Lire la chronique d' Amid Faljaoui
Le prix des conteneurs et la mode rapide TikTok
Pendant que notre ministre de la santé nous demande d’être prêts à affronter la 4e vague, mais tout en nous demandant de ne pas paniquer, l’économie mondiale, elle, continue de tourner à plein régime.
Autant cette éventuelle 4e vague nous fait, hélas, penser à un mauvais feuilleton mille fois revu, autant cette économie mondiale qui tourne à plein régime nous rappelle, elle aussi, notre extrême dépendance à la Chine. La preuve, si certains rayons d’ameublement sont vides aujourd’hui y compris chez un géant comme Ikea, c’est parce que la demande mondiale a explosé. Et j’ai surtout envie de dire que c’est parce qu’il n’y a plus assez de conteneurs pour amener les marchandises d’Asie vers l’Europe. Ces conteneurs, ces “boites” métalliques qui représentent si bien la mondialisation, sont fabriqués en Chine dans plus de 90% des cas. Le conteneur le plus demandé, c’est celui que les experts appellent le EVP, l’ “équivalent vingt pieds” qui a l’avantage de pouvoir passer d’un navire-porte-conteneur à un train ou un camion sans problème.
Donc, comme l’économie est en mode rattrapage, le coût d’un voyage Asie-Europe a été multiplié par 7 notamment à cause de l’augmentation du coût de ces conteneurs. La question qui vient immédiatement à l’esprit, c’est : n’est-ce pas un signal pour nos industriels pour rapatrier leur production en Europe, vu la hausse des coûts du transport ? Selon Alain Bonnafous, un chercheur au laboratoire d’économie des transports de Lyon, c’est un pur rêve. Oui, il y aura sans doute l’une ou l’autre relocalisation ici ou là en Europe et les médias en parleront beaucoup, mais cela restera marginal. Prenez l’exemple d’une simple brosse à dents électrique Sonicare. Des chercheurs britanniques ont démontré que ce produit ultra simple est constitué de 38 composants. Mais ces 38 composants sont produits dans 12 usines réparties sur 10 pays et sur 3 continents. Ces composants parcourent 27.880 km en utilisant 4 modes de transport (route, avion, bateau, train) avant d’être assemblés. Et ça, comme le dit ce chercheur, c’est juste pour un produit simple comme une brosse à dents électriques. Alain Bonnafous ne croit donc pas à une relocalisation de sitôt.
Maintenant, tout dépendra sans doute aussi des secteurs. Le secteur textile va sans doute plus facilement relocaliser. Mais pas vers l’Europe. Plutôt vers des pays comme la Turquie, le Maroc. Pourquoi ? Mais parce que les schémas de consommation évoluent. Les influenceurs sur les réseaux sociaux comme TikTok incitent les jeunes et moins jeunes à changer plus souvent de look qu’auparavant. Les fabricants de textile doivent donc assurer une livraison rapide pour répondre à cette demande de “mode rapide” plébiscitée par ces mêmes jeunes qui défilent dans nos rues pour défendre le climat. Mais comme dirait Jules Renard : c’est une question de propreté, il faut changer d’avis comme on change de chemise.
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