Le séisme n’est pas une catastrophe pour nos entreprises

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Le tsunami qui a ravagé une partie du Japon fragilise un peu plus la reprise mondiale et fait plonger les Bourses mais nos entreprises ne devraient pas trop en pâtir, l’archipel n’étant que le 18e partenaire commercial de la Belgique.

Aucun doute : le séisme et le tsunami qui ont frappé le Japon, la troisième puissance économique de la planète, hypothèquent un peu plus la reprise mondiale, déjà fragilisée par l’instabilité dans les pays arabes et l’envolée des prix du pétrole. En témoigne le plongeon des Bourses en ce début de semaine. A ce stade, les économistes restent assez prudents quant à l’impact de cette catastrophe sur les économies occidentales. L’une des conséquences les plus concrètes pourrait être une pénurie de certains composants ou de pièces détachées nécessaires notamment pour faire rouler l’industrie automobile. A l’instar d’autres poids lourds de l’économie nipponne, le groupe Toyota a suspendu ses activités dans l’archipel pour quelques jours.

Problèmes de livraison en vue pour les clients Toyota

“Il ne devrait pas y avoir de conséquence immédiate pour le marché belge, assure Etienne Plas, le responsable de la communication de Toyota Motor Europe. Mais si l’arrêt de la production se prolonge, on pourrait connaître quelques problèmes de livraison de certains modèles de voitures fabriqués au Japon ainsi que des ruptures dans l’approvisionnement de pièces détachées.” Si plus de la moitié des véhicules de la marque Toyota vendus en Europe (comme les Yaris, Auris et autres Aventis) y sont produits, certains modèles comme la iQ ou la Prius sont en effet fabriqués au Japon et dès lors acheminés par cargo en Belgique.

Les deux centres logistiques que le constructeur nippon possède à Zeebrugge – où sont entreposées les voitures importées et destinées au marché européen – et à Diest – où sont concentrées les fournitures pour le service après-vente – pourraient dès lors tourner au ralenti au cours des prochaines semaines.

Une trentaine de sociétés belges actives sur place

De manière plus générale, l’économie belge ne devrait pas être trop affectée par la catastrophe japonaise, estime Michel Kempeneers, le chef du service Asie-Pacifique à l’Agence wallonne à l’exportation (Awex). “Depuis une quinzaine d’années, le marché japonais est en récession. Pour nos entreprises, il s’agit d’un marché très compétitif et la catastrophe actuelle ne devrait pas améliorer la situation.” Selon la Belgium-Japan Association (BJA), une trentaine de sociétés belges (contre une soixantaine il y a huit ans) sont actives sur place, des multinationales pour la plupart. C’est le cas de Bekaert ou encore d’Umicore.

Cette dernière possède trois usines dans l’archipel, dont une importante pour la production de produits catalytiques, située au sud de Tokyo, loin donc de la région sinistrée. Barco emploie également sur place 70 personnes, attachées essentiellement à la vente et au marketing de toute sa gamme de produits (écrans, projecteurs, displays médicaux, etc.). Le groupe courtraisien réalise au Japon 2 % de son chiffre d’affaires global, détaille Jean-Pierre Tanghe, le directeur de la communication de Barco. Assurant 12 % de ses revenus, la Chine représente un marché bien plus important.

Le fichier des exportateurs de l’Agence fédérale pour le commerce extérieur recense 1.775 sociétés belges exportant vers le Japon. Vu la complexité de ce marché, la plupart d’entre elles y opèrent avec l’aide d’un partenaire local. Le chocolatier Galler, qui possède quatre boutiques sur place ainsi que des corners à certains moments de l’année dans les grands magasins de luxe, ne produit rien au Japon. “Nous expédions par avion nos pralines tous les 15 jours”, précise Jean Galler, qui essayait en vain lundi d’entrer en contact avec ses partenaires locaux. “Le Japon représente 8 % de nos exportations, c’est notre plus important marché asiatique”, ajoute le chocolatier liégeois.

Un marché qui perd de l’intérêt aux yeux des Belges

Bien que troisième puissance économique mondiale, le Japon perd toutefois de l’intérêt aux yeux des sociétés belges depuis quelques années au profit de la Chine ou des autres pays émergents de l’Asie du Sud-Est. Si les exportations belges à destination du Japon ont connu un petit sursaut en 2009, progressant de 5,5 % à 2,2 milliards d’euros, la tendance est à la baisse depuis six ans. Après avoir atteint en 2005 un taux de croissance de 2,2 % (à 2,8 milliards), nos livraisons (essentiellement du matériel de transport, des produits chimiques et alimentaires) se sont sensiblement contractées en 2006, chutant de 8,2 %. La légère amélioration notée en 2007 n’a toutefois pas permis de redresser la barre et les exportations ont plongé encore davantage dans le rouge en 2008 (- 14,3 %). Malgré le petit rebond de 2009, le Japon n’absorbe finalement que 0,8 % de l’export belge, ce qui le place en 18e position dans le classement de nos partenaires commerciaux.

Dans le sens inverse, le Japon constitue notre neuvième fournisseur. Toujours en 2009, la Belgique a importé du Japon des marchandises pour 6,5 milliards d’euros. En matière d’investissements, les entreprises japonaises sont aussi davantage présentes sur le territoire belge. D’après la BJA, on en dénombre 214. Parmi les plus gros investisseurs, citons, à côté de Toyota, le groupe Asahi Glass, actionnaire d’AGC Flat Glass (ex-Glaverbel) qui investit dans un tout nouveau centre de R&D à Gosselies et dans un nouveau siège à Louvain-la-Neuve. Ou encore le groupe Kaneka, qui a récemment pris une participation de 70 % dans Eurogentec, l’un de nos fleurons dans le secteur de la biotechnologie.

Sandrine Vandendooren

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