Le rachat de Blokker Belgique vire au fiasco

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Jérémie Lempereur Journaliste Trends-Tendances - retail, distribution, luxe

Chaque jour apporte son lot de surprises quant au profil du repreneur de la branche belge de Blokker, Dirk Bron. Ce dernier rassure… sans y parvenir.

Le soulagement fut de courte durée. Si les 670 travailleurs des 123 Blokker belges et luxembourgeois se sont d’abord réjouis de leur reprise par l’entrepreneur néerlandais Dirk Bron et sa société Dutch Retail Groep, évitant la faillite tant redoutée, ces derniers ont dû rapidement déchanter. Car il ne se passe pas un jour sans que de nouvelles révélations viennent jeter le doute sur la crédibilité du projet du nouveau propriétaire, et sur la crédibilité de l’homme d’affaires lui-même.

D’après plusieurs médias néerlandais, Dirk Bron est concerné par une enquête du parquet de La Haye qui évoque des soupçons de détournement, blanchiment et escroquerie. L’homme aurait acheté des sous-vêtements de marque contrefaits, aurait ” oublié ” de payer des fournisseurs, et aurait retiré à des fins privées des sommes importantes de sa société Aqua Store. Son magasin de mode sera revendu en 2008, juste avant de faire faillite. Les faillites, justement, Dirk Bron connaît : en 2006, il avait acquis 15 magasins de la chaîne belge Superconfex en difficulté pour y développer un modèle discount similaire à ce qu’il entend développer aujourd’hui en reprenant Blokker, mais il avait dû rapidement les fermer après, ici encore, des soupçons de fraude. Par ailleurs, le holding avec lequel il a repris Blokker ne disposerait encore pratiquement d’aucun actif. Il serait enregistré dans un appartement loué aux Pays-Bas.

“Rien de répréhensible”

Alertés, les syndicats ont réclamé une réunion d’urgence avec le repreneur ce lundi. Dirk Bron y a réaffirmé sa volonté de transformer tous les magasins Blokker en Mega World pour le mois de mai. Le concept ? L’achat par lots d’articles de marques et leur revente à très bas prix. L’entrepreneur affirme déjà disposer de plusieurs conteneurs de marchandises dans un entrepôt situé à Maasmechelen et dit avoir suffisamment de capitaux pour mener son projet à bien. Concernant les soupçons qui pèsent sur lui, Dirk Bron ne s’étend pas. ” Je me retrouverai bientôt devant le juge mais je peux parfaitement démontrer que je n’ai rien fait de répréhensible, se contente-t-il de répondre à nos confrères de L’Echo. Si vous n’entreprenez rien, vous ne risquez rien. Nos projets en Belgique seront un succès. ”

A l’issue de la réunion, les syndicats ne se montraient pas plus rassurés que cela. ” Nous sommes forcés de le croire sur parole, affirme Vicky Hendrick, permanente CGSLB. Lui se veut rassurant mais il ne nous donne aucun élément concret prouvant que son projet est fiable. ” ” Un document a été signé, actant qu’aucun licenciement ne pourra intervenir pendant un an, explique pour sa part le permanent SETca, Christophe Bouvier. Mais si la société fait faillite, cela ne vaut plus rien. Or, on peut quand même questionner la solidité financière d’un repreneur dont la première action est d’exiger des propriétaires de ses magasins de lui accorder six mois de loyer gratuit. ”

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