Les milliardaires chinois font grise mine

Le patron du groupe internet Tencent, Pony Ma, est 2e de ce classement avec un bas de laine de 33,7 milliards d'euros. © belgaimage

Leurs rangs s’éclaircissent pour la deuxième année de suite: les multimilliardaires chinois voient leurs fortunes s’étioler avec le combat engagé par Pékin contre le surendettement des grandes entreprises, selon une étude publiée jeudi.

La Chine reste depuis 2015 le pays du monde qui compte le plus grand nombre de milliardaires en dollars, devant les États-Unis. Ils ne sont désormais pas moins de 62, dont 32 disposent de plus de 10 milliards de dollars. Mais selon le classement annuel du groupe de médias Hurun Report, les fortunes de plus de 2 milliards de yuans (255 millions d’euros) ne sont plus que 1.819 cette année, soit 3% de moins qu’en 2018.

“C’est la première fois depuis (le début du classement il y a) 21 ans que la liste se resserre pour la deuxième année consécutive”, a commenté le président du groupe de presse spécialisé dans le monde du luxe, Rupert Hoogewerf. Auparavant, les seules années où les rangs des plus riches avaient diminué étaient 2008, lors de la crise financière, et en 2002, après l’éclatement de la bulle internet.

Cette année, les secteurs traditionnels tels que l’industrie et l’immobilier souffrent à mesure que des entreprises surendettées se voient obligées de vendre des actifs, réduisant d’autant la fortune de leurs actionnaires. “Près de 40% de ceux qui figuraient sur la liste il y a deux ans en sont sortis”, a remarqué M. Hoogewerf. “Ceci est directement lié à la décision du gouvernement chinois de restructurer l’économie” face aux risques financiers, selon lui.

Témoin de ces déboires, Wang Jianlin, patron du conglomérat Wanda, qui a construit sa fortune sur l’immobilier, a vu celle-ci fondre pratiquement de moitié en deux ans, à 15,5 milliards d’euros. Son groupe, très endetté, a dû se défaire de nombreuses participations qu’il détenait, notamment à l’étranger dans les secteurs du tourisme et des loisirs. M. Wang se retrouve à la 9e place des Chinois les plus riches, alors qu’il occupait la tête du classement en 2017.

En revanche, les grosses fortunes de la nouvelle économie, comme l’informatique, la pharmacie et l’éducation, prennent la relève.

Jack Ma, l’excentrique fondateur du géant du commerce électronique Alibaba, a conservé sa première place avec 35,5 milliards d’euros dans son coffre-fort. Une fortune conséquente pour un jeune retraité: M. Ma, 55 ans, vient de céder les commandes de son groupe le mois dernier.

Le patron du groupe internet Tencent, Pony Ma, est quant à lui sur ses talons avec un bas de laine de 33,7 milliards d’euros.

Marchant sur les pas de Jack Ma, Colin Huang, patron d’un autre groupe de commerce en ligne, Pinduoduo, devient à 39 ans le premier milliardaire né dans les années 1980 à entrer dans le top-10. Son entreprise permet aux internautes de faire des achats groupés à très bas prix.

Pas moins de 11 milliardaires nés dans les années 1990 sont désormais dans la liste des plus de 2 milliards de yuans.

En dépit de la guerre technologique que lui livrent les Etats-Unis, le fondateur du géant des télécoms Huawei, Ren Zhengfei, voit sa fortune grossir de 34% à 2,7 milliards d’euros.

Selon M. Hoogewerf, la guerre commerciale sino-américaine n’a pas encore eu d’impact sur les coffres forts des super-riches, même si elle a d’ores et déjà entraîné un ralentissement économique en Chine.

Le malheur des uns fait le bonheur des autres: dans l’agro-alimentaire, le patron du groupe porcin Muyuan triple sa fortune à 12,7 milliards d’euros

Muyuan a décroché le jackpot en vendant près de 6 millions de cochons à la suite d’une épidémie de peste porcine qui a décimé le cheptel de ses concurrents et fait flamber les cours en Chine de 50% depuis un an.

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