Les start-up, les nouveaux maîtres de stage

Brieuc, le stagiaire de Look & Fin © A. MARTIN

Faire son stage dans un start-up est désormais une option envisagée par de plus en plus d’étudiants. Si une première expérience dans ce type de structure a de nombreux avantages, la formule ne convient pas à tout le monde. Elle permet néanmoins d’emmagasiner rapidement de l’expérience.

Jeune, cool, dynamique… La réputation que s’est forgée l’univers des start-up est plutôt séduisante. Les étudiants sont, du coup, de plus en plus nombreux à vouloir y mettre un pied, parfois même avant d’avoir fini leurs études. Pour cela, certains profitent de leur stage prévu à la fin de leur cursus pour intégrer, durant quelques mois, une jeune entreprise pleine d’ambitions.

C’est le cas de Brieuc. A 23 ans, le jeune homme termine un master complémentaire en communication digitale à l’Ihecs. Afin de parfaire ses connaissances, il a décidé de rejoindre l’équipe de Look and Fin, une start-up spécialisée dans le crowdlending (financement participatif). L’expérience durera un peu moins de trois mois mais n’est pas tout à fait une première : titulaire d’un diplôme en communication de la Haute école Condorcet, Brieuc a déjà pu effectuer un stage dans une start-up à Gand, spécialisée dans la réalité virtuelle.

Une première expérience pas vraiment convaincante. ” J’étais le directeur de la machine à café, sourit le jeune homme. J’avais très peu de choses à faire. Mais je pense honnêtement que cette mauvaise expérience est probablement liée à une culture d’entreprise qui est assez différente en Flandre “, explique l’étudiant, toujours attiré par l’univers des start-up.

En revanche, dans son stage actuel chez Look and Fin, Brieuc est en charge du marketing digital de la boîte en pleine croissance. Un job assez classique et que le jeune homme ne se voyait pas faire ailleurs que dans une petite structure. ” J’avais envie du côté familial mais aussi de dynamisme. Etre dans une petite équipe permet aussi de voir que son travail à un réel impact sur la start-up et son évolution “, détaille le jeune homme, visiblement satisfait d’avoir tenté à nouveau l’expérience en start-up.

Stagiaire, source de croissance

Des profils comme Brieuc, Tyro en voit passer de plus en plus. Cette autre jeune pousse, basée à Bruxelles, a justement fait du stage en start-up sa spécialité. Lancée en septembre dernier, l’entreprise recrute des étudiants en manque d’une première expérience pour des start-up qui ne seraient pas contre un coup de pouce durant quelques mois. ” Depuis janvier, nous avons déjà placé une quarantaine de stagiaires. On voit que la demande est grandissante. D’ailleurs, nous ne nous limitons pas au placement de stages en start-up, mais c’est pour ces entreprises que nous avons le plus de demandes “, explique Laurent Pantusa, l’un des cofondateurs de Tyro, lui aussi forcément convaincu par le réel intérêt d’un stage dans ce genre de structure.

Les start-up sont parfois un peu idéalisées. Si la “cool attitude” leur colle à la peau, ce type de structure n’est pas fait pour tout le monde.

” L’expérience que les étudiants acquièrent en start-up est énorme. Notamment parce qu’à l’inverse des grandes entreprises, les start-up ont besoin des stagiaires et comptent sur eux pour continuer à croître, ajoute le responsable. D’ailleurs, aucune start-up ne demandera un stagiaire durant seulement un mois. Cela n’aurait pas de sens car il y a un réel souhait d’intégration de l’étudiant. ”

Des start-up parfois un peu idéalisées

Mais si la cool attitude colle à la peau des start-up, ce type de structure n’est pas fait pour tout le monde. Tyro ne garantit d’ailleurs jamais à un étudiant qu’il lui trouvera d’office un stage. ” Les start-up sont parfois un peu idéalisées, prévient le cofondateur. Notamment concernant la culture managériale, sans véritable hiérarchie et avec beaucoup d’autonomie. C’est une manière de travailler qui ne convient pas forcément à tout le monde. Certaines personnes ont besoin d’un cadre bien établi et d’un suivi constant. Dans ce cas, le modèle start-up n’est probablement pas la meilleure solution. ”

Parmi les offres des entreprises et les demandes d’étudiants, la société voit régulièrement revenir les mêmes profils. ” Les offres de stages conviennent souvent aux étudiants en économie, management ou gestion, précise le responsable de Tyro. Il y aussi beaucoup d’offres pour les data sciences, la communication et le marketing. Les profils plus créatifs sont également assez recherchés. Mais cela ne veut pas dire que les autres matières ne permettent pas de trouver un stage en start-up. A priori, certaines études sont moins orientées, mais nous avons déjà trouvé des stages pour des étudiants en philosophie et en bioingénieur. ”

Les trois fondateurs de Tyro : Laurent Pantusa, Pierre Tillement et Charlotte Oloton
Les trois fondateurs de Tyro : Laurent Pantusa, Pierre Tillement et Charlotte Oloton© PG

L’échec, aussi un apprentissage

Avec plus de 500 étudiants à la recherche d’un stage d’une durée minimale de trois mois, la Louvain School of Management (LSM), voit chaque année une partie de ses étudiants tenter l’expérience en start-up. ” Je ne dispose pas des chiffres exacts, mais l’intérêt est réel “, assure Laurent Taskin, le responsable du master en sciences de gestion et professeur de l’Université néolouvaniste.

Outre les demandes spontanées de ses étudiants, la LSM reçoit également régulièrement des offres directement de la part des start-up. Des jeunes pousses qui sont encore souvent loin de la stabilité. Une réalité qui n’inquiète pas pour autant le professeur : ” La possibilité d’un échec de l’entreprise ne nous pose pas de problème tant que l’encadrement du stagiaire est assuré et qu’un projet pertinent est proposé. Pour un étudiant, vivre ce type d’expérience peut également être enrichissant “.

Une démarche gagnant-gagnant

Les exigences pour accueillir un stagiaire ne sont d’ailleurs pas différentes pour ces structures. Par exemple, aucune taille minimale n’est requise. ” Dans certains cas, l’étudiant peut être le seul à disposer d’une expertise dans son domaine, ajoute Laurent Taskin. Ce n’est pas négatif. L’étudiant apporte une plus-value unique mais sera toujours encadré, souvent directement par l’un des dirigeants. Cela permet une implication encore plus grande. Une expérience forcément bénéfique aussi pour la start-up. Un stagiaire, c’est un soutien supplémentaire non négligeable dans une structure où les travailleurs se comptent souvent sur les doigts d’une main.

Pas question cependant, selon le professeur, de parler de main-d’oeuvre gratuite. ” Ce ne serait pas une politique réfléchie d’engager des stagiaires avec cet objectif. L’encadrement est un investissement. Mais le stage doit rester une démarche gagnant-gagnant. Les entreprises prennent du temps à former les étudiants. Il est donc normal qu’en retour, elles puissent compter sur une certaine contribution, par leur travail. L’objectif est justement que l’étudiant apporte quelque chose, c’est cela qui est valorisant pour lui et pour nous. ” Et pas question ici d’assurer la direction de la machine à café…

Par Arnaud Martin.

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