Michel Moortgat: “Pas de goût amer pour les actionnaires de Duvel”

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Duvel-Moortgat se retire de la Bourse de Bruxelles. Les actionnaires familiaux de Duvel veulent en effet le contrôle total de l’entreprise. Michel Moortgat, administrateur délégué de l’entreprise de bières, nous explique les raisons de cette décision.

Fibemi, le holding des frères Bernard, Michel et Philippe Moortgat (64% des actions) et leur nièce Veerle Baert (10,2%) veulent retirer Duvel-Moortgat de la Bourse de Bruxelles. “Il y a trois raisons à cette décision”, déclare Michel Moortgat, sacré en 2010 “Manager de l’Année” par nos confrères flamands du Trends. “Premièrement, nous traversons des temps incertains. A court-terme, je ne vois pas de changements. Nous vivons déjà depuis 4 ans une période de récession. Deuxièmement, les prix des matières premières sont volatiles dans ce monde globalisé. La demande croissante venant de Chine ou d’Inde a aujourd’hui une influence sur ces prix. Ce n’était pas le cas il y a 15 ans d’ici. Troisièmement, à cause de l’export croissant, les cours de Bourse pèsent continuellement, de plus en plus, sur nos résultats. A court-terme, je pense que nous ne pourrions plus obtenir de si bons résultats.” L’administrateur délégué souligne également les exigences administratives d’une cotation en bourse, pour justifier la décision des actionnaires familiaux. Duvel Moortgat souhaite désormais investir dans “des marchés moins matures” comme la Chine, a-t-il ajouté. “Peut-être devons-nous y renforcer notre position.” Les fruits d’une telle stratégie, incompatible avec les attentes à court terme de la bourse, ne seraient cueillis qu’à long terme, selon Michel Moortgat, cité par l’agence Belga.

95 euros, le cours d’action le plus haut

Pourtant, juste avant que l’entreprise n’annonce son retrait de la Bourse, l’action atteignait 95 euros, son plus haut niveau jamais atteint. “Notre cours de bourse est en décalage avec nos résultats d’entreprise en légère baisse lors de ce dernier semestre”, nuance le CEO. “Mais avec 95 euros, nous offrons un prix qui ne rend personne perdant. Pour nous, évidemment, une offre de rachat à un prix plus bas aurait été une meilleure affaire. Mais c’est une bonne chose qu’aucun des actionnaires ne vende à perte. En tant qu’entreprise de consommateur, nous trouvons qu’il est très important qu’aucun investisseur ne garde un goût amer de l’action Duvel.”

Prêts bancaires

23 % des actions Duvel-Moortgat circulent encore en Bourse. L’achat revient donc à 119 millions d’euros. A côté de ça, la famille achète aussi les parts de la famille Sioen et du management. L’entreprise disposait en juin 2012 de 33 millions d’euros en placements et en liquide. “Nous finançons la reprise grâce à des prêts bancaires”, précise Michel Moortgat. “Nous avons les garanties des banques pour le montant total de la reprise”, ajoute-t-il. Les prêts seront acquittés avec les résultats d’exploitation de l’entreprise. Michel Moortgat restera administrateur délégué. En novembre, les documents concernant le rachat seront soumis à la FSMA, l’autorité des marchés financiers. L’offre formelle devrait donc suivre en décembre.

Wolfgang Riepl (traduction Ca.L)

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