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Les raisons de la chute de la maison Netflix

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

A mon avis, Reed Hastings, le génial fondateur de Netflix se souviendra longtemps de ce mercredi 20 avril. C’est normal, son entreprise a perdu 37% de son cours de Bourse en une seule journée, soit l’équivalent de 50 milliards de dollars de valorisation qui se sont envolés en fumée… C’est fou !

Au total, depuis le début de l’année, l’action Netflix aura perdu 60% de sa valeur et cette entreprise de streaming, qui valait 300 milliards de dollars en Bourse l’automne dernier, n’en vaut plus aujourd’hui que 100 milliards. Pourquoi est-ce que Netflix a connu cette descente en enfer ce mercredi 20 avril ? Mais parce que l’entreprise a déçu les investisseurs. Pour la première fois en dix ans, Netflix a perdu des abonnés. La perte n’est pas énorme, à peine 200.000 abonnés sur un total de 221 millions d’abonnés dans le monde.

Vous me direz que c’est loin d’être grave. Pourtant, pour les investisseurs, c’est grave, car la direction de Netflix avait prévu d’avoir 2,5 millions d’abonnés supplémentaires. Au lieu de cela, la direction annonce non seulement, une perte de 200.000 abonnés mais en plus, elle estime qu’elle en perdra encore 2 autres millions au cours de ce printemps. La faute à qui ? Bonne question en effet. Et là, on a le choix, l’explication la plus simple, c’est de dire que c’est à cause de la Russie. Et c’est vrai qu’en réaction à l’invasion de l’Ukraine, Netflix a suspendu ses services en Russie, sans cette suspension Netflix aurait eu 500.000 abonnés supplémentaires.

Mais l’Ukraine n’explique pas tout, car Netflix perd aussi des abonnés sur son marché principal aux Etats-Unis. Et là, on arrive à la deuxième raison : la concurrence sur la vidéo en streaming est rude, des géants comme Disney, Amazon ou Apple ont aussi leur propre services, et le gâteau n’est pas extensible à l’infini.

Mais les vraies raisons de la perte en bourse de Netflix sont ailleurs. Et notamment le fait que 100 millions de personnes regardent Netlfix sans payer via le partage des mots de passe. Jusqu’à présent la direction de Netflix ne se préoccupait pas trop de cette fraude, mais maintenant, c’est le cas. Netflix est donc en train de tester dans 3 pays d’Amérique du sud une mesure pour limiter le partage des comptes, autrement dit, en demandant aux utilisateurs de payer 3 dollars de plus par mois pour pouvoir partager leur mot de passe en-dehors du foyer familial.

Mais le changement le plus radical, j’ai failli dire le plus révolutionnaire, c’est que Reed Hastings est prêt – alors qu’il a toujours été contre – à introduire la publicité ciblée sur Netflix. En d’autres mots, il proposera aux ménages qui le souhaitent un abonnement à très faible prix mais compensée par de la publicité ciblée. Cela va prendre deux ans à mettre cela en place, mais cette mesure est censée relancer la machine à cash qu’est Netflix.

Mais rassurez-vous Netflix n’est pas en faillite, la preuve, le champion mondial de la vidéo va investir 20 milliards de dollars, en 2022, en nouvelles productions cinématographiques. Le streaming est loin d’être mort, c’est juste une petite cure d’amaigrissement pour les investisseurs mais pas pour les abonnés.

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