Les entreprises belges se réinventent peu et pas assez rapidement

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Alors que nombre d’entreprises au niveau mondial se concentrent sur le renforcement de leur croissance et de leur résilience, les entreprises belges restent plus ancrées dans les pratiques traditionnelles.

Selon le rapport 2021 Global Human Capital Trends de Deloitte, les dirigeants belges réagissent différemment aux défis posés par la pandémie du Covid que les dirigeants d’entreprises des autres pays. Plus de 3.600 cadres, issus de 96 pays, ont contribué à ce rapport, dont 309 répondants belges, et 171 personnes parmi ces répondants sont cadres.

Notre rapport 2021 examine comment les organisations et les dirigeants peuvent tirer parti de cette pandémie pour réinventer fondamentalement le travail, en passant d’une focalisation sur la survie à la recherche de la prospérité, explique Yves Van Durme, partenaire Global Human Capital et co-auteur du HC Trends. Si la pandémie nous a appris une chose, c’est que nous devons apporter des changements et nous préparer à l’imprévu. Réinventer le lieu de travail est essentiel non seulement pour être prêt à faire face à tout événement futur, mais aussi pour prospérer au niveau international“.

Or, c’est justement là que le bât blesse. Les cadres belges se concentrent “sur la mise en place de nouvelles pratiques, politiques et incitations au travail”, alors que leurs homologues mondiaux s’efforcent de “construire une culture organisationnelle qui valorise la croissance, l’adaptabilité et la résilience”.

Les entreprises belges n’effectuent pas de changements fondamentaux et ne réinventent pas le travail. Elles s’appuient plutôt sur les pratiques traditionnelles et recourent à des politiques et procédures d’adaptation“, souligne Yves Van Durme.

Des leçons ont néanmoins été tirées de la pandémie

Afin de préparer les éventuelles futures perturbations, il est impératif de réinventer fondamentalement le travail. Les entreprises belges l’ont bien compris. Si 16 % des cadres belges ont déclaré que leur organisation se concentrerait sur la planification d’événements peu probables à fort impact, ils n’étaient que 5 % seulement à le faire avant la pandémie. De même, ils n’étaient que 24 % enregistrés avant la pandémie à souligner que leur entreprise se concentrait sur plusieurs scénarios différents de préparation à des événements inconnus, ils sont désormais 40 % des cadres à dire les prévoir.

Cela bouge donc, mais pas aussi vite qu’à l’extérieur de nos frontières car près de la moitié des cadres belges indiquent qu’ils se concentrent aujourd’hui uniquement sur des événements probables, ou pire, qu’ils n’ont aucune stratégie de préparation pour l’avenir (44 %).

De plus, face aux bouleversements qu’ont connu les entreprises cette dernière décennie, la tendance a été de recourir à des solutions ponctuelles pour rester dans la course à la compétitivité. Face à cela, les cadres belges admettent que la planification d’événements attendus n’est pas une base assez solide pour faire face aux scénarios inconnus qui risquent fort bien d’arriver un jour. Et que dès lors, quitter cette zone de confort qu’est une approche axée sur le familier est indispensable pour aller vers une planification axée sur l’inconnu.

Tout s’accélère mais la route est encore longue

Nos clients nous disent que là où ils pensaient disposer de plusieurs années pour repenser des points de vue dépassés et établir de nouvelles normes, ils doivent à présent apporter des changements en quelques mois, voire en quelques semaines ou jours, déclare Nathalie Vandaele, responsable du capital humain chez Deloitte Belgium. Si elles veulent continuer à concurrencer au niveau mondial, nos entreprises doivent intégrer cette flexibilité dans la façon dont elles se préparent pour l’avenir“.

Une de leçons à tirer de la pandémie, c’est que, pour se préparer à l’inattendu, l’improbable, les organisations doivent réinventer le travail. Cette réinvention passe par un soutien accru aux travailleurs afin de leur permettre et surtout de les aider à relever les défis que la rupture avec le passé peut entraîner. Le rapport souligne que “les organisations qui ont offert aux travailleurs la possibilité et le choix d’explorer les domaines qui les passionnent sont parvenues à accélérer ces changements.”

S’il reste du chemin à parcourir, les cadres belges sont néanmoins sur la bonne voie puisque 49% (contre 29% avant la pandémie) se focalisent à présent sur la manière de réinventer le travail au cours des trois prochaines années. Mais cette augmentation ne permet pas de combler l’écart avec leurs homologues mondiaux qui eux sont 60 % à prévoir de se concentrer sur la manière de réinventer le travail.

Cela n’est pas surprenant car les entreprises belges ne se concentrent pas encore sur les bons aspects de la transformation du travail, comme ‘la construction d’une culture organisationnelle mettant à l’honneur la croissance, l’adaptabilité et la résilience’ et ‘le renforcement des capacités de la main-d’oeuvre par le biais de l’amélioration des compétences, de la requalification et de la mobilité’, conclut Yves Van Durme. Il existe encore une énorme opportunité de changement en Belgique “.

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