Les entreprises belges ont un chiffre d’affaires de 9% supérieur à celui d’avant crise
Sans la pénurie de main-d’oeuvre et de matières premières, la reprise aurait pu être plus forte encore, montre une enquête pilotée par la FEB et la Banque nationale.
La crise est passée. En octobre, les entreprises belges ont en moyenne dépassé de 9% leur chiffre d’affaires d’octobre 2019, selon une enquête menée par la FEB, la BNB et plusieurs fédérations d’entreprises et d’indépendants. Cette enquête, identique à celle que menait l’ERMG, le comité de pilotage qui a aidé le gouvernement à gérer la crise sanitaire de mars 2020 à août 2021, a été réalisée auprès de 2.300 entreprises entre le 25 et le 27 octobre dernier. Elle constate donc qu’en moyenne les entreprises ont dépassé leur niveau d’avant crise.
“Mais ce constat cache une très grande hétérogénéité“, observe Geoffrey Minne, économiste auprès de la BNB. Une majorité de secteurs sont dans le vert. Certains comme les activités immobilières ou le secteur de l’information et de la communication affiche une hausse de plus de 30% de leurs chiffres d’affaires par rapport à octobre 2019. Mais d’autres comme les agences de voyage, l’horeca, le secteur des ventes au détail non alimentaire restent fortement touchés aujourd’hui. “C’est lié au changement d’habitude mais aussi à la crainte persistante de l’épidémie auprès des consommateurs “, dit-il. Et cette hétérogénéité se retrouve aussi au sein même des secteurs, avec des différences selon la taille des entreprises : “les plus petites souffrent d’une reprise moins dynamique que les grandes”, constate Geoffrey Minne.
Pénuries et contraintes
La reprise est solide, mais elle est actuellement entravée par des contraintes d’offre, poursuit la Banque nationale. Les entreprises interrogées indiquent que la pénurie de main-d’oeuvre et les problèmes d’approvisionnement ont réduit leur production ou prestation de services respectivement de 5 et 4 % ce mois-ci. “La pénurie de main-d’oeuvre s’est accentuée et est un problème que rencontrent près de six entreprises sur dix : 17 % des entreprises considèrent cette pénurie comme forte”, ajoute Peter Reusens, économiste auprès de la BNB. Cela laisse à penser que, sans ces contraintes d’offre, l’économie aurait été en mesure de digérer la crise du COVID-19 beaucoup plus facilement et qu’elle aurait déjà retrouvé ou dépassé la trajectoire de croissance escomptée avant la crise, note la BNB.
Plus de 80 % des entreprises interrogées dans la vente en gros, la vente au détail (alimentaire et non alimentaire), l’industrie et la construction font face à des problèmes d’approvisionnement. Elles sont plus de 60 % dans l’agriculture et l’horeca. La plupart des entreprises s’attendent à ce que ces difficultés persistent jusqu’à la moitié voire la fin de l’année prochaine.
Une hausse des prix de 13% sur 12 mois
Ces tensions se répercutent sur les prix. Combinées à la hausse des prix énergétiques, elles exercent un impact sur les produits énergétiques, les produits intermédiaires, les matières, premières, le transport, l’emballage, … bref sur les éléments qui entrent dans le processus de production, et dont le prix est perçu comme étant d’une vingtaine de pourcents plus élevé que la normale dans l’industrie et l’agriculture, la construction, le commerce de détail et de gros, l’horeca…. Du coup, gare à l’inflation : les entreprises interrogées font état d’une majoration moyenne de 6 % de leurs prix de vente au cours des six derniers mois et elles s’attendent à une hausse d’une ampleur similaire au cours des six prochains mois, soit 13% sur un an, note Geert Langenus, macro économiste auprès de la BNB.
“La question principale subsiste : est-ce une que cette inflation c’est un phénomène temporaire ou non, ajoute-t-il, mais on voit que les entreprises traduisent de plus en plus cette pression sur les prix de revient dans leur prix de vente”.
La question : le marché de l’emploi
“Sur les aspects chaînes de valeurs, si l’épidémie s’en va, nous allons retrouver une forme d’équilibre, tempère Pierre Wunsch. C’est du temporaire qui peut durer pendant l’année prochaine, voire 2023 dans certains secteurs, mais qui n’est pas structurel. L’autre aspect qui en revanche peut s’avérer plus durable est la question du marché de l’emploi, poursuit-il. Nous sommes déjà revenus à des niveaux d’emploi d’avant crise et les tensions vont durer”.
Cette enquête conforte aussi Pierre Wunsch dans sa conviction qu’il ne faut plus de programme de relance tous azimuts. “J’étais intervenu plusieurs fois il y a six à neuf mois pour dire : les gens ont beaucoup épargné pendant la crise. Nous avons le sentiment qu’une politique de relance purement keynésienne de soutien de la demande n’est pas justifiée, note le gouverneur de la BNB. Nous n’avons plus besoin de faire de la relance simple pour soutenir le revenu des gens. Nous allons revenir plus vite aux réformes structurelles qui s’imposent depuis plusieurs années.”
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