Marc Huybrechts: le moteur de course de Distriplus

Ancien COO de Dexia, Marc Huybrechts s’emploie depuis six mois à réorganiser et rentabiliser Distriplus, la filiale commune à la CNP et AvH qui chapeaute les enseignes Club, Di et Planet Parfum. Portrait d’un “manager de changement” débordant d’énergie et bien vu dans les magasins.

Qu’ont en commun Di, Planet Parfum et Club ? Pas grand-chose à première vue. En réalité, les trois chaînes de magasins font partie de Distriplus. Cette société a été créée, en 2007, par la CNP (Compagnie nationale à portefeuille) et AvH (Ackermans & van Haaren). Objectif : constituer un petit groupe de distribution spécialisée profitable. Mais l’intégration s’est révélée plus complexe que prévu en raison, notamment, de la restructuration de Di et des réorganisations au niveau de la direction des trois enseignes. Résultat : Distriplus ne délivre toujours pas de résultats en ligne avec les attentes de ses actionnaires. Il fallait donc du changement. Il est arrivé avec l’engagement de Marc Huybrechts (47 ans), en novembre dernier, au poste de COO ( chief operating officer). “Ma mission consistait à accélérer l’intégration des trois enseignes au niveau de la logistique et de l’informatique et à épauler le CEO Guy Cloquet (Ndlr : le fils du fondateur de Planet Parfum, anciennement les parfumeries Cloquet)”, explique l’intéressé. En février, il a hérité d’une tâche supplémentaire : la direction de Di. Et un mois plus tard, c’est carrément les commandes de Distriplus que lui ont confiées les actionnaires après le départ de Guy Cloquet.

Il s’est occupé d’intégration chez Fortis et Dexia

“J’ai vécu trois mois assez intenses à travailler 15 heures par jour et six jours par semaine”, se souvient ce quadra très sportif qui déborde d’énergie. “La force et la vitesse de travail de Marc sont impressionnantes, observe Bruno Machiels, consultant partenaire chez Empact, qui travaille régulièrement avec lui. Il est capable d’assumer plusieurs tâches en même temps. Il a toujours cumulé plusieurs fonctions.” Déjà à l’université, Marc Huybrechts ne s’est pas contenté d’un seul diplôme : il a cumulé le droit avec une licence en sciences économiques avant de partir suivre un MBA à l’université de Chicago.

Originaire de Tervuren, l’homme est parfaitement bilingue. Marié et père de quatre enfants, il se définit comme un “manager de changement”. Comprenez : Marc Huybrechts n’en est pas à sa première intégration. C’est lui qui s’est notamment chargé de la fusion entre la Générale de Banque et la CGER, avec un certain Karel De Boeck, l’ancien CEO de Fortis Holding. Ce n’est toutefois pas dans le monde bancaire que Marc Huybrechts a démarré sa carrière.

“J’ai commencé à travailler comme consultant chez Mc Kinsey, dans les bureaux de Bruxelles et de Sydney, en Australie”, explique-t-il. Ses spécialités : les services financiers et la distribution. En 1995, il rejoint la Générale de Banque comme responsable du marketing des points de vente et des canaux alternatifs (Selfbank, Phone Banking et PC Banking). Il participe ensuite à l’élaboration du modèle organisationnel de ce qui va devenir Fortis Banque et s’occupe de la fusion des agences de la G-Banque et de la CGER. En 2003, il est recruté chez Dexia, par Axel Miller. D’abord pour devenir COO et responsable des ressources humaines de Dexia Insurance. Là encore, c’est de fusion (avec les AP, issues de l’ancienne Bacob) qu’il s’occupe. En 2006, quand Axel Miller est promu CEO du groupe financier franco-belge, Marc Huybrechts monte au comité de direction et devient COO pour l’ensemble du groupe Dexia. Il survit à la crise financière de l’automne 2008 et au limogeage d’Axel Miller. Mais en novembre 2009, il quitte la banque pour entrer chez Distriplus. “Mon départ n’était pas uniquement lié à la crise mais à 46 ans, je voulais faire autre chose. J’ai été contacté par les actionnaires de Distriplus. C’était une opportunité de revenir à un de mes dadas : la distribution.”

Bon animateur et à l’écoute de ses équipes

Depuis son arrivée, il s’est fixé deux priorités : “Préserver l’identité et la spécificité de chaque enseigne tout en mettant en place des fonctions transversales au niveau de l’informatique, des ressources humaines et de la logistique pour les trois sociétés.” Pour l’épauler dans sa mission, Marc Huybrechts s’est entouré de spécialistes de la distribution. A côté de Maud Leschevin (ex-directrice marketing de Carrefour Belgium), qui avait repris la direction de Club en janvier déjà, on trouve, depuis cet été, Philippe Crepin (ancien directeur commercial d’Intermarché) à la tête de Di et Claudine Lachman (ex-Omega Pharma et Carrefour) aux manettes de Planet Parfum. “Marc est un moteur, commente Maud Leschevin, il déploie une énergie impressionnante pour faire avancer les choses et mobiliser les équipes.” “L’un de mes défis, reconnaît le nouveau patron, consiste à redonner confiance au personnel, en particulier celui de la chaîne Di, qui a été confronté à des incertitudes suite aux fermetures de magasins et qui a accepté des diminutions salariales. Je suis impressionné par la motivation et le professionnalisme des équipes dans nos points de vente !”

“Marc a un réel charisme et une énergie positive”, observe un ancien de ses collègues. Ancien scout, il est bon animateur. “Il est tenace et fait ce qu’il dit.” “Il est correct et honnête, complète Bruno Machiels. Il a, par ailleurs, beaucoup de respect pour tous ses collaborateurs.” “L’arrivée de Marc Huybrechts est un pas dans la bonne direction, abonde Stéphanie Pollart, déléguée de la CNE chez Di. Nous avons senti une réelle différence avec lui. Son prédécesseur Guy Cloquet ne laissait aucune initiative aux gérants de magasin. Marc Huybrechts a réécouté le personnel et insufflé une nouvelle dynamique commerciale. Cela dit, il n’est en place que depuis six mois. On verra donc avec le temps car ce n’est pas encore gagné pour Di. Il faut redresser deux ans de résultats négatifs !”

Après la réorganisation, place à la relance commerciale

“Club, Di et Planet Parfum capitalisent sur la proximité, analyse Marc Huybrechts. Les trois enseignes sont situées dans des lieux de forte fréquentation. Elles se caractérisent par une offre assez large orientée sur le plaisir et le bien-être et par la notion de service. C’est pour cela que l’on a revitalisé le programme de formation pour l’ensemble du personnel (Ndlr : 1.000 collaborateurs) via des cours communs en techniques de vente.” La logistique des trois enseignes a, également, été regroupée sur un même site, à Anderlecht. “Nous n’avons plus qu’une seule équipe logistique et qu’un seul transporteur qui livre les trois enseignes.” Le groupe a aussi développé un même système informatisé de gestion de stocks pour les trois marques et fait réaliser une étude géomarketing qui peut servir aussi bien à Club et Di qu’à Planet Parfum. Ces investissements portent déjà leurs fruits puisque “les coûts ont déjà été réduits cette année de plus de 10 %”, précise Marc Huybrechts.

La course aux résultats

Esprit pragmatique, le patron peut aussi se révéler créatif. “Lors de l’expulsion du Planet Parfum à Fort Jaco, illustre Maud Leschevin, Marc a réuni tout le monde autour de la table pour trouver une solution rapide afin de ne pas perdre de clients. Un mois et demi plus tard, la parfumerie rouvrait au premier étage du Club de Fort Jaco. Il a d’ailleurs mis la main à la pâte !” Marc Huybrechts préfère, en effet, être sur le terrain que dans des cocktails mondains. Il n’est pas rare de le croiser, entre les matchs de foot de ses enfants le samedi matin, dans un point de vente Club, Di ou Planet Parfum. L’homme, qui court “entre trois et cinq fois par semaine en écoutant de la musique rock”, s’est aussi lancé, à la barre de Distriplus, dans une course aux performances. “Nous devons améliorer nos résultats dès cette année !”, souligne-t-il. C’est pas mal parti. “Depuis le printemps, détaille Marc Huybrechts, les ventes de Di ont renoué avec la croissance. Idem pour Club, qui, depuis la sortie, fin juillet, d’un catalogue publicitaire et l’opération Barbapapa (lire “Trends-Tendances” du 19 août), enregistre une croissance de près de 15 %.” Ouf ! Car la patience des actionnaires a des limites…

Sandrine Vandendooren

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