Le foot, un drôle de modèle économique (graphique)

Le stade Allianz Riviera à Nice. © REUTERS/Eric Gaillard

Avec l’Euro qui démarre ce 10 juin, c’est le retour des soirées festives. Pour cette 15e édition, l’UEFA a vu les choses en grand : 24 équipes participantes (contre 16 depuis 1996) et un mois de compétition. Toujours plus ! Tel pourrait être le credo de ce sport. Sa popularité dans le monde ne faiblit pas. Et, en corollaire, l’argent continue d’y affluer.

Le foot, un drôle de modèle économique (graphique)
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“Il y a eu une accélération en ce domaine ces dernières d’années, constate Jean-Michel De Waele, sociologue du sport et professeur en sciences politiques à l’ULB. Les télévisions s’arrachent les droits de retransmission. Les clubs ont généralisé le merchandising. Les investissements de grandes fortunes, oligarques russes en tête, se sont poursuivis. Le Qatar a racheté le PSG et a décroché la Coupe du monde 2022. Le foot est devenu un secteur économique à part entière, créateur d’emploi et de richesses.” Pour autant, la médaille a un revers. Le modèle économique apparaît en effet déséquilibré. “En fait, la rentabilité n’existe que pour les clubs les plus riches. Entre la Premier League anglaise et la division 2 belge, il n’y a rien de commun. ” Pour les premiers, qui se sont assurés une participation régulière aux coupes d’Europe, c’est le jackpot. Pour les seconds, c’est la galère.

Cependant, même parmi l’élite, les dettes apparaissent. C’est qu’il faut sans cesse attirer les meilleurs joueurs, véritable ” matière première”. Ceux-ci apportent les performances et la notoriété, ingrédients indispensables pour négocier les droits télé, vendre des maillots et remplir les stades. Mais les coûts en transfert et en salaires sont extravagants. Les propriétaires des clubs sont alors régulièrement obligés de remettre au pot. Un cercle vicieux. Pour le briser, l’UEFA a bien inventé en 2011 le fair-play financier : les clubs sont priés de ne pas dépenser plus qu’ils ne gagnent. Mais c’est un échec. Qui démontre une autre caractéristique du foot européen : il est totalement dérégulé. “Même aux Etats-Unis, paradis du capitalisme, le sport professionnel dispose de davantage de règles, poursuit Jean-Michel De Waele. C’est le cas dans le football américain (NFL). Des règles ont été introduites par les clubs eux-mêmes. Ils se sont rendu compte qu’en égalisant les forces des équipes, en faisant en sorte que ce ne soit pas toujours les mêmes qui gagnent, et en renouant avec l'”incertitude du sport”, il y avait moyen de passionner le public et de gagner encore plus d’argent ! En Europe, cette question n’est même pas débattue. Et le secteur n’est pas à l’abri d’un retour de fortune…”

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