Le patron de D’Ieteren avoue qu’il “ne conduit plus dans Bruxelles”
Le patron de D’Ieteren Automotive, Denis Gorteman, prévoit que d’ici 2028, 30% des revenus du premier importateur de voitures du pays ne seront plus liés à la vente d’autos. Il se diversifie notamment dans le vélo, les véhicules partagés et l’installation de bornes de recharge.
“Pour les déplacements urbains, la voiture n’est probablement plus la meilleure solution” soutient Denis Gorteman, CEO de D’Ieteren Automotive, qui importe les marques du groupe Volkswagen en Belgique (VW, Audi, Skoda, Seat, Bentley, Porsche, …). “Dans Bruxelles, je ne conduis plus”, ajoute-t-il.
En 2028, 30% des ventes hors autos
La déclaration illustre la politique de diversification cultivée par l’entreprise depuis quelques années. À côté de l’importation de voitures, elle a investi dans les véhicules partagés (Poppy), les taxis (Taxis Verts), la vente de vélos (Lucien), un service de budget mobilité et une application multimodale (Skipr), l’installation de bornes de recharge (Edi), de panneaux solaires (Go Solar), l’importation d’un quadricycle motorisé (Microlino). En partie dans des start-up, en partie par acquisition ou distribution.
“Selon nos plans, en 2028, 30% de nos ventes se feront hors de la distribution auto”, précise-t-il. “Actuellement, cette proportion s’élève à 7%-8%.” L’objectif est de développer une offre de mobilité au-delà de la vente de voitures, de s’adapter aux nouvelles réalités urbaines et à l’évolution des besoins.
Cet élargissement de l’offre sera visible au Salon de l’Auto (14-22 janvier 2023 ), où D’Ieteren Automotive occupera tout le palais 11 du Heysel. Le centre de ce plateau sera constitué par toutes les activités de diversification – vélo, Taxi Verts, véhicules partagés, …- et sera entouré par les marques de véhicules importés.
Le marché de l’auto va reculer durablement
L’élargissement de l’offre de mobilité est aussi la conséquence d’une conviction, celle que le marché auto ralentira, en Belgique, à moyen terme. Il est actuellement fort perturbé par les conséquences de la pandémie et celle de la guerre en Ukraine. “Cette année il y aura sans doute 360.000 immatriculations en Belgique”, estime Denis Gorteman. Contre 550.000 avant la pandémie, dont un quart distribué par D’Ieteren Auto. Le recul est dû aux difficultés à livrer. D’Ieteren estime qu’il lui faut, en moyenne, 9 mois pour livrer une voiture, contre 2 à 3 mois avant la pandémie, à cause du manque de pièces et aussi de chauffeurs de camion pour transporter les véhicules. “Mais à moyen terme, nous pensons que le marché se situera autour des 420.000 immatriculations neuves par an.”
Le vélo super star
En diversifiant, D’Ieteren Automotive préserve son chiffre d’affaires futur, et estime aussi anticiper sur la demande de mobilité, qui a quitté le temps du tout à l’auto. Elle a notamment de grandes ambitions avec la chaîne Lucien, qui vend des vélos électriques, et compte 11 magasins alors qu’elle ne fait que démarrer.
Pour l’heure, la difficulté à livrer n’est pas trop perturbante pour le chiffre d’affaires, car le prix moyen des autos augmente. Le groupe VW – comme la concurrence- monte ses prix et a supprimé des modèles d’entrée de gamme pour simplifier le travail des usines et préserver les marges, proposant plutôt des véhicules fort équipés. “Nous avons enregistré à présent 99.000 commandes” annonce Denis Gorteman, qui estime que les ventes de l’année 2023 sont quasiment faites pour D’Ieteren Automotive. Il précise que le marché a enregistré 450.000 commandes cette année.
20% de voitures électriques
L’entreprise a obtenu des résultats intéressants dans la vente de voitures électriques. Elles représentent actuellement 20% des commandes, contre 10% pour l’ensemble du marché. C’est à la fois le résultat d’une offre importante dans toutes les marques de volume du groupe Volkswagen et de la fiscalité des voitures de société, très favorable aux autos zéro émission. Ce résultat assure le succès de la filiale EDI, qui installe des bornes pour les particuliers et les entreprises. “EDI installe actuellement 1000 bornes par mois, contre 200 il n’y a même pas deux ans” note Denis Gorteman.
Un projet d’offre de gestion d’énergie
Un exemple de diversification est illustré par un projet de D’Ieteren Automotive, via la nouvelle filiale Go Solar. Il consiste à étudier, tester et proposer ensuite un dispositif de gestion d’énergie à domicile. “Cet energy management system, c’est le futur, cela pourrait aider nos clients à maîtriser l’énergie, en faisant interagir des panneaux solaires, une batterie à domicile, une voiture électrique. Cela permettrait de consommer de l’énergie quand elle est la moins chère, et de la remettre sur le réseau quand elle est plus chère” explique Denis Gorteman, qui convient “que c’est compliqué à expliquer, encore davantage à réaliser. Nous ferons un projet pilote l’an prochain.”
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