Les “mompreneurs” concilient désirs d’enfant et d’entreprise

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Les femmes qui souhaitent consacrer plus de temps à leur famille optent généralement pour le travail à temps partiel. On connaît moins les femmes qui créent leur propre entreprise pour mieux accorder vies familiale et professionnelle. De plus en plus nombreuses, ces mompreneurs (ou mampreneurs en français) ont déjà deux associations professionnelles en Belgique. “Nous ne travaillons pas moins, mais l’équilibre entre notre vie de famille et notre travail est plus harmonieux”, disent-elles.

Elles cuisinent, préparent les tartines et font la lessive, mais à côté de ces tâches maternelles classiques, elles gèrent leur propre société. Elles ont ainsi plus de liberté pour mieux organiser leur vie de famille, même si, comme tout chef d’entreprise, les mompreneurs sont confrontées à toutes sortes de difficultés – financières, techniques ou autres. “Une mompreneur n’est pas différente d’un autre entrepreneur”, assure Laurence Verset, créatrice du site Mompreneurs.be, le réseau wallon des mamans entrepreneuses. “Elles portent plusieurs casquettes au sein de leur entreprise, et aussi celle de mère, car c’est un rôle auquel elles ne veulent pas renoncer.” Les critiques y voient la version moderne de la femme au foyer. Laurence Verset entend souvent cette remarque. “Il est détestable que le travail à domicile ne soit pas apprécié à sa juste valeur, surtout lorsqu’il concerne les femmes, réplique-t-elle. Je ne vois pas très bien en quoi le fait d’interrompre une journée de travail pour s’occuper des enfants enlèverait quoi que ce soit à nos activités. Beaucoup de mompreneurs se remettent au travail à l’heure où d’autres s’installent devant la télévision, sortent ou vont dormir.”

“Mompreneurs”, unissez-vous !

Aux Etats-Unis, berceau du mompreneuriat, il existe déjà des classements tels que le Top 50 des mompreneurs de l’année, tandis que sous nos cieux, le concept est encore récent. Le groupement wallon Mompreneurs.be a vu le jour début 2011 et fait des émules au nord du pays cette année. Si les deux associations – Mompreneurs.be et Mompreneurs-nl.be – comptent pas mal de jeunes mères parmi leurs membres, elles considèrent cependant que leur public cible est plus large. “Au sens classique du terme, les mompreneurs sont en effet des femmes qui ont pris le statut d’indépendant après la naissance de leurs enfants”, reconnaît Heidi Verbeuren, cheville ouvrière de l’association néerlandophone. “Nous avons une conception plus large : certaines de nos affiliées étaient déjà entrepreneuses avant leur maternité, d’autres ne le sont devenues qu’après que leurs enfants ont grandi, d’autres encore sont à la fois mères, grands-mères et entrepreneuses. Nous accueillons aussi les mères qui recherchent de l’aide pour leur projet d’entreprise avant de se jeter à l’eau.” Les deux associations sont très actives sur Internet, où elles mettent en avant leurs membres ; outre leur réseau virtuel (qui passe notamment par des forums en ligne), elles organisent des formations, des encadrements et des rencontres régionales. Autant d’initiatives censées stimuler les contacts entre les mères indépendantes travaillant à domicile, mais qui ressemblent fortement à ce que d’autres organisations d’indépendants font déjà. Quelle est, dès lors, la valeur ajoutée de mompreneurs.be ? “Nous sommes plus accessibles, répond Heidi Verbeuren. Dans de nombreux cas, nous recommandons aussi à nos membres de prendre contact avec l’Unizo ou l’UCM, où il existe des initiatives pour entrepreneuses, telles que Mabizz ou Diane. La maman qui lance sa petite entreprise depuis son domicile est souvent réticente à l’idée de participer à une telle initiative, parce qu’elle y côtoiera aussi des femmes d’affaires de haut niveau. On peut beaucoup apprendre d’elles, mais le seuil est plus élevé”. “En outre, nos associations insistent beaucoup plus que les autres sur le lien entre les rôles de mère et d’entrepreneuse, ajoute Laurence Verset. Notre atout est sans aucun doute la solidarité féminine.”

Le soutien de l’entourage

Les bons conseils que l’on peut donner aux mompreneurs en herbe ? Il y a les classiques : se faire encadrer, rédiger un business plan, explorer le marché ou soigner la communication. Il est aussi essentiel qu’elles soient soutenues, en particulier par leur propre entourage. “La femme qui ambitionne de devenir mompreneur doit avoir le soutien de sa famille et de ses amis, affirme Heidi Verbeuren. Nous remarquons que les femmes confrontées à l’incompréhension de leur entourage ont beaucoup de mal à développer leur affaire.” Ce soutien de l’entourage est absolument nécessaire, parce que par définition, la mompreneur n’a pas la tâche plus facile, explique Laurence Verset. “C’est sans doute le premier conseil que nous voulons leur donner. Elles doivent trimer dur, en tout cas les cinq premières années. Elles passent plus de temps avec leur famille, mais elles travailleront de 6 à 21 heures, voire le dimanche matin. Il faut en outre apprendre à travailler alors que le reste de la famille se détend à la maison.”

>>> Retrouvez le dossier completdans le Trends Tendances du 2 août 2012

WOUTER TEMMERMAN

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