Mission économique aux Etats-Unis: la délégation belge de retour au pays

La visite du centre de protonthérapie élaboré avec la néo-louvaniste IBA. © Belgaimage

La délégation belge en mission économique sur la côte est des États-Unis a atterri dimanche à Bruxelles après une semaine intense de visites, conférences, tractations et autres moments de réseautage afin de tâter le terrain de la première économie mondiale ou de renforcer des liens belgo-américains déjà bien établis.

Pas moins de 541 entrepreneuses et chefs d’entreprises, représentants académiques et de fédérations sectorielles ont pris part à cette mission au pays de l’Oncle Sam, la deuxième en importance après la Chine en novembre 2019 et la plus grande jamais organisée Outre-Atlantique. Elle était orchestrée par l’Agence pour le commerce extérieur, le SPF Affaires étrangères et les agences régionales de commerce extérieur (Awex pour la Wallonie, hub.brussels pour la capitale et FIT pour la Flandre).

À sa tête, la princesse Astrid a participé à de nombreuses activités, dans des secteurs aussi variés que les sciences de la vie, les énergies renouvelables, la gastronomie ou encore les jeux vidéo. Elle était accompagnée du ministre fédéral David Clarinval, chargé du Commerce extérieur – remplaçant Sophie Wilmès, mise en congé de son poste des Affaires étrangères -, le ministre wallon de l’Économie et du Commerce extérieur Willy Borsus, le ministre-président flamand Jan Jambon et le secrétaire d’État bruxellois au Commerce extérieur Pascal Smet.

Tous ont souligné la qualité des relations entre les différentes autorités présentes, “ce qui n’est pas toujours évident en politique” a remarqué samedi Pascal Smet lors d’une entrevue avec les journalistes. Les quatre ministres et secrétaire d’État ont également profité de ce point presse pour remercier la princesse Astrid, dont c’était la 17e mission économique, pour son investissement “sincère et profond”, selon les termes de M. Clarinval.

17e mission économique de la princesse Astrid

Première escale de ce périple en Amérique, Atlanta a offert de belles opportunités à la plus grande délégation officielle reçue depuis les Jeux Olympiques de 1996. L’État du sud-est américain accueille une soixantaine d’entreprises belges, soit la concentration la plus élevée du pays. Le commerce total de la Géorgie avec la Belgique s’élevait à 3,2 milliards de dollars en 2021, soit une croissance de 29% par rapport à 2020. Le commerce total avec la Belgique a augmenté de 157% depuis 2017, selon des chiffres des Affaires étrangères.

Parmi ces entreprises bien implantées, le groupe biopharmaceutique UCB – qui emploie près de 2.000 personnes aux États-Unis sur ses sites d’Atlanta, à Cambridge dans le Massachusetts et en Caroline du Nord – a ouvert de nouveaux bureaux à Smyrna, tout près de la capitale de Géorgie, tandis que Solvay a inauguré à Alpharetta un laboratoire d’innovations flambant neuf.

La ville natale de Martin Luther King fut également l’occasion pour les Affaires étrangères belges d’aborder la question des droits humains, comme à l’accoutumée dans ce genre de mission. Cette fois, ce sont la diversité, l’équité et l’inclusion qui ont fait l’objet d’une table ronde, après l’émergence aux États-Unis de grandes manifestations antiracistes liées au mouvement Black Lives Matter. La CEO de Solvay Ilham Kadri, née à Casablanca et éduquée par une mère et une grand-mère illettrées, a souligné l’importance de l’éducation dans une société qui ne lui offrait, au départ, que “deux sorties dans la vie: passer du logis parental au foyer matrimonial, ou la tombe”. “Je n’avais pas prévu de me retrouver à la tête d’une entreprise, mais j’avais l’ambition de progresser. Si vos rêves ne vous font pas peur, c’est qu’ils ne sont pas assez grands“, a-t-elle lancé ensuite à l’assistance venue s’inspirer de modèles féminins en entreprenariat.

Direction New York

La délégation belge a quitté mardi le berceau des droits civiques pour débarquer à New York, comme la trentaine de familles wallonnes il y a quatre siècles qui donnèrent leur nom à la baie de Wallabout, à Brooklyn, où elles s’installèrent à leur arrivée dans le Nouveau monde. Une Grosse pomme que les hommes et femmes d’affaires ont croqué à pleines dents. Au menu, de la gastronomie notamment, avec de gros poissons comme AB InBev (dont les ventes de Stella ont augmenté de 10% en trois ans sur un marché américain de 325 millions de personnes) et de plus petits comme la brasserie de l’abbaye de Val-Dieu, qui a signé une demi-douzaine de contrats sur toute la mission. Les États-Unis restent de loin la première destination d’exportation lointaine pour l’industrie alimentaire belge, représentant un chiffre d’affaires de 700 millions d’euros, note la fédération sectorielle Fevia. Les exportations de produits alimentaires et de boissons belges vers les “States” sont ainsi passées de 459 millions d’euros en 2014 à 764 millions en 2019, soit une hausse de 66% en cinq ans.

Bruxelles s’est également démarquée entre les gratte-ciel new-yorkais pour sa politique économique inspirante en vue de construire une ville plus verte et résiliente face aux chamboulements climatiques. Après la capitale, la princesse s’est ensuite rendue aux Nations unies pour apporter son soutien au port d’Anvers et à Liège Airport, qui offrent une vitrine belge commune pour le support logistique à des programmes humanitaires de l’Unicef, du Programme alimentaire mondial (PAM) ou encore au système Covax, mis en place au début de la pandémie de coronavirus pour tenter de garantir un accès équitable aux vaccins de par le monde. Si les flux humanitaires de l’Onu ne “représentent que 1%” des activités de l’aéroport liégeois, “cela donne un sens à notre métier, motive les troupes…et constitue un outil prestigieux en termes d’image”, relève le CEO Laurent Jossart.

Boston, la progressiste

Dernière étape de ce séjour au pas de course: la progressiste Boston. Solutions innovantes et environnement créatif forment le sceau de la ville. La délégation belge s’y est concentrée sur le volet académique de la mission et les relations entre les prestigieuses universités locales comme le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et Harvard. Le professeur de la KU Leuven et scientifique de renom Peter Carmeliet a ainsi été honoré vendredi par l’American Academy of Arts & Sciences, qui l’a récemment admis dans son cénacle.

De son côté, la princesse Astrid s’est entretenue avec le gouverneur du Massachusetts, Charlie Baker, et la maire de la ville, Michelle Wu. Elle a par ailleurs retrouvé le premier au Greentown Labs, un des plus importants incubateurs de technologies en Amérique du Nord. L’entreprise belge DEME, spécialisée dans l’éolien en mer, y échangeait avec son homologue américaine Vinyard Wind.

Alors que les Celtics affrontaient à domicile les Warriors de San Francisco dans un match de basket au sommet et une ambiance électrique (mais déçue) dans les rues, le dernier jour des activités belges a quant à lui été dédié aux sciences de la vie, avec notamment la visite du centre de protonthérapie élaboré avec la néo-louvaniste IBA. Le vendredi a aussi fourni sa récolte de contrats, dont un accord de licence non exclusif entre le groupe montois I-care, qui offre des solutions dans le domaine de la santé des équipements industriels, et le MIT pour un groupe de brevets du prestigieux institut. La société de biotechnologie liégeoise Kaneka Eurogentec a pour sa part rejoint le consortium de fabrication mis en place par le groupe pharmaceutique Inovio pour la production de l’INO-4800, un des candidats vaccins à ADN contre le Covid-19.

Pas de doute, la moisson américaine fut bonne.

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