Le Cercle de Wallonie mène rondement ses affaires

En se dédoublant au Château du Val Saint Lambert, le Cercle de Wallonie joue la carte de la mise en réseau, histoire de consolider les convergences d’intérêt et tendre vers des économies d’échelle.

On s’agite en bord de Meuse, plus particulièrement sur le site du Château du Val Saint Lambert à Seraing. Il faut dire qu’on y apporte les dernières touches à un projet ambitieux : la version liégeoise du Cercle de Wallonie. L’investissement est conséquent et le pari économique loin d’être gagné. A l’origine de ce nouveau haut lieu du networking pour les décideurs économiques et politiques du sud du pays, on retrouve l’incontournable André van Hecke. A 63 ans, l’homme à qui l’on doit la professionnalisation des indicateurs de planning et d’achat média, est aussi un homme de pouvoir et d’ambitions.

Car il en faut de l’ardeur pour se lancer dans une gageure telle qu’une émanation de son premier club d’affaires namurois. D’autant plus dans le climat économique actuel. Mais qu’importe. Après avoir racheté, en décembre 2006, le Cercle de Wallonie à Stéphan Jourdain, l’insatiable André van Hecke se met en tête d’offrir une nouvelle plate-forme de réseautage à la Cité Ardente. “Avec pas moins de 250 activités organisées l’année dernière pour ses 870 membres et près de 48.000 visiteurs, le site namurois du Cercle de Wallonie était devenu trop exigu”, justifie-t-il.

Deux millions d’euros d’investissement

Saturé d’une part, le Château Mélot à Namur créait également une certaine frustration chez quelques membres qui peinaient à assister régulièrement aux événements. En cause : leur lieu de travail qui se situe dans un rayon supérieur à 30 km. C’est pourquoi, fort d’un carnet d’adresses aussi épais qu’un annuaire téléphonique, l’ancien patron de la régie publicitaire IP s’est mis en quête d’un lieu d’exception pour accueillir sa nouvelle antenne “sans être pour autant une succursale ou une filiale”, insiste-t-il.

L’idée d’André Van Hecke repose en effet sur l’existence de deux lieux faisant partie d’une seule et même plate-forme wallonne de networking . Deux châteaux, une même philosophie, mais des événements à des dates et des horaires différents. Le tout, sans concurrence et sans surcoût pour les membres puisqu’une seule cotisation permettra de fréquenter les deux entités. “La balkanisation des cercles et autres clubs d’affaires en région wallonne ne mène à rien, si ce n’est une rivalité stérile”, concède Laurent Minguet, le président du Cercle de Wallonie.

Les accointances entre André van Hecke et le fondateur d’EVS les ont poussés tout naturellement à se tourner vers la Principauté de Liège. Le choix est d’autant plus pertinent que le poids économique de la Cité ardente est conséquent et que l’annuaire du Cercle de Wallonie compte déjà plus d’une centaine de membres liégeois.

Après une première visite au Château de Colonster, le patron des “réseauteurs” wallons prend langue avec Pierre Grivegnée, le maître d’oeuvre du gigantesque complexe touristique du Cristal Park à Seraing. Plongé dans ce projet immobilier, qui devrait l’occuper jusqu’en 2012 et dont le montant des travaux s’élève à 250 millions d’euros, le repreneur du Val Saint Lambert confie les clés du Château à André Van Hecke. La concession du Cercle de Wallonie “à la sauce lapin” s’étale sur une période de 10 ans renouvelable. Pour rendre le lieu encore plus exclusif, et après que Pierre Grivegnée ait déjà injecté 2,4 millions d’euros pour abriter une infrastructure performante, deux autres millions d’euros ont encore été nécessaires pour des travaux de finition dans l’aile nord du Château, des équipements et la communication. Un tiers de cette somme a été pris en charge par le Cercle de Wallonie.

Ce partenariat entre Pierre Grivegnée et André Van Hecke ne consiste pas uniquement à permettre à ce dernier d’occuper les 10.000 m2 avec son club d’affaires. Il doit aussi prendre en charge la gestion de l’outil touristique du Château du Val Saint Lambert. Une activité qui pourrait drainer quelque 60.000 touristes à l’horizon 2012 et “représenter jusqu’à 300.000 euros de chiffre d’affaires”, estime l’homme qui connaît bien les entrelacs du monde des affaires.

Une masse critique de 1.400 membres

Cette rentrée financière supplémentaire sera la bienvenue pour Exözt, la société d’André Van Hecke tout comme les rentrées générées par les activités Horeca via un autre partenariat avec le prestataire catering de Namur expo et du Palais des Congrès de la capitale wallonne. Car bien qu’il se soucie davantage des prestations à offrir à ses membres que des aspects financiers, André Van Hecke cherche le modèle économique idéal pour sa SPRL. D’autant que la société, qui repose sur une structure de coûts fixes élevés, joue les montages russes entre de légers bonis et des pertes légères lors des derniers exercices. Après avoir affiché un chiffre d’affaires de 2,1 millions en 2008 pour un résultat de l’exercice positif, André Van Hecke s’attend cette fois à un nouveau recul de son bénéfice.

Pour résoudre, du moins en partie, cette apparente quadrature du cercle financier, l’homme sait qu’il ne peut compter ni sur l’organisation de conférences et autres activités – elles ne génèrent que 15 % des rentrées – ni sur les cotisations annuelles. “Depuis 2004, la participation s’élève à 930 euros par an, confie-t-il. Cela représente 30 % de notre chiffre d’affaires mais le plus important est de rencontrer la masse critique d’abonnés nécessaire pour faire tourner la machine, à savoir 1.400 membres.” Un objectif que le gestionnaire devrait atteindre assez rapidement puisque le Cercle vient de dépasser la barre des 1.200 adhérents. “Le nombre de 2.000 mem-bres n’est pas exclu d’ici peu”, augure un Laurent Minguet qui assure également la médiatisation de l’antenne liégeoise dans son réseau principautaire.

En attendant Mons et Tournai ?

Même si le taux de fréquentation aux activités tourne autour des 15 à 20 % en moyenne, le seuil des 1.500 membres est capital afin qu’il produise, spontanément, une réaction en chaîne. Car ce sont bien les membres qui font vivre le Cercle. “Ces activités représentent plus de la moitié du chiffre d’affaires et est généré par les activités organisées par nos membres”, explique Laurent Minguet. En effet, au-delà des dîners-cigares, des soirées d’£nologie, des conférences et autres promenades dans et autour du Château, les membres du Cercle peuvent en effet accéder gratuitement aux infrastructures. “Que ce soit pour le mariage de leur fille, l’anniversaire de leur femme ou pour organiser des déjeuners d’affaires, des conseils d’administration ou des réunions d’entreprise, le membre aura le choix entre une de nos 18 salles de réunion au sein du Château du Val. A quoi se greffe évidemment notre offre Horeca.” C’est pourquoi l’homme qui aime les médias et le milieu des affaires et, de ses aveux, la cuisine, s’attelle à offrir une table de qualité à ses convives (celle du Château Mélot ayant obtenu la cote de 14/20 au GaultMillau).

Enfin, l’ouverture de l’antenne liégeoise, qui est dirigée par Dominique Jamar, ex-directrice du Pôle Image de Liège et du Festival international du film francophone de Namur, permettra de réaliser des économies d’échelle, que ce soit sur les infrastructures, le marketing ou le management. “Pour pérenniser ce cercle vertueux, notre projet à long terme entrevoit l’idée de créer une ou deux plates-formes supplémentaires en Wallonie”, planifie Laurent Minguet. Il se chuchote en effet dans les salons feutrés que les responsables du Cercle auraient l’intention de proposer de nouvelles structures à Mons et à Tournai pour mettre en réseau nos patrons wallons.

Valéry Halloy

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