Manque de sommeil: comment le résoudre au sein même de l’entreprise?
La fatigue, le sentiment qu’elle ne disparaîtra jamais, la sensation perpétuelle de somnolence chez les personnes qui souffrent d’un manque de sommeil. Voilà l’un des maux les plus répandus de ce siècle. Il est dès lors important d’y attacher de l’importance, sous toutes les formes possibles et imaginables. Les employeurs, eux aussi, peuvent jouer un rôle important. Après tout, il vaut beaucoup mieux pour le bon fonctionnement de la société d’avoir des collaborateurs en forme. Mais comment l’environnement de travail peut-il contribuer à la solution?
Une mauvaise nuit peut avoir des conséquences fâcheuses. Depuis l’humeur maussade en début de journée jusqu’à cette matinée entière qui se traîne, au grand dam de la productivité… Mais ce ne sont là que quelques petits problèmes par comparaison avec ceux que subissent ceux et celles qui souffrent d’un manque chronique de sommeil. La santé peut en être sérieusement affectée tandis que la qualité de vie de cette personne décline.
Au travail également, un profond manque de sommeil peut avoir certaines conséquences. Les collaborateurs sont plus fréquemment absents pour cause de maladie, ils sont sujets à de sérieuses fautes professionnelles, voire même à des incidents et accidents sur le lieu de travail. Ils souffrent de ce qu’on appelle le “présentéisme”: ils sont présents sans contribuer de manière significative à la productivité.
De manière regrettable, le manque de sommeil est un phénomène qui est encore souvent négligé dans notre société axée sur les résultats. Et pourtant s’y attaquer pourrait se traduire par de meilleurs résultats. C’est là un domaine dans lequel l’environnement de travail peut jouer un rôle crucial.
Les dettes qui s’accumulent à la banque du sommeil
Dans de nombreux cas, le problème de manque de sommeil trouve sa source auprès des collaborateurs eux-mêmes. Ces derniers rejettent alors souvent toute éventuelle immixtion de l’employeur. Dans ce cas, l’employeur doit oser prendre le taureau par les cornes.
On pourrait comparer cela à une “banque du sommeil”. Une sorte d’institution qui thésaurise vos heures de manque de sommeil sous forme de dette. Tôt ou tard, cette dette vous sera exigée. Il faut donc rattraper le manque de sommeil. Mais comment s’y prendre?
Des réunions de 50 minutes
Comment employeur et collaborateur peuvent-ils trouver, ensemble, des solutions au manque de sommeil et améliorer le schéma de sommeil? De multiples applications existent désormais qui vous permettent d’établir le diagnostic de votre sommeil et qui vous procurent des conseils pour une nuit plus longue et reposante. Mais c’est loin de suffire. A long terme, vous devez vous mettre en quête de solutions structurelles. Et elles commencent tout simplement pendant la journée, en ce compris donc sur le lieu de travail.
Gérer sa dette-sommeil est une activité de tous les instants.
Les employeurs devraient stimuler la sérénité de leurs collaborateurs en diminuant les facteurs de stress et de pression en tous genres. Un moyen très simple consiste par exemple à ramener les réunions d’une durée d’une heure à 50 minutes. Cela permet aux participants de disposer de dix minutes pour assimiler les informations fournies pendant la réunion et de se vider un peu la tête avant de s’attaquer à la tâche suivante.
Il est très important que les collaborateurs s’en retournent chez eux sans emporter une quelconque préoccupation afin de pouvoir profiter d’un réel repos le soir venu. Pour ce faire, vous pouvez prendre des initiatives concrètes en matière de déconnexion. Qu’attend-on de vous lorsque vous êtes chez vous?
Il ne s’agit pas uniquement de protéger les gens en édictant des règles concrètes, de telle sorte qu’ils ne reçoivent plus de mails le soir, mais il s’agit également d’entraîner les gens à eux-mêmes oser dire non le soir et à mettre littéralement et métaphoriquement le travail de côté.
Sieste énergisante
L’environnement de travail peut également promouvoir la sérénité des collaborateurs. Cela commence par l’aménagement physique et peut aller jusqu’à la possibilité de s’évader quelques instants de l’univers du travail. L’exemple le plus connu est le “power nap”. Des études ont démontré qu’une brève sieste pendant la journée contribue réellement à recharger ses batteries. L’idéal serait de faire une sieste de vingt minutes mais dix petites minutes suffiraient déjà pour que les collaborateurs finissent leur journée dans un état de fraîcheur sensiblement meilleur.
Des études ont démontré qu’une brève sieste pendant la journée contribue réellement à recharger ses batteries.
Ce genre de “sieste énergisante” est surtout efficace s’il se passe dans un espace isolé, une “chill room”. Un autre instrument utile est ce qu’on appelle un “ostrich pillow”, un coussin dans lequel vous pouvez enfuir votre tête à la manière d’une autruche afin de vous isoler du monde qui vous entoure. Cela peut paraître un peu fou mais le résultat est souvent aussi bon que si vous mettiez un espace isolé, spécialement aménagé à disposition.
Il existe encore bien d’autres choses que les employeurs peuvent prévoir sur le lieu de travail. Pensez par exemple à la possibilité pour les collaborateurs de bouger en compagnie de leurs collègues, de jouer de la musique, de faire quelque chose de totalement différent.
Journal du sommeil
L’environnement de travail peut donc jouer un grand rôle dans la lutte contre le manque de sommeil des collaborateurs mais des changements doivent bien entendu être également opérés en dehors des heures de travail. Modifier son style de vie peut ainsi largement contribuer à un meilleur repos nocturne. Aller se coucher une heure plus tôt, boire un peu moins d’alcool, limiter les heures passées devant un écran à la fin de la journée… Pour ce genre de choses, c’est l’individu lui-même qui est aux commandes. Et c’est là un chapitre qui est parfois sensible…
Dans de nombreux cas, le problème de manque de sommeil trouve sa source auprès des collaborateurs eux-mêmes.
Toutefois, la stimulation nécessaire peut venir des employeurs. De plus en plus, des programmes de coaching et de formation font leur apparition. Le fait de tenir un “journal du sommeil” en est un aspect. Il permet d’agir de manière précise, sur-mesure. C’est là une démarche beaucoup plus efficace que de nombreuses autres applications proposées via le smartphone. Cela permet non seulement de cerner les défis personnels mais, par ailleurs, la “dette-sommeil” devient un sujet dont on peut parler. De même que des dangers insidieux que suscite une dette-sommeil croissante.
Lorsque cela s’avère réellement nécessaire, un collaborateur peut être orienté vers une clinique du sommeil pour des examens approfondis. En effet, le sommeil n’est pas une science exacte et exige parfois des analyses et un accompagnement médical ciblés.
Gérer sa dette-sommeil est donc une activité de tous les instants. Etant donné que nous passons une bonne partie de la journée au travail, l’environnement professionnel devient un lieu déterminant pour inciter tout un chacun à adopter un style de vie plus sain et pour mettre en oeuvre de nouveaux préceptes de travail qui protègent les individus contre eux-mêmes. Un collaborateur frais et dispos vaut son pesant d’or pour l’entreprise.
Tim Vermeire, consultant principal en ressources humaines et bien-être chez Attentia
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