Les rencontres de l’Écailler du Palais Royal: Pascal Bruckner et Christian de La Villehuchet

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Frederic Brebant Journaliste Trends-Tendances  

A l’invitation de “Trends-Tendances”, Christian de La Villehuchet s’est plongé dans le dernier livre de Pascal Bruckner. Le CEO de Havas Belgique et l’écrivain philosophe se sont ensuite retrouvés au restaurant, histoire d’échanger leurs points de vue sur la littérature, la montagne, le néoféminisme et la publicité. Morceaux choisis.

Il y a quelques jours, Pascal Bruckner était de passage à Bruxelles. L’écrivain français venait en effet y parler de l’art de bien vieillir dans le cadre des conférences “Les grands invités de l’Hôtel de Ville”. L’occasion était trop belle pour ne pas l’inviter à déjeuner, d’autant plus que Pascal Bruckner vient de sortir un tout nouveau livre, Dans l’amitié d’une montagne, qu’il présente comme un “petit traité d’élévation”, aux éditions Grasset.

Passionné de lecture, Christian de La Villechuchet ne pouvait résister à notre proposition d’interview croisée. Le CEO de Havas Belgique, qui exerce aussi la fonction transversale de global chief integration officer au sein du groupe Havas, cinquième entreprise de communication au monde, s’est donc plongé dans la lecture de cet ouvrage qui défie les cimes, avant de retrouver Pascal Bruckner à la table de L’Ecailler du Palais Royal à Bruxelles.

TRENDS-TENDANCES. Pascal Bruckner, comment en êtes-vous arrivé à écrire ce livre? On ne vous attendait pas vraiment sur ce registre-là…

PASCAL BRUCKNER. J’essaie de surprendre encore à mon grand âge ( rires). En fait, en 2014, j’ai fait le tour du mont Blanc avec ma fille. Un cadre des éditions Guérin, à Chamonix, m’a proposé d’en tirer un livre, mais je trouvais que le tour du mont Blanc, ce n’était pas vraiment une aventure. Cela ne dure que huit jours. Donc, je ne l’ai pas écrit. Mais il y a un an et demi, j’ai passé une saison avec des copains en Haute-Savoie et l’idée d’écrire un livre sur la montagne m’est revenue. C’est parti de ce paradoxe: pourquoi grimper si c’est pour redescendre? A chaque fois, on se dit: c’est absurde, qu’est-ce que je fais là? qu’est-ce que ça va m’apporter?

Chaque écrivain est lui-même une marque, mais une marque fragile. Il est soumis à l’obsolescence, à l’usure, au temps.” – PASCAL BRUCKNER

CHRISTIAN DE LA VILLEHUCHET. Je tenais à vous dire que j’ai passé un très bon moment avec votre livre, et d’ailleurs, je l’ai déjà recommandé à deux de mes amis. Avant de le lire, j’avais une vision très sensorielle de la montagne. C’est beau, c’est rafraîchissant…

P.B. C’est vrai!

C.d.L.V. Mais la prochaine fois que j’y retournerai, j’aurai sans doute une vision plus spirituelle, plus philosophique et ceci, grâce à votre livre. Parce que j’ai entendu les messages que vous faites passer avec ces notions de dépassement de soi, de risque, de souffrance, de satisfaction. Il y a aussi le fait de se prouver des choses, même si gravir la montagne est un acte gratuit puisque l’on finit toujours par redescendre…

P.B. Oui, c’est totalement gratuit, il n’y a aucune nécessité.

C.d.L.V. C’est amusant parce qu’il se trouve que j’ai acheté il y a une quinzaine d’années un chalet à Saint- Nicolas-de-Véroce, en Haute-Savoie, qui est le village de Jean-Christophe Rufin ( écrivain et diplomate français, Ndlr) dont vous parlez dans votre livre…

P.B. ( Très surpris) C’est dingue, ça! J’ai dormi chez Rufin!

C.d.L.V. En fait, je suis d’origine malouine, de Saint-Malo, et je suis plutôt un homme de la mer que de la montagne.

P.B. Ah oui, ce sont vraiment deux familles d’esprit! Ce n’est pas la même chose…

C.d.L.V. Oui, deux familles d’esprit! Moi, j’aime les vagues régulières et répétitives, les marées qui changent la vue et surtout j’aime l’horizon, alors qu’en montagne, on ne voit l’horizon que lorsque l’on est tout en haut…

P.B. La montagne, c’est comme une prison.

C.d.L.V. C’est un peu plus enfermant! Cela dit, encore une fois, grâce à votre livre, je ne verrai plus la montagne de la même manière. Je suis impatient d’y retourner pour la voir différemment…

P.B. C’est un beau compliment.

Pascal Bruckner, en tant qu’écrivain et philosophe, quel regard portez-vous sur la publicité?

P.B. C’est un mal nécessaire ( Christian de La Villehuchet éclate de rire). La publicité nous embarrasse dans la vie de tous les jours car elle déferle en vagues continues à la radio, à la télévision, sur nos portables… Nous-mêmes, écrivains, nous recourons à la publicité quand nous sortons un livre. Cela fait partie de la machine globale de la vente. Mais moi, personnellement, je ne suis pas allergique à la publicité.

C.d.L.V. Alors nous, on doit rendre les marques utiles. On doit faire en sorte qu’elles aient un vrai rôle dans la vie des gens, qu’elles améliorent leur quotidien, qu’elles leur amènent du bonheur et qu’elles jouent aussi un rôle sociétal. La publicité est avant tout là pour mettre ça en scène.

P.B. Personnellement, je n’attends pas que les marques donnent du sens à ma vie, mais il y a des marques qui rassurent, c’est vrai. Je crois que c’est avant tout la qualité qui, sur le long terme, fait que l’on est plus attaché à une marque qu’à une autre.

C.d.L.V. Bien sûr. C’est d’ailleurs la première attente chez le consommateur. C’est la valeur fonctionnelle de la marque…

P.B. Les voitures allemandes!

C.d.L.V. On parlait de montagne tout à l’heure. Prenez Evian. Quand Evian raconte que c’est une eau qui vient des Alpes, ça n’intéresse pas grand monde…

P.B. Ah, quand même! On se dit “Chouette, c’est de la pureté”…

C.d.L.V. Oui, d’accord, mais quand Evian dit “Nous sommes une source de jeunesse pour votre corps”, on s’aperçoit que ça intéresse beaucoup plus les gens. Parce qu’on veut tous rester jeunes physiquement, psychologiquement… On veut rester des gamins, en fait!

P.B. Des gamins mûrs!

C.d.L.V. Voilà une marque qui vient nous taper sur l’épaule en nous disant “Avec moi, tu vas rester jeune”. Donc, ce n’est pas nécessairement ce que j’appelle une marque qui donne du sens à votre vie, mais une marque qui peut avoir un rôle dans votre vie. Comme Nike avec son ” Just do it“: dépasse-toi! Tu peux le faire, tu peux y arriver. Qui d’autre nous dit ça aujourd’hui?

P.B. Certaines publicités me font beaucoup rire, d’autres sont insupportables, et puis il y a celles qui sont recadrées parce qu’elles blessent telle ou telle catégorie de personnes. Aujourd’hui, la publicité, c’est un peu comme l’écriture. Vous concevez sous le regard d’un avocat. Dans mon dernier livre, on m’a fait enlever deux choses…

C.d.L.V. ( Etonné) Ah bon?

P.B. Oui. Au début du livre, je parle des patous qui sont ces gros chiens de montagne et j’écris qu’ils sont “susceptibles comme des caïds de quartier”. Ils ont enlevé “de quartier” et ils ont juste gardé “caïd” parce que, selon eux, c’était embêtant…

Cela ne vous a pas énervé?

P.B. Si, bien sûr, ça m’énerve et j’aurais pu dire non! Mais bon, quand c’est le patron qui vous le demande en vous expliquant qu’il croule sous les procès…

C.d.L.V. Ah!

P.B. A un autre moment, j’avais aussi écrit que “les pis des vaches ressemblaient parfois aux seins des femmes enceintes”. Dans la maison d’édition, les filles qui avaient relu mon texte se sont immédiatement dressées. Alors, j’ai enlevé cette phrase car elle n’apportait rien…

C.d.L.V. Ce qui est dommage, c’est que ce genre de phrase peut occulter l’oeuvre, le déroulé de la pensée, la beauté du style, la force romanesque, etc. Surtout avec les réseaux sociaux qui cristallisent l’attention sur ce genre de détail au détriment de tout le reste…

P.B. Dans la pub aussi, vous jonglez entre les interdits!

C.d.L.V. La pub, c’est d’abord toucher les gens. C’est les faire rire, les faire pleurer, les émouvoir et, surtout, les faire réagir pour les faire agir!

Mais ces nouveaux garde-fous limitent la créativité tout de même!

C.d.L.V. Les publicités les plus créatives sont d’abord celles qui donnent du sens aux marques. Vous savez, Havas fait une grosse étude tous les deux ans, auprès de 300.000 personnes, dans 30 pays. La première question que l’on pose est la suivante: “Quelles sont les marques qui pourraient disparaître sans que cela change votre vie?”. Il y a 12 ans, quand on a commencé l’étude, 68% des marques étaient déjà concernées par cette question de la disparition, mais aujourd’hui, au niveau mondial, ce sont 80% qui pourraient disparaître sans que cela change la vie des gens. En Belgique, on en est à 82%. Donc avant de se poser la question de l’outrance, la publicité doit d’abord se poser la question de son utilité! Vous en connaissez beaucoup des industries dont 80% des actifs peuvent disparaître du jour au lendemain sans que cela change la vie des gens?

P.B. On a la même chose chez les auteurs ( rires)! C’est l’écrémage! Les jeunes n’attendent qu’une chose, c’est que l’on disparaisse…

C.d.L.V. Il y a une autre chose extraordinaire dans cette étude dont je vous parle: 70% des personnes interrogées disent que les marques et les entreprises doivent agir maintenant pour rendre le monde meilleur. Il y a deux ans, seuls 30% des gens le pensaient. Alors, bien sûr, il y a l’effet covid, mais il y a surtout un vide du leadership et une énorme attente. Les gens se disent “Ce ne sont pas les politiques qui vont le faire, ce ne sont pas les syndicats qui vont le faire…”

Les religions, peut-être?

C.d.L.V. Les religions, entre elles, sont plus une source de confrontation que d’élévation. Du coup, les marques peuvent jouer ce rôle à condition que leurs promesses s’incarnent dans des actes.

P.B. Les religions nous promettent le bonheur dans l’au-delà. Les marques nous le promettent ici et maintenant. Alors, bien sûr, il y a un critère de qualité. On sait que l’on peut avoir confiance dans certaines marques. Pour les femmes, ce sont toutes les marques de cosmétiques, de produits de soins… Les marques nous murmurent à l’oreille des choses douces qui sont l’envie de vitalité, l’envie de plaire, l’envie de jeunesse éternelle… Donc, les marques sont en quelque sorte les associées de notre individualisme et, souvent, de notre narcissisme. Elles entrent dans nos vies, non pas par le côté punitif, mais au contraire par un côté séducteur. Quand Evian nous promet la jeunesse, évidemment on n’y croit pas, mais on se dit “Après tout, pourquoi pas? C’est peut-être vrai…”

C.d.L.V. C’est parce que les marques nous racontent des histoires sur nous. En fait, c’est toujours la même chose. Si vous voulez séduire quelqu’un, vous lui parlez de lui ou d’elle. Si vous lui parlez de vous, vous êtes peu intéressant. Si vous lui parlez de sa personne, il ou elle va se dire “Tiens, enfin quelqu’un qui m’écoute et me comprend”. Les marques qui sont fortes sont celles qui parlent des consommateurs. Est-ce que leur promesse est totalement crédible? Pas forcément. Sauf qu’elles touchent les aspirations des gens, flattent leur narcissisme, reconnaissent leur importance et les projettent dans un avenir meilleur.

Les rencontres de l'Écailler du Palais Royal: Pascal Bruckner et Christian de La Villehuchet
© PHOTO: FRÉDÉRIC SIERAKOWSKI (ISOPIX)

Pascal Bruckner est-il devenu une marque?

P.B. Non, non, non! Le monde du livre n’est pas celui des produits de beauté ni des produits alimentaires. Alors, c’est vrai que l’univers est le même, c’est celui de la concurrence, mais ce n’est pas tout à fait pareil. En réalité, ce qui est très curieux, c’est que dans le monde des écrivains, des artistes et des comédiens, la pensée globale est une pensée de gauche, anticapitaliste, antilibérale, alors que le monde des artistes est soumis à une concurrence libérale absolument farouche et que la plupart diront, lorsque l’un d’eux disparaît: “Bon débarras, maintenant, c’est mon tour!”. Il faut dire aussi qu’un comédien, dès qu’il rate une performance, sa cote tombe. Il est soumis à un rating comme on dit…

Les publicités les plus créatives sont d’abord celles qui donnent du sens aux marques.” – CHRISTIAN DE LA VILLEHUCHET

Oui, mais certains écrivains sont devenus des valeurs sûres, quoi qu’ils publient!

P.B. Alors, c’est vrai que, dans l’écriture, il y a des marques de best- sellers: Guillaume Musso, Marc Levy, Franck Thilliez, Amélie Nothomb, Michel Houellebecq… Après, il y a les vieux auxquels j’appartiens et qui peuvent encore surprendre ( Christian de La Villehuchet rit), et puis surtout l’immense masse des candidats, jeunes et moins jeunes, pour qui le resserrement de la librairie est devenu extrêmement dur. Moi, je suis une marque en ballottage. Je remets mon titre en jeu chaque fois que je publie un livre. En fait, chaque écrivain est lui-même une marque, mais une marque fragile. Il est soumis à l’obsolescence, à l’usure, au temps. Et comme les autres marques, il est obligé de se renouveler et, à la fois, de confirmer et surprendre.

C.d.L.V. Oui, il faut rassurer et surprendre, si ce n’est que votre produit, contrairement aux autres marques, n’est pas récurrent. A chaque fois, il est nouveau. Il y a une page blanche, un stylo et rien d’autre.

P.B. Oui, c’est vrai. La situation est précaire. Il y a aussi la précarité du trop entendu. Dans une librairie, on m’a déjà dit “On en a marre de ta gueule, dégage!”.

C.d.L.V. Vous pensez qu’il y a trop de livres qui sortent par an?

P.B. Il y a trop de livres, il y a de plus en plus d’écrivains et de moins en moins de lecteurs.

C.d.L.V. Mais cette tendance ne s’est-elle pas inversée à la faveur du covid?

P.B. C’est vrai que le covid a été une très bonne nouvelle pour la librairie. Avant le covid, les éditeurs pleurnichaient en disant: “Ça y est, le livre est fini, c’est une activité élitiste, nous sommes les derniers des Mohicans.” Or, avec le covid, tout s’est effondré, sauf le livre.

C.d.L.V. Moi, j’adore lire. J’ai d’ailleurs une méthode. En vacances, je lis 100 pages par jour. Et hors vacances, 200 pages par semaine. Et je m’y tiens.

P.B. ( Interloqué) Non? Mais vous êtes le lecteur rêvé! Vous dites 100 pages par jour… C’est énorme. Vous lisez plus que moi!

C.d.L.V. Là, par exemple, je suis parti 15 jours en vacances à Noël et j’ai lu 1.500 pages.

P.B. Il a plu et il a neigé, c’est ça ( rires)?

C.d.L.V. Sérieusement, en vacances, c’est facile de lire 100 pages par jour sur une journée de 24 heures. En revanche, ce qui est dur, c’est de trouver le temps de lire 200 pages par semaine quand on est en pleine période de travail. Mais c’est une respiration et un ressourcement énergisant!

P.B. Il faut trouver la force…

C.d.L.V. Oui, mais là, par exemple, cela a été un plaisir de lire votre livre ce week-end ( sourire).

P.B. Justement, j’ai fait très court en me disant que vous n’auriez pas beaucoup de temps!

C.d.L.V. ( Rires) Merci!

P.B. Vous êtes en permanence branché sur la littérature? C’est très très rare, vous savez…

C.d.L.V. Ce qui est génial dans la littérature, c’est que vous vivez des vies qui ne sont pas les vôtres, dans des paysages qui vous sont parfois inconnus, à des époques où vous n’auriez pas pu vivre… C’est quand même génial! Cela vous nourrit…

P.B. C’est une manière de sortir de soi.

C.d.L.V. Oui, c’est une manière de sortir de soi, mais c’est aussi une manière de mieux se connaître. Parce que vous êtes confronté à des gens qui vivent parfois les mêmes choses que vous, mais à d’autres époques et dans d’autres lieux. La lecture, c’est une école de vie quotidienne.

P.B. Vous êtes une exception dans le monde de l’entreprise! Les patrons sont sur-occupés toute la journée. Et quand ils ont un peu de temps, ils le prennent pour leur femme, leur maîtresse ou que sais-je…

C.d.L.V. La littérature, c’est un voyage de l’âme, c’est une nourriture de l’esprit et, honnêtement, c’est essentiel.

P.B. On va vous embaucher chez Grasset! Parce que le lectorat, aujourd’hui, il n’est pas toujours aussi ardent.

C.d.L.V. Oui, mais vous savez, un livre, c’est comme une randonnée. Ce n’est pas toujours marrant mais, à la fin, on est content d’être arrivé.

P.B. C’est vrai.

C.d.L.V. Vous savez, j’ai une immense admiration pour votre métier. Je vais vous faire une confidence. Je rêve d’écrire un livre, mais pour l’instant, je me suis arrêté au titre et à la première phrase.

P.B. ( Surpris) Ah bon? Et quel est le thème?

C.d.L.V. Cela commence avec un billet de banque qui sort d’un distributeur. La première et seule phrase que j’ai écrite est: Enfin libre. ( Christian de La Villehuchet détaille son projet littéraire, avant de conclure) Mais au fait, c’est quoi, votre moteur? C’est l’utilité ou le travail?

P.B. C’est le désir! Le désir d’écrire, d’exister, d’être dans le combat, dans l’arène, de ne jamais lever le pied… En fait, le véritable défi pour un écrivain est le même que pour les entreprises. C’est d’avoir des idées.

Pascal Bruckner, vous parlez de combat car vous avez l’habitude de vous faire égratigner, notamment par les néoféministes…

P.B. Oui, mais j’ai les reins solides. La seule chose désagréable qui pourrait me tomber dessus, c’est une plainte pour harcèlement sexuel. Cela peut tomber sur n’importe qui. Il y a toujours bien une vieille compagne qui peut blâmer un baiser volé. Mais vous savez, moi je soutiens le féminisme. Le féminisme est un projet universel qui veut libérer les hommes et les femmes en les émancipant ensemble dans un monde d’égalité. Le néoféminisme, c’est un féminisme antagoniste. Il veut vraiment dresser les femmes contre les hommes. Cela vient directement des Etats-Unis. Le néoféminisme prétend que les hommes et les femmes sont deux espèces différentes, réunies par hasard et par la force de l’histoire, et qu’il faut donc que les femmes s’affranchissent et vivent entre elles. Aux Etats-Unis, je suis frappé de voir que maintenant, dans les restaurants des grandes villes, on voit énormément de tablées de femmes, seules, et assez peu de tablées mixtes. C’est quelque chose qui me frappe et qui tend à se généraliser en France aussi…

C.d.L.V. On parle d’égalité mais on devrait parler d’équité. Je trouve que le terme d’égalité est un terme maladroit. Par essence, les hommes et les femmes ne sont pas égaux. Ils sont différents et c’est ce qui fait l’humanité, sa richesse et sa survie, par définition! En revanche, que leurs droits et que leurs aspirations convergent me paraît tout à fait essentiel. Après, ce qui est très important, c’est que cela ne se substitue pas à la compétence, ni aux qualités intrinsèques. En fait, moi je crois beaucoup plus à l’équité des droits qu’à l’égalité des êtres.

Pascal Bruckner

Les rencontres de l'Écailler du Palais Royal: Pascal Bruckner et Christian de La Villehuchet
© PHOTO: FRÉDÉRIC SIERAKOWSKI (ISOPIX)

– Né en 1948 à Paris.

– Ecrivain et philosophe, il publie son premier roman Allez jouer ailleurs en 1976 et son premier essai l’année suivante, Le nouveau désordre amoureux, en collaboration avec Alain Finkielkraut.

– Il est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages, dont Lunes de fiel en 1981 qui a été adapté au cinéma par Roman Polanski, La Tentation de l’innocence qui a obtenu le prix Médicis de l’essai en 1995 ou encore Les Voleurs de beauté qui lui a valu le prix Renaudot en 1997.

– Membre de l’académie Goncourt depuis 2020, il vient de sortir Dans l’amitié d’une montagne aux éditions Grasset.

– Son oeuvre est traduite dans une trentaine de pays.

Christian de La Villehuchet

Les rencontres de l'Écailler du Palais Royal: Pascal Bruckner et Christian de La Villehuchet
© FRÉDÉRIC SIERAKOWSKI (ISOPIX)

– Né en 1967 à Boulogne-Billancourt.

– Diplômé de HEC Paris et titulaire d’un master en économie et finance, il débute sa carrière dans la publicité en 1990 comme account executive à l’agence Euro RSCG Paris.

– En 1998, il devient executive vice president & director of development d’Euro RSCG Europe.

– En 2002, il prend la direction d’Euro RSCG Belgique, puis celle d’Euro RSCG Benelux en 2007, qui seront rebaptisées Havas Worldwide en 2012.

– Depuis 2016, il est global chief integration officer chez Havas, cinquième groupe de communication au monde.

– Il est toujours CEO de Havas Belgique qui emploie 250 personnes chez nous.

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