Le statut précaire des coursiers à vélo inquiète encore et toujours
Les coursiers à vélo sillonnent les grandes villes depuis de nombreuses années et leur présence est encore plus massive depuis la crise du Covid. Pour autant, leur statut reste toujours aussi précaire, estime le syndicat du transport UBT. Dans un livre noir qu’elle présentera mardi, l’organisation dénonce l’absence de concertation sociale et de représentation au sein des différentes plate-formes actives en Belgique.
Les trois acteurs majeurs du secteur des livreurs de repas, Takeaway.com, Deliveroo et UberEats, sont dans le collimateur de l’UBT. Si le premier s’en sort un peu mieux que ses concurrents notamment parce qu’il paie ses coursiers à l’heure et non à la commande, le syndicat socialiste déplore tout de même l’absence de concertation sociale au sein des deux premières sociétés.
L’UBT a récemment conclu avec Uber un accord qui permet la concertation sociale pour les chauffeurs d’Uber et les coursiers à vélo d’UberEats. “Mais le désaccord au sujet du statut des gens qui travaillent pour l’appli Uber, reste”, commente le syndicat.
Dans un secteur où le statut de faux indépendant semble la norme, l’UBT souligne pourtant que les coursiers à vélo ne peuvent absolument pas choisir la manière dont ils exercent leur travail. “L’autorité exercée par l’entreprise est trop grande. Selon l’UBT, ces coursiers à vélo doivent donc être considérés comme des salariés de sorte qu’ils ont droit aux conditions de travail et de salaire de la commission paritaire Transport de marchandises et Logistique (Commission paritaire 140.03).”
“Les entreprises se déchargent de leurs responsabilités”
La plupart des entreprises ciblées dans le livre noir mettent tout en oeuvre pour ne pas être qualifiées d’entreprise de transport. “Elles le font en se déchargeant de leurs responsabilités, sans le moindre remords. Elles mettent toutes ces responsabilités et par conséquent les risques et la pression sur les épaules des coursiers à vélo qui travaillent pour elles.”
A l’image de ce qui se passe ailleurs dans le monde, il règne une forte concurrence sur le marché belge des plate-formes de repas. Les acteurs cherchant à proposer les prix les plus bas le font au détriment des conditions de travail et de salaire, conclut l’UBT.
Comme ces sociétés sont présentes un peu partout, le syndicat mise sur une mobilisation européenne pour faire entendre ses revendications. Il organise avec le syndicat danois 3F une conférence européenne mardi à Bruxelles. Des coursiers à vélo et des responsables de Pologne, des Pays-Bas, de France, de Belgique, d’Autriche et du Danemark seront présents.