Le scandale Volkswagen devient mondial

/ © Reuters

Le scandale des moteurs diesel de Volkswagen prenait une dimension mondiale mardi, plusieurs pays voulant se pencher de plus près sur les voitures du constructeur allemand, sous intense pression pour s’expliquer.

Possible ouverture d’une enquête pénale aux Etats-Unis, convocation des dirigeants en Corée du Sud, demande en provenance de Paris d’une investigation pan-européenne: les choses se précipitaient mardi, quatre jours après les révélations des autorités américaines sur une manipulation de grande envergure orchestrée par Volkswagen pendant des années pour frauder les tests aux émissions outre-Atlantique.

Selon le journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, Volkswagen avait été alerté dès mai 2014 des griefs qui lui étaient faits, et avait même rappelé en décembre dernier de son plein gré un certain nombre de véhicules.

L’action Volkswagen a perdu 17% à la Bourse de Francfort lundi, faisant s’évaporer 15 milliards d’euros de capitalisation boursière, et piquait à nouveau du nez mardi matin (-6,20% à 124 euros à 08H25 GMT).

Hormis les “regrets” exprimés par le patron du groupe dimanche, et sa promesse de coopérer avec les autorités, le mastodonte de l’automobile, qui pèse 200 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel et emploie 600.000 personnes dans le monde, était muet sur l’affaire.

Questions pressantes

Pourtant, des gouvernements aux actionnaires en passant par les associations de protection des consommateurs, les questions se font pressantes dans un nombre croissant de pays. Berlin a ordonné des “tests approfondis” sur tous les modèles diesel de Volkswagen, la Corée du Sud a convoqué des représentants de Volkswagen mercredi après-midi et veut elle aussi “conduire des tests”.

Le ministre français des Finances Michel Sapin a réclamé une enquête “au niveau européen” pour “rassurer” les citoyens.

Volkswagen, fleuron de l’industrie allemande aux liens étroits avec la politique – un Etat régional allemand est actionnaire à son capital – a vendu 5 millions de voitures dans le monde au premier semestre, supplantant Toyota comme numéro un mondial.

Selon l’ONG qui a contribué à révéler le scandale, l’International Council on Clean Transportation, il n’est “pas exclu” que Volkswagen ait eu recours aux mêmes techniques de dissimulation en Europe, a déclaré son directeur exécutif Drew Kodjak dans un entretien à l’AFP: “Il appartient aux régulateurs du continent de déterminer s’ils sont oui ou non en présence d’un +logiciel trompeur+ comme aux Etats-Unis”.

Les modèles diesel de Volkswagen et Audi aux Etats-Unis étaient équipés d’un logiciel qui détectait le moment où étaient conduits les tests aux émissions polluantes, et en faussaient le résultat.

Tout le secteur soupçonné

Les associations de protection de l’environnement, en Allemagne notamment, soupçonnent le cas de n’être que la pointe de l’iceberg et les autres constructeurs d’avoir recours à des techniques similaires. Tout le secteur automobile était d’ailleurs malmené en Bourse encore mardi, BMW perdant 4,31% à 80,76 euros et Daimler 4,03% à 68,38 euros à Francfort.

Selon la presse allemande, les membres les plus influents du conseil de surveillance se réunissent mercredi à Wolfsburg (nord), siège de la société, et M. Winterkorn doit venir s’expliquer. Son avenir paraît de plus en plus incertain. Sollicité par l’AFP, le groupe n’était pas joignable dans l’immédiat pour commenter.

Théoriquement, l’organe de contrôle devait prolonger jusqu’à fin 2018 son mandat lors d’une réunion vendredi. Volkswagen est muet sur la tenue de celle-ci comme sur tout le reste.

Olaf Lies, ministre de l’Economie du Land actionnaire de Basse-Saxe et membre du conseil de surveillance, a prévenu mardi que “bien sûr” des têtes allaient tomber dans cette affaire. “Il va s’agir d’établir qui savait quoi, qui a pris les décisions”, a-t-il dit.

M. Lies a aussi appelé à ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain, rappelant que Volkswagen, maison mère de marques aussi diverses qu’Audi, Skoda, Porsche et Lamborghini, fabriquait “d’excellents produits”.

D’aucuns s’inquiétaient déjà en Allemagne du préjudice causé à la réputation des produits industriels allemands dans leur ensemble. “C’est un énorme coup porté à l’industrie allemande”, déplorait ainsi le député bavarois conservateur Max Straubinger. La première économie européenne est très fière de son industrie, pilier de son économie.

Avec l’AFP

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