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Le patron de bpost remercié… Et la Bourse n’en a cure!

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Les dirigeants d’entreprise qui écoutent cette chronique savent que leur métier n’est pas de tout repos. Surtout si vous n’êtes pas propriétaire de l’entreprise que vous dirigez.

Le patron de Danone l’a appris à ses dépens : Emmanuel Faber a été licencié par son conseil d’administration durant le weekend. Et le comble de l’injure, c’est que le cours de Bourse de Danone a salué cette éviction par une hausse de 5%. C’est la pire gifle qu’on puisse imaginer à l’amour propre d’un dirigeant de multinationale.

En Belgique aussi, Jean-Paul Van Avermaet, le patron de bpost vient d’être licencié par son conseil d’administration juste avant qu’il ne soit auditionné ce mardi par les députés au Parlement. Là, à défaut de grimper, le cours de bourse de bpost est resté stable. Bref, c’est une forme d’indifférence, presqu’aussi peu glorieuse qu’une hausse du cours. Pour bpost, ce qui a déclenché le C4 de son patron, c’est le gouvernement qui estimait que la confiance était rompue entre l’Etat fédéral, propriétaire de notre poste nationale, et le CEO de bpost.

Officiellement, la loi ne permet pas au gouvernement de virer le patron de la poste, mais la pression a été mise sur le conseil d’administration pour qu’il le fasse à sa place. Ce qui est cocasse, c’est que le président de ce même conseil d’administration avait maintenu son soutien au patron éjecté. Je me demande donc comment ce président va chercher un nouveau patron alors qu’il était en principe satisfait du dernier. C’est une nouvelle forme de schizophrénie sans doute.

Toujours est-il que si Jean-Paul Van Avermaet a été licencié, c’est en raison de plusieurs facteurs. D’abord, la situation financière de bpost, qui n’est pas terrible et moins bonne que son concurrent hollandais, dont on voit d’ailleurs beaucoup les camions en Belgique. Ce sont aussi des reproches faits à l’encontre du style de gestion, jugé autocratique du patron de bpost, et qui aurait conduit au départ de plusieurs cadres et de plusieurs responsables de la communication, selon les médias belges. Mais surtout, c’est un manque de transparence sur le passé du patron de bpost, qui dirigeait avant la société de sécurité G4S. Ce qui avait embêté notre gouvernement et certains administrateurs, c’est cette enquête de notre autorité de la concurrence sur une éventuelle entente de prix de G4S avec deux autres sociétés de sécurité et de gardiennage en Belgique. Les uns lui reprochent d’avoir omis d’en parler avant d’être engagé et d’autres d’avoir changé de version au fil du temps, selon mes confrères de l’Echo.

Et puis, comme si ce n’était pas suffisant, le patron évincé paie au prix plein la stratégie désastreuse de son prédécesseur Koen Van Gerven. Les mauvaises langues diront que c’est sans doute l’occasion de se souvenir de ce que disait Georges Clémenceau : “En politique, on succède à des imbéciles et on est remplacé par des incapables”. D’autres, plus amènes, se souviendront de ce que disait le médecin Carl Jung : “Penser est difficile, c’est pourquoi la plupart se font juges”.

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