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Le monde bouge, notamment au-dessus de nos têtes

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Je vous avais parlé hier de ce proverbe africain qui dit que lorsque le serpent mue, il est aveugle. Une manière polie et discrète de dire que pendant que les médias nous abreuvent d’informations répétitives sur la 4e vague et le variant Omicron, le monde continue de bouger, d’avancer, notamment au-dessus de nos têtes.

En ce moment, des opérateurs télécoms et des grandes sociétés se battent à coups de milliards pour le marché très convoité des satellites. Le dernier en date à s’y intéresser, c’est le franco-israélien Patrick Drahi. En France, on le connait via l’opérateur télécom SFR qu’il détient. Aujourd’hui, il voudrait mettre la main sur Eutelsat pour le prix de 2.7 milliards d’euros. Drahi n’est pas le seul milliardaire à s’intéresser aux satellites, d’autres encore plus riches que lui s’y intéressent. Je parle évidemment de Jeff Bezos, le patron d’Amazon et l’incontournable Elon Musk, le patron de Tesla. Les plus âgés parmi nos lecteurs savent qu’Eutelsat exploite une flotte de satellites qui diffusent auprès de 8.000 chaines de télévision. Mais ça c’est la vision ancienne des satellites. Actuellement, si ce marché des satellites intéresse autant de monde, c’est parce qu’il y a un enjeu, et c’est celui de la connectivité. La fibre optique est en effet trop chère pour connecter la planète entière alors que les satellites permettront de connecter les voitures autonomes comme le précise Stéphane Israël, le PDG d’Arianespace.

En effet, tous ces milliardaires qui s’intéressent à l’espace veulent en réalité devenir des fournisseurs d’internet haut débit à un prix compétitif et partout dans le monde. Elon Musk s’est, par exemple, lancé dans la bataille de l’avion connecté en voulant offrir l’internet haut débit à bord des avions de ligne. Et là, il y a encore du boulot, car la promesse de surfer sur le net, de commander en ligne, de regarder des films ou jouer en streaming, envoyer des mails ou converser en visio sur Teams ou Zoom en plein vol comme si on était dans son bureau ou à la maison, cette promesse est parfois déçue comme le font remarquer mes confrères du Figaro. La faute à une connexion pas toujours stable, à un débit trop lent, etc.

Les constellations de satellites auront donc pour but de donner accès à une connexion stable, fiable et puissante. En fait, cette bataille des satellites a une vraie utilité sociale : “elle va changer la vie de milliards d’êtres humains en les connectant partout au monde de la connaissance. Toutes les écoles dans le monde entier auront accès à Internet. Des personnes isolées pourront s’affranchir de la géographie, elles pourront accéder à la culture, créer un business, et interagir de chez eux avec le monde entier”. Ces propos enthousiastes, ce n’est pas moi qui les tiens, mais Eric Béranger, un petit génie qui a créé l’activité service spatial d’Airbus et qui maintenant a été choisi pour piloter OneWeb, un projet fou consistant à apporter l’Internet à haut débit partout dans le monde.

Tout ça pour vous dire que pendant que certains consacrent des colloques à la fracture numérique, d’autres bougent, agissent – et ça, c’est épatant comme aurait dit Jean d’Ormesson !

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