Mia Zia veut faire bouger les lignes

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La marque de prêt-à porter fête cette année ses 20 ans d’existence. Une année charnière pour l’entreprise qui entend doper sa stratégie digitale, relancer le marché en Flandre, consolider certains partenaires à l’étranger et proposer prochainement une ligne de vêtements différente de ce qui a été fait jusqu’ici. Avec, à la clé, la conquête de nouveaux investisseurs, via notamment le ” crowdfunding “.

A la conquête d’un renouveau ! ” Une sorte de second souffle, oui ! “, sourit la cofondatrice Nathalie Piquin, qui se prépare à progressivement être seule à la barre de Mia Zia. ” Nous avons en effet changé récemment de structure et mis en place un nouveau business model. Nous devons évidemment nous adapter à l’évolution du marché et notamment mettre en place une toute nouvelle stratégie digitale “. Nouveau site web bientôt et e-shop sont deux des pierres angulaires de ce redéploiement.

” Malgré nos 20 ans d’existence, nous avons une culture d’entreprise qui est proche de la start-up. Notre équipe est petite et nous devons utiliser les mêmes stratégies que ces nouvelles entreprises plus technologiques. Le crowdfunding fait partie maintenant des outils à notre disposition pour attirer de nouveaux investisseurs. Les prêteurs traditionnels sont un peu méfiants quand vous êtes une PME et quand on parle du marché du textile artisanal. Nous devons donc être créatifs et chercher d’autres voies “.

Mia Zia veut faire bouger les lignes
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Mia Zia fait donc partie de ce club restreint des marques belges du prêt-à-porter féminin qui a traversé les âges pour proposer sur le marché une identité forte et reconnaissable au premier coup d’oeil. Rayures, qualité de la maille, pompons et couleurs sont depuis 1997 les fondamentaux de cette identité. Dans un marché du prêt-à-porter très concurrentiel avec la présence de grandes enseignes orientées grand public, dont la fabrication est principalement asiatique, il est parfois difficile de réussir ce pari d’allier la qualité à un volume de ventes important. ” C’est toujours le choix entre une pièce que vous allez garder plusieurs années ou bien quelque chose qui va rapidement perdre sa qualité. Depuis toujours, nous veillons à ce que nos produits soient reconnus pour leur longévité. ”

Réussir le ” crowdfunding ”

La demande de fonds sur la plateforme MyMicroInvest porte sur un objectif de 50.000 euros et sera en grande partie consacrée aux investissements digitaux. Avec cette question : comment cette recherche d’investisseurs est perçue auprès des clients et des partenaires de la marque ? ” Nous n’avons reçu aucun commentaire négatif jusqu’ici. La plateforme nous impose une transparence totale sur nos chiffres. Cela ne nous pose aucun problème. Notre situation financière est tout à fait rassurante. Ce que nous voulons maintenant, c’est donner un coup d’accélérateur à nos ventes. Avec notamment le marché flamand comme priorité. Nous venons d’engager une personne pour cette mission “, poursuit Nathalie Piquin. A côté de la levée de fonds en crowdfunding proprement dit, MyMicroInvest impose la présence ensuite d’un coinvestisseur pour disposer de l’argent. ” Nous avons déjà un ou deux noms, pas forcément dans le textile “, avance-t-on du côté de Mia Zia.

Ne pas déroger à l’artisanal

MyMicroInvest nous impose une transparence totale sur nos chiffres. Cela ne nous pose aucun problème. Notre situation financière est tout à fait rassurante. Ce que nous voulons maintenant, c’est donner un coup d’accélérateur à nos ventes.”

L’ADN de cette marque repose donc sur la qualité et la longévité du produit. ” Nous sommes sur un marché de niche, qui se distingue de la fast fashion. Nous pouvons essayer de diminuer légèrement le prix de nos produits mais la marge est faible puisque nous voulons garder cette marque de fabrique artisanale. Notre fil est italien et la confection se fait toujours dans des entreprises familiales au Portugal, au Maroc, en Inde et au Népal. Nous sommes très attentifs aux conditions de production. Nous avons des contacts très réguliers avec les usines de fabrication. Grâce à cette qualité, nous sommes parvenus à avoir une clientèle – les femmes pour l’ensemble de la ligne de prêt-à-porter et les hommes pour les écharpes et les chaussettes – très fidèle. Notre objectif maintenant est de proposer une partie de la collection qui s’éloigne un peu des rayures pour toucher de nouvelles personnes.

Cela fait trois saisons que nous travaillons avec une styliste flamande qui apporte une touche d’audace. Nous devons rester dans la tradition des rayures mais nous renouveler légèrement. ” Oser s’ouvrir à un autre style donc et proposer peut-être certains produits à un prix plus abordable pour toucher une nouvelle clientèle. ” C’est une transition qui va se faire progressivement. Nous sommes très attachés à notre style et cela fait quelque temps déjà que nous allons vers un rajeunissement en douceur de notre offre. ”

Continuer à privilégier le B to C

Nathalie Poquin, cofondatrice de Mia Zia.
Nathalie Poquin, cofondatrice de Mia Zia. “Nous pouvons vendre trois fois plus en Belgique, notamment en relançant le marché flamand qui est une de nos priorités.”© PG

Les investissements B to C resteront la priorité avec un objectif d’augmentation du chiffre d’affaires annuel de 20 %. Pour l’heure, Mia Zia dispose d’une quarantaine de points de vente en Belgique et le double si l’on compte la couverture mondiale, avec une belle présence en France et en Suisse. ” Nous n’allons en effet pas changer radicalement de stratégie et l’objectif est de consolider le réseau B to C. Nous croyons également vraiment au concept de pop-up store éphémère. Nous essayons pour ces ventes temporaires de choisir des périodes de l’année qui fonctionnent bien. Novembre, décembre et janvier par exemple sont d’excellents mois. Nous disposons pour l’instant d’un pop-up store à Stockel, à Bruxelles, qui est un laboratoire pour nous. C’est un très bel espace et nos ventes y rencontrent un grand succès. Et notamment en ce qui concerne nos chaussettes , sourit Nathalie Piquin. ” Cela reste un produit phare pour nous. Elles ont un succès énorme. ”

Relancer le marché flamand

L’espoir de doper les ventes en Belgique dans ce nouvel élan recherché semble réaliste. ” Absolument, confirme Nathalie Piquin. Nous pouvons vendre trois fois plus en Belgique. Nous recherchons activement de nouveaux agents pour le marché français. C’est très difficile de trouver les personnes qui semblent sur mesure pour nous avec une bonne compréhension de la marque. Nous avons par contre trouvé la personne qu’il nous fallait pour la Flandre. Nous avons une belle histoire par le passé avec le marché flamand qu’il faut faire revivre. Notamment avec les nouvelles collections à venir et le travail réalisé par notre nouvelle styliste. ” Quid des autres villes, wallonnes par exemple ? ” Liège fonctionne très bien notamment. Namur, par contre, est une ville qui est plus difficile pour nous. ”

Autre virage stratégique : rendre visible la marque sur les salons de décoration plutôt que sur ceux de la mode. ” Notre présence aux trois dernières éditions parisiennes du Who’s Next n’a pas été suffisamment concluante. Nous serons présents cette année à Maison & Objet Paris, pour essayer de renouer avec une certaine clientèle française et parce que ce salon regroupe davantage de partenaires potentiels internationaux. Aux côtés de la décoration, il y a dans ces salons une partie textile qui est intéressante pour nous. ”

Pour ce qui est de l’international, Mia Zia souhaite également poursuivre son histoire particulière avec le Japon. ” Nous avons en effet une très belle présence depuis des années dans ce pays. Nous avons connu un ralentissement important à cause notamment de la dévaluation de la monnaie mais il y a un amour japonais pour notre marque qui est assez unique. ”

Par Fabrice Lambert.

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