Livres personnalisés: l’aventure ZebraBook

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Ces dernières années, les livres personnalisés aux noms de vos enfants font fureur. Depuis huit ans, Marie Thibaut de Maisières est à la tête de ZebraBook, une entreprise 100% belge en plein essor qui revendique sa différence avec les autres acteurs du monde de l’édition.

L’aventure démarre en 2012. Marie, maman de quatre enfants, est à l’époque une cliente fidèle de ZebraBook, une société qui vend des livres personnalisés au nom et prénom de l’enfant à qui il est destiné. Juliette, Hugo, Valentin…, le propriétaire du livre en devient également le héros. La société était alors tenue par trois amies et chaque livre était personnalisé manuellement. Mais suite à des changements dans leur vie privée et/ou professionnelle, les jeunes femmes n’ont plus le temps de s’occuper de ZebraBook et désirent mettre fin à l’activité de la société. “Sachant que j’étais moi-même entrepreneuse et grande fan de leurs produits, elles m’ont proposé de reprendre l’entreprise, raconte Marie Thibaut de Maisieres. J’ai accepté avec enthousiasme et racheté la société pour un euro symbolique avec une associée (qui a quitté l’aventure depuis lors, Ndlr).” Disposant d’un catalogue restreint de quatre histoires (dont trois écrites par Marie), ZebraBook propose en autoédition des ouvrages s’adressant aux enfants de 0 à 10 ans. Collés à la main, ils sont réalisés dans un atelier de Wetteren. Le siège social de la société, quant à lui, est installé à Watermael-Boitsfort.

Automatiser et internationaliser

Pour Marie, le premier défi était de faire entrer la société dans le 21e siècle et d’automatiser la personnalisation des livres. “Avec l’aide d’une codeuse freelance, nous avons créé un algorithme afin que les clients puissent commander leurs livres en ligne et que la personnalisation se fasse automatiquement”, explique-t-elle. Par la suite, ZebraBook s’est concentré sur l’automatisation de la production et des envois, ainsi que l’internationalisation du produit. Les livres ont d’abord été traduits en néerlandais et en anglais. Aujourd’hui, ils sont disponibles dans neuf langues.

Environ 80.000 euros de fonds propres ont été injectés pour faire croître la société. “Des fonds que nous avons obtenus grâce à la vente des livres (en moyenne 4.000 par an), indique l’entrepreneuse. Une partie est vendue en direct sur notre site et nous avons des accords avec d’autres revendeurs.” La rentabilité de ZebraBook tient en partie aux partenariats que la société a noués. “Nous en avons de deux types, explique Marie. Un premier partenariat avec des sociétés qui vendent des produits personnalisés à qui on ‘prête’ notre algorithme et qui vendent nos livres en les imprimant elles-mêmes (notamment en Scandinavie) et un autre avec des magasins de puériculture un peu partout en Europe pour qui nous nous occupons de l’impression et de l’envoi des livres.”

Marie Thibaut de Maisières a racheté la société ZebraBook en 2012 pour un euro symbolique.
Marie Thibaut de Maisières a racheté la société ZebraBook en 2012 pour un euro symbolique.© PG

Un business stable et des clients fidèles

L’une des particularités de ZebraBook est d’avoir une base limitée de clients mais fidèles. Marie compare sa société à la bonne épicerie de quartier où les clients reviennent parce qu’ils sont convaincus par les produits. “Nous faisons très peu de publicité mais nous avons une clientèle très régulière qui aime nos produits. Cela nous permet de ne pas souffrir de la concurrence ni du contexte économique.”

En matière de livres personnalisés, l’offre est très importante. YourSuprise, Smartphoto, Wonderbly, Mumablue, Créer mon livre, Mon livre personnalisé, etc.: autant d’acteurs qui proposent le même type de produits, généralement en plusieurs langues, d’où un marché s’étendant bien au-delà de nos frontières. “Ce marché étant assez volatile, il est difficile de s’y situer, explique Marie. Depuis la création de ces produits il y a une petite dizaine d’années, la demande – et donc l’offre – a été croissante. Wonderbly a pendant longtemps été le leader car c’est une grosse machine bien huilée où tout fonctionne bien. Mais depuis deux-trois ans, cette société perd des parts de marché. Elle est de plus en plus challengée par de plus petits acteurs.” Qu’est-ce qui différencie ZebraBook de ses concurrents? “Nos livres sont qualitatifs, répond Marie. Les histoires sont chouettes et les dessins très beaux. Et la couverture rigide permet de garder les livres en bon état très longtemps.” Un point sur lequel ZebraBook s’avoue aussi très attentif est celui du genre. Dans la littérature francophone pour enfants, 80% des héros sont des garçons. “Nous souhaitons permettre à chaque enfant, fille ou garçon, de se projeter dans l’histoire et d’en être le héros au-delà des stéréotypes de genre. Ainsi, dans nos livres, vous trouverez des femmes camionneuses, soldates, neurochirurgiennes, pêcheuses, des garçons qui pleurent, des papas poules qui font la cuisine, etc.”, assure-t-elle. ZebraBook veille aussi à proposer une double lecture: l’histoire doit amuser les enfants mais aussi faire sourire les parents. “Nous nous donnons du mal pour introduire des petits clins d’oeil pour adultes dans nos récits.” Selon l’auteure, les clients sont aussi sensibles au côté écolo de l’entreprise. Tous les livres sont fabriqués en Belgique sur du papier FSC (chaque arbre coupé est un arbre replanté) et la société compense les émissions de CO2 liées à l’impression et au transport des produits.

80.000 euros

Le montant investi pour faire croître la société.

Une société qui se développe en famille

Heureuse de voir que le premier livre fonctionnait, Marie a écrit trois histoires supplémentaires: une sur les métiers, une sur le tour d’Europe et une sur un voyage dans le temps. “J’ai écrit ces histoires avec mes enfants, explique l’entrepreneuse. Ils ont choisi les sujets, les caractéristiques des héros et héroïnes, les aventures, les fins. Ils ne sont pas seulement ma principale source d’inspiration, ils sont mon éditeur! On voit d’ailleurs que mes histoires grandissent en même temps que mes enfants.” L’écriture, Marie l’a toujours eue dans la peau. Avant l’aventure ZebraBook, elle était à a tête d’une société de production de films d’entreprises pour laquelle elle écrivait des scénarios. Elle a aussi été chroniqueuse à La Libre Belgique.

Un nouveau site web sera lancé cette année et ZebraBook espère vendre 5.000 livres en 2021, soit une augmentation de 25% par rapport à l’année précédente. “Nous prévoyons aussi de proposer nos histoires dans de nouvelles langues, principalement européennes.”

Aujourd’hui, la jeune femme ne travaille plus à temps plein sur ce projet, mais reste associée et auteure. Une équipe opérationnelle a pris le relais. ZebraBook est aujourd’hui composé d’un deuxième associé – également directeur financier – Michel Moens, d’une employée et d’illustratrices externes. “J’espère avoir le temps de créer une nouvelle histoire cet été. Mes enfants me mettent d’ailleurs déjà la pression. Pour moi, ZebraBook n’est pas une entreprise, c’est une aventure familiale”, conclut Marie.

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