Luminus propose à nouveau des contrats fixes: sont-ils avantageux?
Le fournisseur d’énergie Luminus propose à nouveau des contrats d’énergie fixes depuis le 1er janvier. Selon le fournisseur, le marché s’est suffisamment stabilisé. Est-il préférable de souscrire un tel contrat fixe ou est-il plus judicieux de garder un contrat variable ? Trends Tendances fait le point.
En octobre dernier, le fournisseur Luminus avait supprimé les derniers contrats fixes encore disponibles sur le marché. L’entreprise les réintroduit à partir de janvier. Les prix de ces contrats ne sont pas encore connus.
Les prix de l’énergie se seraient suffisamment stabilisés pour proposer à nouveau des contrats fixes, selon le porte-parole de l’entreprise Nico De Bie cité par Het Nieuswblad. “Comme les prix ont baissé et que la demande de contrats fixes reste élevée, nous avons décidé de les proposer à nouveau. Cela reste risqué, mais le marché est déjà moins volatil, ce qui nous a permis de faire une évaluation.”
Les fournisseurs ont abandonné tour à tour les contrats fixes en cours d’année, le risque étant devenu trop élevé. Le prix qu’ils recevaient pour le gaz et l’électricité ne correspondait en effet plus au prix qu’ils devaient payer eux-mêmes. Les fournisseurs qui ne produisaient pas leur propre énergie ont été particulièrement touchés. Ils devaient souvent acheter l’énergie à des prix élevés en raison de la forte fluctuation des prix, mais la proposer ensuite à leurs clients à un tarif fixe moins cher. De plus petits acteurs, tels Watz, Energy2Business et AECO, ont même fait faillite.
Par conséquent, depuis le 1er octobre, seuls des contrats variables étaient proposés par les fournisseurs d’énergie. Ces contrats ont le désavantage que le consommateur ne sait pas à terme ce qu’il devra payer car les prix peuvent changer tous les trimestres ou tous les mois. Avec de mauvaises surprises parfois à la clé, comme des acomptes qui explosent. Aujourd’hui, plus d’un Belge sur deux dispose d’un tel contrat variable.
Le prix à payer pour avoir la tranquillité d’esprit ?
Le prix du gaz a fortement baissé et a retrouvé son niveau d’avant la guerre en Ukraine en passant la semaine dernière sous la barre des 100 euros/MWh, alors que jusqu’à la fin de l’été, il s’échangeait à près de 350 euros/MWh, un record absolu. Le prix de l’électricité continue de baisser également en Belgique, ressort-il ce jeudi de données de la bourse européenne de l’électricité Epex Spot.
Suite à cette chute des prix, faut-il se ruer sur un contrat fixe ? On est, en effet, loin des pics connus des derniers mois mais les tarifs de l’énergie restent encore élevés. “Si les prix devaient baisser fortement dans les mois à venir, un contrat fixe pourrait bien s’avérer coûteux“, prévient d’ailleurs Leen Vandezande, porte-parole du régulateur flamand du marché de l’électricité et du gaz (VREG). “Vous devez faire un compromis. Il est cependant possible de quitter un contrat à tout moment. Il faut toutefois tenir compte des frais fixes, que vous payez pendant une année entière chez certains fournisseurs, même si vous en changez.”
“De nombreux consommateurs sont prêts à payer un prix plus élevé s’ils bénéficient en contrepartie d’une sécurité et d’une tranquillité d’esprit“, explique de son côté Laura Clays de Test Achats, citée par Het Nieuwsblad. “Les contrats variables peuvent être plus avantageux, mais ils sont source d’incertitude. Les factures d’énergie sont déjà compliquées, les contrats variables le sont encore plus. Les consommateurs ne savent pas ce qu’ils paient de cette façon.”
“Une logique commerciale”
Pour l’expert en énergie André Jurres, directeur de VoltH2, il est clair qu’il y a aussi une logique commerciale à l’oeuvre derrière tout cela. “L’espoir qu’être ‘le premier à faire le pas’ vous donnera un avantage sur vos concurrents“, avance-t-il dans De Morgen. Pour l’expert, il est difficile d’évaluer aujourd’hui si les contrats fixes de Luminus seront intéressants car leurs tarifs ne sont pas encore connus. Il met aussi en garde contre une remontée des prix de l’énergie qui se profile dans les prochaines semaines.
“Les prix sont actuellement en baisse en raison du temps très chaud de l’hiver en Europe. S’il recommence à geler dans les prochaines semaines, les prix augmenteront également à nouveau. Et si nous devons à nouveau remplir nos stocks de gaz au printemps et en été pour l’hiver 2023, cette probabilité est également très élevée. Nous vivrons des montagnes russes pendant encore au moins deux ou trois ans. Encore une fois : le problème structurel à l’origine de cette crise énergétique n’a pas encore été résolu. Triste mais malheureux“, commente André Jurres dans le quotidien flamand.
Comparer les offres
Dans la pratique, après avoir signé un nouveau contrat fixe chez Luminus, il faut compter au moins 30 jours avant que l’énergie ne soit livrée. Au service clientèle, on parle d’un “délai maximum de trois mois”. Les prix sont toutefois fixés le jour de la signature du contrat.
Toute personne qui signe en janvier, bien que l’énergie ne soit pas livrée avant mars, pourrait acheter de l’énergie à un prix plus élevé si les prix avaient baissé entre-temps. Mais le contraire est également possible.
Les comparateurs d’énergie agrées par la CREG – Comparateur-energie.be, MonEnergie.be ou encore le scan de la CREG – permettent d’avoir une bonne vue de l’état du marché et de décider en toute connaissance de cause. Ils permettent de comparer toutes les formules – variables, fixes, électricité et gaz – sur une année et de voir les différences de tarifs qui peuvent être importantes d’un fournisseur à l’autre et d’un type de contrat à un autre.
Update 3/01: Test Achats déconseille de se ruer sur les contrats fixes proposés par Luminus
Testachats, qui réclame depuis plusieurs mois le retour des contrats fixes sur le marché, salue cette annonce, tout en mettant en garde les consommateurs de ne pas s’y ruer, et de garder le réflexe de comparer les offres des différents fournisseurs.
L’organisation de consommateurs a analysé les nouvelles cartes tarifaires publiées par Luminus dont celles des contrats fixes. Il en ressort que pour l’électricité, les prix fixes par kWh ont augmenté de 13 à 19 % par rapport à janvier 2022. Pour le gaz, on constate plutôt une stagnation voire une baisse par rapport à janvier 2022. Rappelons que depuis lors, la TVA a baissé de 21 à 6 % mais que cela n’a pas suffi pour faire baisser les prix.
Par exemple, le contrat fixe Optifix s’élève à 3441,63 euros pour une consommation annuelle moyenne (3500 kwh pour l’électricité, et 17 000 kwh pour le gaz) pour la partie énergie uniquement. En comparaison, le contrat variable Basic proposé par Luminus coûtait quant à lui à un peu plus de 4000 euros par an pour une consommation moyenne sur base des tarifs de décembre, extrapolés sur base annuelle. Mais les tarifs qui seront d’application au prochain trimestre seront très probablement moins élevés sachant que les prix n’ont cessé de baisser depuis l’été.
“Vu le contexte actuel de baisse des prix de l’énergie, nous ne conseillons pas de se ruer sur les contrats fixes proposés par Luminus. Notre analyse montre que les prix fixes d’aujourd’hui sont toujours 5 fois (voire 6 fois pour l’électricité) plus élevés qu’en janvier 2021. A cela s’ajoutent les redevances annuelles qui vont de 17 à plus de 60 euros et que vous perdrez si vous décidez de changer anticipativement de contrat durant la première année” détaille Julie Frère, porte-parole de Testachats.
L’organisation de consommateurs recommande de faire preuve de patience, d’attendre que les cartes tarifaires des autres fournisseurs soient également publiées, afin de pouvoir comparer les prix pour une année entière. “Après avoir utilisé un comparateur de prix, vous pourriez décider de payer un peu plus pour la tranquillité d’esprit que procure un contrat fixe, mais il ne faut le faire qu’une fois toutes les informations en votre possession” conseille Julie Frère.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici