“Le budget 2012 coûtera 3 milliards aux entreprises”

© Image Globe/Filip Claus

Pierre-Alain De Smedt, président de la FEB, s’est fait plutôt discret. Il laisse Rudi Thomaes, son administrateur délégué, critiquer l’index et les mesures budgétaires, pour se concentrer sur les négociations sociales. Il revient sur ses relations avec Di Rupo Ier… et ses craintes quant aux effets du budget sur les entreprises.

Lisez l’intégralité de cette interview dans le magazine Trends-Tendances daté du 1er mars 2012

Comment s’organisent les relations avec le nouveau gouvernement ? Le démarrage a semblé bien difficile…

Tout le monde était très énervé à Noël, lorsque le gouvernement a fait passer le paquet des mesures budgétaires au Parlement au pas de charge. Avec le Groupe des 10, nous avons rencontré le Premier ministre et les vice-Premiers pour faire l’inventaire des mesures qui ne tenaient pas debout.

Elio Di Rupo a expliqué qu’il nous comprenait, mais qu’il n’avait pas le choix vu la pression de l’Europe. Il a demandé quelles étaient les modalités de négociations que nous souhaitions. Il y a notamment eu une discussion sous la supervision de la directrice de cabinet d’Elio Di Rupo, Yasmine Kherbache, et les spécialistes des ministères concernés et ceux de syndicats et des fédérations d’entreprises. Nous avons discuté des thèmes qui nous semblaient insupportables.

Il y avait aussi des soucis techniques, des ruptures de contrat. Il fallait s’assurer que les mesures soient praticables et que tout le monde ne soit pas dans la rue tout le temps. Vous dites que nous avions été discrets, mais nous avons travaillé quasiment nuit et jour. Nous avons fait dernièrement le point avec le Premier ministre.

La FEB a-t-elle pu donner son point de vue durant la négociation budgétaire en novembre ?

Le gouvernement n’était pas encore formé. Nous avions donc des contacts avec les bureaux d’étude des partis, qui recevaient les premiers projets de textes, nous disaient ce qui était sur la table. Et nous réagissions. C’était une forme de concertation. J’ai rencontré à de très nombreuses reprises les présidents de parti. Nous avons dit ce que nous pensions, mais nous n’avions pas la décision. Ensuite, le gouvernement s’est formé, le programme était sur la table…

Combien le budget 2012 a-t-il coûté aux entreprises ?

Nous estimons l’impact à 3 milliards d’euros, dont 1,6 milliard pour les intérêts notionnels, 500 millions de taxe bancaire, 500 millions de rente nucléaire, puis diverses mesures comme la TVA chez les notaires. Les mesures gouvernementales ont eu un impact de 0,2 % sur l’index.

Percevez-vous des signaux d’entreprises qui veulent quitter la Belgique à cause du changement dans les intérêts notionnels ?

C’est encore trop tôt. Tout n’est pas encore décidé. Il reste encore à clarifier le sort du report des intérêts notionnels à déduire lorsque la somme n’a pas pu être totalement utilisée sur un exercice. Jusqu’ici, il était autorisé. Dans des missions princières à l’étranger, aux Etats-Unis et en Russie, j’ai entendu des dirigeants d’entreprises présentes chez nous expliquer l’importance, pour elles, de ce dispositif pour investir en Belgique. Il y a du reste des légendes sur ce dispositif : comme le fait qu’il ne bénéficierait qu’aux grandes entreprises. C’est faux, nous avons réalisé une étude là-dessus et les PME en font un large usage.

Craignez-vous les résultats du prochain contrôle budgétaire ?

J’espère qu’on ne fera pas encore payer les entreprises. Ce qui m’inquiète, c’est que les changements négociés par les syndicats pour les pensions réduisent les économies du train de mesures décidé dans le budget 2012. Ces 200 à 300 millions d’euros s’ajouteront aux montants à rechercher lors du contrôle budgétaire. Ce sera le débat des prochains jours. Je l’ai clairement dit au Premier ministre : nous ne voulons pas payer deux fois.

Propos recueillis par Robert van Apeldoorn et Wolfgang Riepl

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