Les syndicats refusent davantage de flexibilité dans les call-centers

© Thinkstock

Une cinquantaine de militants, certains déguisés en Pokémons, ont mené une action lundi matin pour dénoncer la “Loi Peeters” et avertir les travailleurs des calls centers de ne pas “se laisser attraper”.

Setca, CNE et CGSLB refusent davantage de flexibilité dans ce secteur où le travail de nuit ou lors des week-ends est déjà fréquent. “Le secteur est très flexible et il est difficile d’y améliorer les conditions de travail alors la loi Peeters ne va pas améliorer les choses”, souligne Jean-Pierre Boninsegna, secrétaire fédéral de la Setca-FGTB. Une délégation syndicale a été reçue au cabinet du ministre de l’Emploi, Kris Peeters.

“Ne te laisse pas attraper! “, lancent les syndicats aux travailleurs des call centers, en référence au slogan de la saga Pokémon, “Attrapez-les tous! “. Pour les syndicats, la réforme du temps de travail initiée par le gouvernement fédéral, qui instaure davantage de flexibilité, est synonyme de destruction des horaires. “Nous ne voulons pas d’une société où une partie du monde du travail fait 50 heures par semaine et une autre partie est laissée pour compte sans emploi et même sans revenu”.

“Dans les call centers, il y a déjà des problèmes de flexibilité. On y travaille régulièrement jusque 22h00, la nuit ou les week-ends”, explique Claude Lambrechts, secrétaire nationale de la CNE, qui ajoute que plus de 60% des employés dans ces entreprises sont des intérimaires.

“C’est déjà très difficile d’améliorer les conditions de travail dans les call centers car, du côté des employeurs, nous n’avons pas de réel interlocuteur. Et pour le personnel, il change très vite”, explique Jean-Pierre Boninsegna, secrétaire fédéral de la Setca-FGTB, qui craint que la nouvelle loi ne fasse qu’aggraver les choses.

Pour les trois syndicats, ce sont les jeunes qui sont particulièrement touchés par la réforme. “Le problème c’est qu’il n’y aura plus de vie sociale. Quand est-ce qu’on pourra avoir du temps pour soi? Quand l’employeur n’a plus besoin de nous”, s’insurge M. Boninsegna. “Tant qu’on n’a pas d’enfant, on accepte de travailler davantage mais dès qu’on en a, on regrette d’avoir dit oui…”. L’alternative serait de “travailler moins pour travailler tous et vivre mieux” ainsi que de “négocier la flexibilité à son juste prix”.

Les syndicats belges ont mené leur action dans le cadre d’une opération annuelle plus large, menée depuis plus de dix ans par l’UNI Global Union (syndicat mondial des services), pour dénoncer les conditions de travail dans les call centers. Du 17 au 21 octobre, les délégués syndicaux rencontreront d’ailleurs des travailleurs dans les centres de contact. “Pour entamer le dialogue avec les employés et les inviter à défendre activement leurs droits, les délégués distribueront des sacs à dos à l’effigie du ‘Flexicall’, ce Pokémon ultraflexible qui malgré tout ne se laisse pas attraper par les pièges de l’hyperflexibilité”.

Partner Content