Les marques, labels et filières foisonnent à Libramont

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Le terreau de la Foire agricole de Libramont est fertile en marques, labels et autres filières qui ont fleuri en nombre dernièrement et espèrent faire florès. Ces évolutions répondent tantôt à un souci environnemental, tantôt se profilent comme autant de réponses et solutions possibles à la crise qui secoue l’élevage.

Vendredi, au premier jour de la 85e Foire de Libramont, cinq éleveurs ardennais de bovins ont lancé “Sainbiooz” (prononcez comme le mot “symbiose”), une filière coopérative de viande bovine bio. Cinq producteurs, qui élèvent cinq races de viande bovine (charolaise, blonde d’Aquitaine, parthenaise, rouge des prés et limousine), et qui entendent maîtriser toute la chaîne, de l’abattage à la commercialisation en passant par la découpe et la transformation. Une façon de mettre en avant le savoir-faire local, de rependre la maîtrise de la commercialisation, de renouer le lien avec le consommateur, de répondre à la crise…

Outre le cahier des charges du “bio”, les éleveurs de Sainbiooz s’engagent à respecter sept principes concernant notamment le bien-être animal, le respect de l’environnement, un prix juste ou la sécurité et la transparence et ce, “pour garantir une viande de qualité optimale.”

Deux jours plus tard, toujours à Libramont, c’est une autre poignée de quatre éleveurs, eux aussi ardennais, mais cette fois de race blanc-bleu, qui annoncent la création de la marque de viande bovine “Cornu” et veulent proposer par ce biais aux consommateurs un produit noble, local, éthique et transparent.

Pour les éleveurs, créer une marque est une manière de retrouver de l’autonomie par rapport à d’autres acteurs de la chaîne et de valoriser leur production, obtenue dans le respect de normes strictes, à l’heure où l’Union européenne va s’ouvrir davantage à de la viande importée d’Amérique du sud (accord de libre-échange avec le Mercosur).

Le Sommet des éleveurs tenu il y a quelques mois à Libramont n’est pas étranger à ces deux initiatives, en ce qu’il a permis à différents acteurs et observateurs du monde de l’élevage de se rencontrer, de discuter, de phosphorer… et de passer à l’acte.

Mais le foisonnement de marques de viande ne risque-t-il pas d’être, in fine, contre-productif? La manager de la Foire de Libramont, Natacha Perat, ne le pense pas. C’est même tout l’inverse, selon elle. “S’il y a 25 marques, cela fera 25 choix pour le consommateur, c’est assez extraordinaire. C’est génial d’avoir cette diversité-là”. “Une marque, c’est une valeur, cela doit appartenir aux producteurs”, estime-t-elle.

Dans le secteur bio, l’Union nationale des agriculteurs biologiques (Unab) a profité de la Foire agricole de Libramont pour faire connaître le lancement d’un label “Biogarantie Made in Belgium”, dont le cahier des charges va au-delà des exigences requises par la législation européenne en matière de produits biologiques et inclut trois nouvelles spécifications: le caractère local d’un produit, la traçabilité et un prix rémunérateur pour le producteur.

Cette dernière préoccupation est aussi au coeur du nouveau label “Prix juste producteur” mis en place par le Collège des producteurs. Il consacre des relations commerciales de qualité entre un producteur et un acheteur et repose sur 15 critères. La démarche vise aussi à encourager les agriculteurs à s’affirmer dans leurs relations commerciales et à les inciter à calculer leurs coûts de production, un exercice qui n’est pas toujours évident ni automatique dans le secteur agricole.

D’ici la fin de cette année également, c’est un logo qui fera son apparition sur les cartes et devantures des établissements horeca du pays pour permettre aux consommateurs d’identifier, cette fois, les restaurants qui servent et s’engagent à promouvoir la viande bovine produite en Belgique. Le pictogramme, qui sera dévoilé dans quelques semaines, s’inscrit dans le cadre d’une charte horeca initiée par le ministre fédéral de l’Agriculture, et associe les fédérations horeca des trois Régions du pays ainsi que les organisations agricoles membres de l’Agrofont (la Fédération wallonne de l’agriculture, le Boerenbond et l’ABS). “Il faut donner la possibilité au consommateur d’identifier en un seul coup d’oeil les produits faits près de chez lui”, a justifié Denis Ducarme, estimant important de valoriser le travail des éleveurs belges “quelle que soit la race de viande”.

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