Le “Ralph Lauren” belge qui rêve d’international

Nathalie Ducoin et Olivier Collignon. La fierté d'être belges. © PG

La start-up Fan’s Team met tout en oeuvre pour devenir le “Ralph Lauren” belge en proposant des vêtements sportswear de qualité. Levées de fonds, démarche sociétale, ” pop-up stores “, Belgique versus international… Coup d’éclairage sur cette SPRL en plein essor.

Administrateur-fondateur des centres de fitness Da Vinci Private Fitness & Wellness (Waterloo et Wavre), Olivier Collignon et son épouse Nathalie Ducoin ont créé la marque textile Fan’s Team en 2014. Tout est parti d’une page Facebook amateur qu’ils avaient créée pour vanter les bons résultats des sportifs belges et autres célébrités du pays. Devant l’engouement que suscitait cette page, le couple a décidé de concrétiser cette fierté d’être belge en créant une marque de vêtements de qualité aux couleurs noir-jaune-rouge. Plus de 100 modèles différents sont actuellement disponibles en différentes couleurs en collection hommes, femmes et enfants. La marque s’essaie aussi au B to B, en habillant, par exemple, les salariés des agences immobilières Century 21. Polo, doudoune, coupe-vent, chemise, etc., chaque pièce porte le logo de l’entreprise, sans oublier la signature noire-jaune-rouge de Fan’s Team.

D’une pierre deux coups avec le “crowdfunding”

Pour pouvoir lancer sa marque, la société a dû procéder à deux augmentations de capital. Plusieurs investisseurs privés, dont le pongiste Jean-Michel Saive et quelques industriels, ont souscrit à la première levée de fonds, de l’ordre de 60.000 euros, en 2015. Les actionnaires sont toujours les mêmes aujourd’hui.

Une deuxième opération a été réalisée en 2016, cette fois via la plateforme de financement participatif MyMicroInvest. Elle a permis de lever près de 80.000 euros auprès d’une bonne centaine d’investisseurs issus du grand public. ” Nous ne nous attendions pas à atteindre une telle somme, précise Olivier Collignon, cofondateur de la marque. A la base, nous avions utilisé le crowfunding plutôt comme un outil de mise en avant et de marketing, la presse étant assez friande de cette nouvelle forme d’investissement. Nous avons donc fait d’une pierre deux coups. ” Des panneaux et des spots publicitaires sur RTL-TVi ont été bénéfiques sur les ventes, mais c’est surtout le passage des cofondateurs dans l’émission Coûte que coûte, sur la chaîne privée, qui leur a valu une belle augmentation des ventes. ” Notre serveur a même sauté lorsque l’émission a été diffusée “, précise Olivier Collignon.

Une vente privée chez Jaguar

Ne trouvant pas de distributeur en Belgique, le couple d’entrepreneurs a éprouvé des difficultés à gérer sa présence dans différents points de vente multimarques avec lesquels il travaille en mode dépôt. Internet a totalement bouleversé la manière de consommer des clients. Aujourd’hui, les gens essaient en boutique, puis font ensuite leurs achats sur la toile. Les points de vente souffrent de plus en plus de cette concurrence, avec une pression accrue sur les marges à tous les niveaux. D’un autre côté, même si la vente en ligne est en pleine croissance, les Belges ne l’adoptent pas totalement : ils ont besoin d’être dans une relation de confiance avec la marque. Pour répondre à cela, Fan’s Team a décidé de combiner la vente en ligne (via son webshop) et les ventes privées dans des boutiques éphémères, appellées communément pop-up stores. ” Nous avions déjà mis en place des ventes dans notre showroom chez nous, à Wavre, et cela avait bien fonctionné auprès du grand public. Quand l’un des mes clients de salle de fitness m’a proposé ses locaux, situés chez Jaguar Land Rover, nous avons sauté sur l’occasion. ”

Cette nouvelle expérience a permis d’accueillir de nombreux professionnels, que ce soit des responsables de fédérations sportives ou des dirigeants d’entreprises. Le succès fut toutefois assez mitigé. ” Nous souhaitions voir le grand public présent à ces ventes privées, mais notre communication n’était peut-être pas assez claire, explique Olivier Collignon. On garde donc l’idée en tête mais on a décidé d’attendre quelques mois avant la Coupe du monde de football 2018 pour réitérer l’expérience avec les pop-up stores “. C’est en effet avant les grands évènements sportifs nationaux et internationaux que Fan’s Team fait son plus gros chiffre d’affaires.

Du sportwear belge qui est décliné en d'autres nationalités.
Du sportwear belge qui est décliné en d’autres nationalités. © PG

Le noir-jaune-rouge, c’est la marque de fabrique de l’entreprise, qui veut rendre les Belges fiers de leur pays. La gamme sportswear permet de porter ses couleurs nationales (belges ou pas) mais de manière discrète et élégante, soit à l’opposé de certains produits merchandising qui existent aujourd’hui. En vue des grands événements sportifs de 2018, Fan’s Team propose de nouvelles gammes de vêtements. Après les collections sportswear ” classique ” et ” prestige “, la marque a monté une collection dédiée aux fans des sportifs belges qui brillent à travers le monde. Cette déclinaison de tenues sport chic met en valeur l’image de la Belgique via ses imprimés et ses couleurs. La collection de polos Belgian Legends s’étoffe également en mettant à l’honneur des sportifs et autres stars belges telles que Jean-Michel Saive, Enzo Scifo, Jean-Claude Van Damme, etc. ” Nous avons eu l’occasion de rencontrer ces célébrités. Elles ont trouvé que c’était une chouette idée et portent nos vêtements “, s’enorgueillissent les fondateurs.

Mais Fan’s Team ne compte pas s’arrêter aux frontières belges. Des collections France et Italie ont déjà vu le jour. Les Suisse et Allemagne suivent. Les concepteurs sont actuellement à la recherche ou déjà en discussion avec des distributeurs dans ces pays. ” Et pourquoi pas un jour avec les Emirats ? ” sourit Olivier Collignon. L’objectif de cette expansion est également de doubler le volume de production et la croissance. ” Pour pouvoir être crédible en Belgique, il faut d’abord bien marcher dans d’autres pays. Une réputation internationale compte beaucoup, ici “, ajoute le cofondateur de la marque.

Une démarche sociétale pour la personnalisation des vêtements

Fan’s Team aimerait un jour pouvoir produire ses vêtements en Belgique mais, selon les propriétaires, les volumes actuels ne le permettent pas encore. Les vêtements sont donc produits actuellement via un négociant flamand qui travaille notamment avec la Pologne. Une partie de la collection est, elle, produite en Turquie. Les partenaires font évidemment en sorte que les conditions de travail, les chartes du droit du travail et les labels environnementaux soient respectés. Comme d’autres marques qui importent les vêtements de l’étranger et les transforment en Belgique, Fan’s Team va faire fabriquer dans notre pays les éléments de personnalisation de la collection – la petite touche belge (zips, logos, etc.) – en faisant appel à l’économie sociale. ” Nous n’en sommes qu’aux prémices, mais nous souhaitons travailler avec la société Axedis qui est une société de travail adapté active dans différents secteurs en Belgique “. Ce process intermédiaire vise donc à produire leurs pièces à l’étranger avant de les personnaliser en Belgique aux couleurs du pays.

Par Maud Laurent.

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