La société est performante car notre management est rigoureux.”

Concurrence des génériques

Si l’entreprise a ainsi renforcé temporairement son marketing, reconnaît François Fornieri, c’est aussi parce qu’elle est confrontée à l’arrivée de nouveaux concurrents sur le marché des pilules génériques, jusqu’à présent sa chasse gardée. “Depuis mars, le marché a chuté de 10 % car les nouveaux arrivants ont inondé les médecins d’échantillons”, observe-t-il. Malgré cela, affirme-t-il, “Mithra a progressé de 19 %, étant le seul laboratoire à progresser dans son créneau en Belgique”.

Selon les personnes licenciées, Mithra travaillerait actuellement avec une société spécialisée dans la “location” de délégués médicaux pour soutenir le lancement de ses nouveaux produits. Une manière de réduire ses coûts pour maintenir ses marges ?

Par ailleurs, a-t-on également appris, les résultats 2011 de la société, qui viennent d’être validés par le conseil d’administration, sont conformes aux prévisions : un chiffre d’affaires de 17,14 millions d’euros (14,26 millions en 2010) pour un bénéfice net de 2,5 millions.

Mithra affiche toujours autant d’ambition. François Fornieri est actuellement à la recherche d’un terrain de 20 hectares en terres liégeoises pour y construire une usine de production pour la pilule Estelle, potentiel blockbuster, ainsi que les autres pilules de sa gamme actuellement produites en France, en Espagne et en Allemagne. La nouvelle usine serait opérationnelle à l’horizon 2015 et créerait à terme quelque 500 emplois. “Je veux rapatrier la production à Liège afin de maîtriser toute la chaîne”, précise François Fornieri.

Sandrine Vandendooren

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