Le secteur alimentaire réclame le kilowatt-heure à 100 euros

Quatre fédérations professionnelles francophones du secteur alimentaire réclament du gouvernement fédéral qu’il fixe le prix de l’électricité à 100 euros maximum le mégawatt-heure.

Propriétaires de magasins libre-service franchisés, bouchers, boulangers et membres de l’horeca (hôtels, cafés, restaurants) estiment que c’est la seule solution permettant de faire survivre leurs activités, dont ils prédisent la quasi disparition à court ou moyen terme si cette mesure n’est pas prise.

Les représentants de ces secteurs ont lancé mardi matin à Bruxelles lors d’une conférence de presse un véritable appel de détresse au gouvernement. Ils estiment que les prix actuels de l’électricité, tournant autour des 500 euros le mégawatt, ne permettent plus la survie de leurs entreprises et que les mesures d’aide déjà prises sont loin de pouvoir sauver la situation.

Ainsi, selon les représentants de l’association professionnelle du libre-service indépendant en alimentation (aplsia), les prix actuels de l’énergie et l’indexation des salaires représentent pour eux une perte sèche de 1 à 7 euros par caddie de marchandises valant 100 euros, alors que normalement, ils gagnent 2 euros sur ce même chariot. Cette situation met en difficulté 90% du secteur et menace de provoquer de nombreuses fermetures, avertissent-ils.

Le constat est semblable pour les 2.000 artisans bouchers-charcutiers wallons et bruxellois, qui gèrent 5.000 points de vente et disent générer 50.000 emplois directs et 25.000 indirects. Gros utilisateurs de frigos et autres surgélateurs, ils estiment que si le prix de l’électricité reste au niveau actuel, leur facture énergétique sera multipliée par dix. S’ils devaient la répercuter sur leurs prix de vente, le prix moyen du steak passerait de 25 à 45 euros le kilo et la saucisse de campagne de 12 à 20 euros le kilo. Après le Covid, cette crise fera définitivement disparaître les artisans bouchers, avec le commerce de proximité et les circuits courts et écoreponsables, ont affirmé les représentants de la Fédération des bouchers charcutiers traiteurs.

Gros consommateurs d’électricité (frigos, congélateurs, fours, pétrins, etc…), les boulangers-pâtissiers sont confrontés aux mêmes problèmes. Les représentants de la Fédération francophone de la boulangerie, pâtisserie, glacerie, confiserie, chocolaterie, affirment que de nombreux commerces de leur secteur ont déjà fermé leurs portes et que d’autres le feront bientôt, lorsque leur contrat de fourniture d’électricité à prix fixe prendra fin. Ils parlent carrément de disparition de la filière boulangerie-pâtisserie belge. La Belgique importe des fraises d’Espagne, “si ça continue, on importera du pain d’Espagne” prédisent les représentants du secteur.

L’augmentation du prix des denrées et les factures d’électricité entraînent une augmentation des prix allant de 15 à 30 euros qu’il n’est pas possible de répercuter auprès des consommateurs, estime la Fédération Horeca Wallonie. Elle ajoute qu’après les dégâts causés dans le secteur par la crise du Covid, c’est aujourd’hui la crise de trop. Alors que les gens limitent déjà leurs sorties au café ou au restaurant, près de 60% des entreprises indiquent qu’elles clôtureront 2022 en perte, si elles ne bénéficient pas d’un soutien supplémentaire, affirme la Fédération.

Il faut agir vite, sinon les faillites menaceront 300.000 emplois directs dans les activités tournant autour de l’alimentation, estiment les quatre fédérations francophones. Elles regrettent par ailleurs ne pas pouvoir agir de concert avec les organisations professionnelles flamandes du même secteur d’activité. Elles n’ont pas les mêmes motivations que nous, car les aides du gouvernement flamand pour répondre à la crise du Covid et à la crise actuelle sont bien plus importantes qu’en Wallonie et à Bruxelles, soulignent les fédérations francophones.

Pour concrétiser leur cri d’alarme, leurs représentants ont exposé lors de leur conférence de presse une petite assiette de carton contenant une boulette, cinq frites et un peu de sauce, flanquée d’une feuille de papier affichant “prix 25 euros”.

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