Le Top 50 des employeurs les plus attractifs de Belgique

La Commission européenne est l'employeur le plus attractif de Belgique, suivie du Conseil européen. Le Parlement européen se classe quatrième, derrière l'Otan. © Belga Image

Les Belges travaillent plus volontiers pour des organisations internationales comme la Commission européenne et l’Otan, ainsi que pour les instances publiques comme l’ONE, selon une étude de Randstad. Dans le secteur privé, les marques les plus attractives sont Google, Apple et Tesla, suivies des grandes sociétés pharmaceutiques.

Voilà plus de 15 ans que Randstad étudie l’image de marque des employeurs (employer brand). Le groupe de ressources humaines a rassemblé les derniers résultats relatifs à la Belgique dans un livre. L’ouvrage, intitulé Travailler sa marque, dresse la liste des employeurs les plus attractifs de Belgique (voir tableau plus bas) Cette année, la Commission européenne vient en tête du classement. Elle obtient le meilleur score d’attractivité : 67 %.

Pour calculer l’attractivité “relative” de l’employeur, Randstad évalue le pourcentage des personnes désireuses de travailler pour une entreprise parmi celles qu’elles connaissent. Randstad fait ainsi la différence entre attractivité et notoriété. Les succès uniques ou passagers d’une entreprise n’influencent nullement son attractivité. Randstad distingue également l’attractivité “absolue”, sur laquelle la notoriété de l’entreprise a effectivement un impact non négligeable (lire l’encadré plus bas “Comment mesure-t-on l’attractivité d’un employeur ?”).

 La vie semble belle, chez Google à Saint-Ghislain, près de Mons. L'entreprise est la cinquième la plus attractive de Belgique.
La vie semble belle, chez Google à Saint-Ghislain, près de Mons. L’entreprise est la cinquième la plus attractive de Belgique.© REPORTERS

D’autres organisations internationales sont également bien cotées : le Conseil de l’Union européenne (66%), l’Otan (64%) et le Parlement européen (62%). Ces excellents résultats s’expliquent aisément, estime Jan Denys, expert de la politique du marché de l’emploi chez Randstad et auteur du livre. ” Les organisations internationales recrutent sur le marché international de l’emploi, ce qui influence positivement les conditions de travail “. Les organisations telles que la Commission européenne et l’Otan paient bien leur personnel. Elles garantissent en outre la sécurité d’emploi, un avantage très apprécié des travailleurs.

Les marques disruptives sont bien vues

La baisse d’attractivité des banques n’est plus passagère mais structurelle.” Jan Denys, Randstad

La prise en compte des institutions internationales dans l’étude comparative est assez récente. Pendant des années, Randstad s’est principalement intéressé aux grandes entreprises (en termes d’emploi) du secteur privé. Le tableau qu’elle dressait du marché de l’emploi était de ce fait tronqué. En 2012, l’étude a été élargie au secteur public et non marchand, qui représente 45 % de l’emploi en Belgique. Outre les organisations internationales, le groupe de ressources humaines prend également en considération les entreprises et les marques disruptives qui surfent sur les grands changements économiques et sociétaux, comme la numérisation ou l’économie verte, entre autres Google, Facebook, Uber, Airbnb et Apple.

La première société privée du classement après les organisations internationales est Google, avec un score de 61 %. Apple (55%) et Tesla (54%), au fort pouvoir d’attraction, affichent un score supérieur à celui de l’entreprise ” traditionnelle ” la mieux cotée, à savoir Glaxo-SmithKline (50%). Facebook suit de très près avec 48 %.

Le Top 50 des employeurs les plus attractifs de Belgique
© TT

Google offre tous les avantages d’un employeur attractif : paquet salarial compétitif, ambiance de travail agréable, contenu de fonction intéressant, bon équilibre vie privée/vie professionnelle, santé financière et opportunités de carrière pour les travailleurs. ” Il ne suffit pas d’être disruptive pour obtenir un bon score d’attractivité, précise Jan Denys. Avec un score de 37 %, Amazon ne figurerait pas dans le top 20 des entreprises traditionnelles. Uber et son faible score de 14 % est la lanterne rouge du classement. ”

Le secteur financier en perte de vitesse

Les géants pharmaceutiques Glaxo-SmithKline, Janssen Pharmaceutica et Pfizer se sont toujours distingués dans la catégorie des entreprises privées. Jugés les plus attractifs du secteur de 2011 à 2016, ils tenaient déjà le haut de l’affiche entre 2001 et 2010. Le secteur pharmaceutique confirme donc son haut degré d’attractivité. Il n’était devancé par le secteur des médias qu’en termes d’ambiance de travail ces dernières années.

De nouvelles entreprises privées ont fait leur apparition dans le classement. Brussels Airlines se classe, avec 42 %, en 32e position du classement des employeurs les plus attractifs et devient ainsi la 7e entreprise privée de la liste, alors que la compagnie n’était même pas reprise avant 2011. Brussels Airlines a opéré quelques modifications qui ont renforcé son attractivité, analyse Jan Denys. Celui-ci compare Brussels Airlines, créée sur les cendres de la Sabena, avec Audi Brussels, qui a succédé à Volkswagen Brussels : ” Les deux entreprises ont profité de l’occasion pour instaurer une culture d’entreprise positive et dynamique, et renouer avec une situation économique positive “. Outre Brussels Airlines, d’autres sociétés font leur entrée au classement, dont Thomas Cook et Mercedes-Benz.

ONE. L'Office de la naissance et de l'enfance (Fédération Wallonie-Bruxelles) se classe sixième employeur le plus attractif, et premier institutionnel belge.
ONE. L’Office de la naissance et de l’enfance (Fédération Wallonie-Bruxelles) se classe sixième employeur le plus attractif, et premier institutionnel belge.© BELGA IMAGE

De l’autre côté, le secteur financier perd de son attractivité depuis plusieurs années, un phénomène prévisible. Les banques n’avaient cessé de grimper dans le classement depuis 2000. Par exemple, Fortis a obtenu en 2002 un score de 29 %, et en 2007, ce score est grimpé à 43 %. ING, Dexia et KBC se classaient, elles aussi, régulièrement en tête du classement. La crise financière de 2007-2008 a tout chamboulé. Fortis et Dexia ont baissé de 15 et 9 points respectivement. ING et KBC ont pu limiter les dégâts à 5 %. Après 2009, les grandes banques belges ont encore reculé de 7 à 10 points. ” La baisse d’attractivité des banques n’est plus passagère mais structurelle “, en conclut Jan Denys.

Sécurité d’emploi dans le secteur public

Dans la lutte que se livrent les employeurs pour être les plus attractifs, les entreprises traditionnelles doivent faire face à la concurrence non seulement des institutions internationales et des marques disruptives mais aussi du secteur public national. Le top 3 du secteur public est occupé par l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE), l’Autorité flamande (55%) et les services publics fédéraux (49%).

Pourquoi ce secteur est-il si populaire ? Primo, du fait de la sécurité d’emploi et du système de nominations fixes. Les licenciements collectifs n’existent pas. Les réductions d’emploi se font par le non-remplacement ou le remplacement partiel des fonctionnaires sur le départ. L’équilibre travail-vie privée est souvent meilleur que dans le privé. Le paquet salarial joue également un rôle, ce qui peut paraître étonnant car les salaires sont généralement perçus comme moins élevés dans le public que dans le privé. Or, c’est souvent l’inverse.

L’enquête de Randstad reprend aussi depuis 2015 le secteur non marchand. Le classement de tête des organisations non marchandes les plus attractives se compose exclusivement d’universités et d’hôpitaux universitaires. L’université de Namur obtient le score le plus élevé : 52 %. Les facteurs déterminants sont : sécurité d’emploi, impact positif sur l’environnement et la société (critère quasi inexistant dans le secteur privé), contenu de la fonction et formations.

Jan Denys, “Travailler sa marque. Pourquoi tout le monde veut travailler pour Google, Tesla, Facebook et la Commission européenne”, éditions LannooCampus, 2017, 200 pages.

23 % des jeunes professionnels accepteraient de voir leur salaire réduit pour travailler au service d’une entreprise à l’identité forte.

L’employeur qui bénéficie d’une bonne image fait des économies

L’image employeur (employer brand) reflète l’identité, l’image et l’attractivité d’une entreprise auprès des employés potentiels. Vu l’étroitesse actuelle du marché de l’emploi, une image de marque forte est un atout de poids : elle permet d’attirer les meilleurs candidats. L’étude montre en outre que les candidats sont disposés à renoncer à une partie de leur salaire pour travailler au service d’une entreprise affichant une image employeur forte. Tout comme les consommateurs sont disposés à payer plus pour une marque forte.

Une image employeur forte permet aussi d’engager plus facilement des collaborateurs, de les fidéliser et d’en obtenir une plus grande implication. Selon une étude du réseau social LinkedIn, l’employeur qui bénéficie d’une bonne image peut économiser jusqu’à 10 % de coûts salariaux. Les coûts de recrutement et la rotation de personnel diminuent respectivement de 45 % et 28 %. Parmi les jeunes professionnels (18 à 35 ans), 23 % d’entre eux accepteraient de voir leur salaire réduit de 2 % pour travailler au service d’une entreprise à l’identité forte et 15 % accepteraient même une réduction de salaire de l’ordre de 5 %.

Comment mesure-t-on l’attractivité d’un employeur ?

Le classement des employeurs les plus attractifs est établi dans un premier temps en fonction de la réponse donnée à cette simple question : Dans quelle mesure auriez-vous envie de travailler pour cet employeur ? L’enquête est ensuite affinée sur base d’autres critères objectivement mesurables comme le salaire, le contenu de la fonction et la santé financière, mais aussi selon des critères subjectifs tels que l’équilibre travail/vie privée, l’ambiance de travail et les valeurs. Les répondants sont des Belges de 18 à 65 ans.

L’enquête se base sur différents critères mais aucun n’est déterminant. Pour être perçu comme attractif, l’employeur doit obtenir un bon score sur plusieurs critères à la fois. Les critères facilement mesurables sont les suivants :

1. paquet salarial compétitif

2. ambiance de travail agréable

3. sécurité d’emploi

4. contenu de la fonction intéressant

5. bon équilibre travail/vie privée

6. localisation de l’entreprise

7. santé financière

8. perspectives d’avenir, possibilités de carrière

9. formations de qualité

10. produits et services de qualité.

L’ordre de ces critères a été quelque peu modifié par rapport à celui proposé de 2004 à 2010. Par exemple, la localisation de l’entreprise (actuellement en sixième position) ne venait alors qu’en neuvième position. La localisation est aujourd’hui plus importante, étant donné la difficulté accrue d’effectuer les trajets domicile-lieu de travail. L’étude montre que la perte de temps occasionnée par ces trajets a un impact négatif sur le degré de satisfaction des travailleurs. Il est tout à fait logique que le paquet salarial vienne en première position et la sécurité d’emploi en troisième position mais l’entreprise n’a pour ainsi dire aucun impact sur ces critères. Les salaires dépendent essentiellement du marché sur lequel opère l’entreprise. De nombreux salaires sont fixés par la commission paritaire dont l’entreprise relève. Quant à la sécurité d’emploi, elle dépend égale-ment du secteur et de la con-joncture économique. Les critères subjectifs qui jouent un rôle capital dans le choix de l’employeur sont : sincérité, fiabilité, sécurité et respect.

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