Le Saab Gripen E abandonne la course à la succession des F-16

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La Suède devient ainsi, après le groupe aéronautique et de défense américain Boeing, le second candidat au marché de 34 nouveaux avions de combat à renoncer à répondre à l’appel d’offres adressé en mars dernier par la Défense belge.

L’agence étatique suédoise Swedish Defence Material Administration (Försvarets Materielverk ou FMV) qui proposait le nouveau chasseur Saab JAS-39 E Gripen pour la succession des avions de combat F-16 belges a annoncé lundi renoncer à concourir pour ce marché de 3,573 milliards d’euros en indiquant que le partenariat souhaité par le gouvernement belge exigerait de la Suède “une politique étrangère et un mandat politique suédois qui n’existent pas aujourd’hui”.

“Dès lors, la Suède et (l’agence) FMV ont décidé de ne pas soumettre de réponse” à l’appel d’offres lancé par la Belgique, a indiqué la Försvarets Materielverk dans un communiqué. Le ministère belge de la Défense a confirmé, lui aussi dans un communiqué, que FMV a annoncé lundi, au cours d’une rencontre avec l’équipe en charge du remplacement du F-16 (Air Combat Capability Program, ACCaP) qu’elle ne remettra pas d’offre dans le cadre de ce programme.

“La Défense belge prend acte de cette décision et remercie FMV pour la coopération ouverte et constructive durant ces trois dernières années”, ajoute le texte. Selon la Défense, “le planning actuel reste inchangé”. Ce planning prévoit qu’une recommandation motivée sera présentée au gouvernement belge – en vue de la conclusion d’un contrat d’achat avec le pays fournisseur du futur avion de combat – “d’ici mi-2018”.

La Suède devient ainsi, après le groupe aéronautique et de défense américain Boeing, le second candidat au marché de 34 nouveaux avions de combat, avec son Super Hornet F/A-18 E/F, à renoncer à répondre à l’appel d’offres (le “Request for Governmental Proposal”, RfGP), adressé en mars dernier par la Défense à cinq agences étatiques, deux américaines et trois européennes – représentant chacune un type d’avion. Boeing avait justifié sa décision en regrettant, après avoir examen, de ne pas voir “l’opportunité de concourir avec des règles du jeu véritablement équitables avec le Super Hornet F/A-18”.

Trois agences en lice

Il reste trois agences – et donc autant d’appareils – en lice: le Joint Program Office (JPO) pour le F-35A à décollage et atterrissage classiques Lightning II du groupe américain Lockheed Martin, la Direction générale de l’Armement (DGA, dépendant du ministère français de la Défense) pour le Rafale F3R de Dassault et le ministère britannique de la Défense (MoD) pour l’Eurofighter Typhoon. Le directeur de la “campagne” menée par Saab pour promouvoir en Belgique le nouveau chasseur suédois (un avion dont le prototype a effectué son premier vol le 15 juin), Per Alriksson, s’est déclaré “convaincu que le Gripen E est le meilleur avion de combat pour la Belgique car ses capacités opérationnelles remplissent et dépassent les exigences belges, tout en combinant un coût d’acquisition et de cycle de vie imbattable, et des possibilités de partenariat industriel”. Selon lui, le gouvernement suédois a décidé, “après une analyse approfondie”, de se retirer du processus d’acquisition belge.

“La raison principale est que, dans son RfGP, la Belgique demande notamment de la part du pays fournisseur un soutien opérationnel étendu. Ceci nécessite une politique étrangère et un mandat politique suédois qui n’existent pas à ce jour. Par conséquent, la Suède et FMV ont décidé de ne pas répondre à la demande belge. Saab respecte cette décision”, ajoute M. Alriksson dans une déclaration à l’agence Belga. “La Belgique est un pays important pour Saab, avec beaucoup d’opportunités économiques, et nous continuerons à collaborer avec l’industrie locale, même après cette décision”, a-t-il conclu. L’appel d’offres – un document de 247 pages – avait été adressé en mars à cinq agences étatiques, en leur demandant de répondre d’ici le 7 septembre à un long et complexe questionnaire et de rentrer leurs dernières propositions chiffrées pour le 14 février 2018.

Le gouvernement Michel a fait du remplacement des 54 F-16 actuels – dont les plus anciens sont entrés en service au début des années 1980 – une priorité de sa politique en matière de Défense, avec une signature de contrat attendue au plus tard début 2019. Le montant initial fixé pour ce marché est de 3,573 milliards d’euros pour l’achat de 34 avions, tout en sachant que le coût total sur la durée de vie du futur chasseur – estimée à 40 ans – et la fin de vie des F-16 vieillissants s’élève à une quinzaine de milliards d’euros.

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