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Les “soft skills”, marqueurs de réussite pour les entreprises à l’heure de l’économie numérique

Il n’y a pas si longtemps, les entreprises recherchaient encore avant tout des “hard skills” pour réussir dans un contexte de Quatrième Révolution Industrielle. En début d’année, l’épidémie Covid-19 et le confinement qui en a résulté nous ont soudain obligés à basculer vers le télétravail. Nombre d’entreprises ont alors compris que les “soft skills” sont tout aussi nécessaires pour amener leurs équipes à collaborer dans cette nouvelle réalité. Mieux encore, ce sont ces compétences qui déterminent largement la réussite d’une entreprise.

Les entreprises sont constamment à la recherche de moyens de s’armer pour l’avenir. Leur première préoccupation se définit tout naturellement en termes de collaborateurs à attirer. Par le passé, l’accent était mis sur des hard skills très recherchés, tels que l’analyse de données, le codage et le développement de logiciels. Le monde académique, lui aussi, encourage les étudiants à opter pour des formations dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques – ce qu’on appelle les filières STEM.

La demande de ces nouvelles compétences fut le signal d’une véritable révolution. Ainsi, l’OCDE, l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques, estime que pas moins de 1,1 milliard d’emplois se retrouveront radicalement transformés au cours des 10 prochaines années sous l’influence des technologies. Face à cette situation, le Forum Economique Mondial prenait l’initiative, en début d’année, de lancer la plate-forme “Reskilling Revolution“. Son but est de donner accès à une meilleure éducation, à de nouvelles compétences et à un meilleur travail à un milliard d’individus d’ici 2030.

Les entreprises s’étaient déjà attelées à la préparation de leur avenir mais l’épidémie du Covid-19 a provoqué un effet d’accélération. Un confinement sans précédent a été décrété, en ce compris en Belgique, et de nombreuses entreprises ont dû fermer leurs portes. Pour s’adapter et faire passer leurs collaborateurs en mode télétravail, les entreprises n’ont pu que s’appuyer sur leur résilience. Plusieurs mois plus tard, les salariés belges sont encore très nombreux à travailler au minimum plusieurs jours par semaine chez eux. Les équipes n’évoluent plus dans le même espace et doivent néanmoins continuer à collaborer de manière efficace. Soudain, l’attention se porte sur les soft skills.

Une enquête de Salesforce révèle qu’en raison de la pandémie, pas moins de 74% des chefs d’entreprise donnent désormais, en Europe, la priorité aux soft skills. Au-delà des fameuses compétences IT, l’intelligence émotionnelle et l’aptitude à la collaboration sont devenues essentielles. En ces temps inhabituels, les principaux défis des entreprises sont étroitement liés: diriger et piloter des équipes à distance, préserver la motivation des employés, tout en pouvant naturellement garantir, dans le même temps, un service client optimal.

Tout comme nous avons dû tenter de résoudre la pénurie de hard skills induite par la Révolution Industrielle, nous sommes obligés, dans cette nouvelle réalité, d’investir dans les soft skills. Dans le contexte de l’économie numérique, les entreprises ont besoin d’équipes qui sont en mesure de tirer rapidement parti des avantages des nouvelles technologies mais elles dépendent également davantage de salariés qui sont capables de résoudre des problèmes complexes, d’oser remettre en question des systèmes existants et d’aligner les regards d’équipes dispersées dans la même direction.

Voici trois raisons pour lesquelles les entreprises doivent miser sur les soft skills si elles veulent relever leurs défis et envisager l’avenir du travail avec confiance.

– Cette crise n’est pas la dernière que nous devrons surmonter

Si l’on observe la vitesse et le degré avec lesquels les entreprises ont dû se transformer ces derniers mois, il devient évident qu’on a besoin d’individus qui sont capables de s’adapter et de continuer à progresser sans pour autant sacrifier en productivité. Un exemple: les équipes techniques auront pour mission d’introduire de nouveaux outils et de donner des formations, souvent sous forme virtuelle. D’autres équipes seront responsables de l’élaboration de plans de projets et de l’implémentation d’une charte d’utilisation. Il est donc logique que la capacité d’adaptation devienne l’une des compétences majeures, au sein des entreprises, au cours des six prochains mois. Un environnement de travail entièrement numérisé exige que nous soyons prêts à adopter de nouveaux concepts, à penser de manière créative et à apprendre plusieurs hard skills. Pour ce faire, nous avons besoin d’équipes résilientes qui disposent par conséquent d’une somme de confiance suffisante pour s’adapter à des circonstances défavorables. Il deviendra crucial de gérer processus et équipes à distance afin de prendre des décisions d’une importance stratégique.

– Les équipes dispersées sont tributaires de la communication

La transformation numérique aide les entreprises à améliorer leurs relations avec les clients, à déployer des projets à grande échelle et à réduire les coûts. Toutefois, la collaboration entre équipes constituera une condition essentielle de succès. En particulier si ces équipes doivent opérer dans des endroits distincts et dans différents fuseaux horaires. Là où, par le passé, des équipes techniques se réunissaient par exemple en un même endroit afin d’identifier et de résoudre les problèmes, la gestion de projet, la prise de décisions et les processus de documentation subissent aujourd’hui une transformation. L’alignement, désormais, s’effectue principalement dans un environnement en-ligne.

Se mettre d’accord sur la nature des outils de collaboration et sur leur agenda d’utilisation, mettre en oeuvre les bonnes pratiques… Ce sont là des exemples-type qui expliquent que la productivité des équipes dépendra toujours plus de leur aptitude à collaborer. Plus les équipes doivent échanger des informations, mieux elles doivent s’y préparer. Les compétences nécessaires à l’instauration de relations avec des acteurs internes et externes ne feront que gagner en importance, que ce soit au sein des entreprises ou des secteurs d’activités.

– Chaque société a besoin d’un but commun

La culture d’entreprise est un facteur déterminant dans le choix d’un employeur par les individus. Lorsque les entreprises demandent à leurs salariés de travailler à distance, cette culture risque de se transformer en concept abstrait. Voilà pourquoi chaque dirigeant, chaque équipe et chaque entreprise a pour tâche de stimuler le sentiment d’appartenance à une communauté. Le leadership inclusif deviendra essentiel dans chacune des couches d’une organisation. Tirer le meilleur d’une équipe ne se limite bien entendu pas à la formulation des objectifs de l’entreprise. Il s’agit d’y impliquer les équipes en les écoutant, en les encourageant et en les renforçant mutuellement. Diriger en recourant à l’intelligence émotionnelle, faire preuve d’empathie et cultiver le désir d’apprendre sont les recettes nécessaires pour forger une culture de confiance et d’innovation.

En conclusion…

Le monde change constamment mais le besoin de leadership et de collaboration demeure. La technologie nous aide à mieux nous armer et à nous reconvertir mais, au final, nous serons tributaires de soft skills si nous voulons pouvoir opérer dans un environnement de travail tant physique que numérique. Dans le contexte d’une économie numérique, les produits que nous vendons, les aspirations des clients et la nature du travail se transforment. Le besoin que nous avons de cultiver des soft skills, lui, ne disparaîtra jamais. Le télétravail est un défi qui ne peut se limiter à la seule gestion d’équipes mais qui doit aussi porter sur la manière dont nous pouvons renforcer ces équipes. Pour préserver un haut degré de motivation et le moral des collaborateurs, nous devons formuler un objectif commun — où que nous soyons. Investir dans des hard skills, à l’heure de la Quatrième Révolution Industrielle, nous aidera à mieux faire notre travail et à stimuler la concurrence entre entreprises. Mais ce qui rendra notre environnement de travail réellement génial, c’est notre engagement à bâtir des relations inter-personnelles, notre propension à nous faire confiance, et notre aptitude à l’empathie.

Max Swerdlow, Country Leader chez Salesforce Belux

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