Le Brussels Motor Show, une réussite malgré la professionnalisation des manifestants d’Extinction/Rebellion

Des manifestations avaient eu lieu au salon et 185 personnes avaient été arrêtées administrativement. © Belgaimage

Les importateurs de voitures ont subi les effets de la professionnalisation des manifestants d’Extinction/Rebellion. Ils ont déferlé au Salon de l’Auto, organisés à l’américaine, bénéficiant d’un briefing juridique, d’une aide psychologique, même d’un crowfunding pour payer les entrées.

Pour 20 euros, aidez un rebelle ! C’est la proposition de crowfunding d’Extinction/Rebellion, le mouvement qui a perturbé le Salon de l’Auto, samedi 18 janvier. Environ 200 manifestants ont réalisé divers happenings, les plus visuels possibles pour les caméras, dénonçant le ” Salon du Mensonge ” que serait le Brussels Motor Show, qui a néanmoins accueilli plus de 500.000 visiteurs.

Ils ont notamment décoré un capot de voiture avec du faux sang, mimé des victimes de la route, en se couchant sur le sol. Ils estiment que les constructeurs ne disent pas la vérité sur les émissions des voitures. Pour financer l’opération, et les tickets d’entrée au salon, Extinction/Rebellion avait donc lancé un crowfunding. C’est l’un des nombreux éléments qui indique le niveau de professionnalisation atteint par Extinction/Rebellion, véritable start-up de la protestation.

“Médiateurs de désescalade”

Pour s’en convaincre, il suffit de lire les documents publiés sur le site de l’association. On y trouve entre autres un “legal brief” qui détaille les risques pris par les manifestants. “Arrestation administrative: maximum 12 heures. Le plus probable. Souvent pour avoir ‘perturbé la tranquillité publique’.” Avec un risque de sanction administrative communale, “maximum 350 euros dans les six mois”.

Les actions ont été planifiées deux semaines à l’avance, en organisant ce que le document descriptif qualifie de GA (des groupes d’affinités), de deux à six personnes. Un tutoriel précise comment former ces groupes. Ils doivent comporter un ou plusieurs ” médiateur(s) de la désescalade “, pour jouer un rôle d’apaisement, éviter les affrontements avec les visiteurs du salon ou le personnel des stands, ” gardez à l’esprit que ce n’est pas contre eux que nous agissons “.

Actions spectaculaires, buts flous

D’autres tutoriels donnent des conseils sur les opérations, par exemple la manière d’utiliser le faux sang. ” Veillez à utiliser une peinture lavable et (si possible) biodégradable “, sur la colle à utiliser pour se fixer à des objets. Enfin, le mental est soigné, car les documents proposent une assistance psychologique pour les manifestants troublés durant les actions. En français, anglais et néerlandais.

L’objectif de ces actions très télégéniques est toutefois vague : une demande que ” la mobilité future (soit) discutée et choisie par des assemblées de citoyens “. Il s’agit surtout d’une action en culpabilisation d’un secteur qui a du poids, mais peine, depuis le dieselgate, à se faire entendre des autorités. Comme le montre l’interdiction programmée du diesel notamment à Bruxelles, au plus tard en 2030. Les propositions les plus concrètes sont finalement assez soft. ” La voiture n’est pas à jeter aux orties “, indique un des documents distribués, qui recommande, pour réduire les émissions, de rouler davantage à vélo, en transports en commun, de covoiturer, de télétravailler. Tout ça pour ça…

Plus de 500.000 visiteurs

Manifestants ou pas, le Brussels Motor Show a rempli l’objectif affiché à son démarrage : dépasser les 500.000 visiteurs. ” Nous avons atteint les 501.789 personnes “, indique Pierre Lalmand, manager du Brussels Motor Show. En sensible retrait par rapport à 2018 (-7 %), mais le salon comptait un jour de moins.

Il reste à faire le bilan commercial. La vente sur les stands n’est plus guère pratiquée, les clients sont informés puis orientés vers les concessionnaires. Ces contacts favorables semblent avoir été plus nombreux cette année que l’an dernier, estime Pierre Lalmand.

Parmi les visiteurs, les dirigeants du salon de Genève et celui du Mondial de Paris ont fait le déplacement pour voir comment la Febiac, qui organise le Salon, parvenait à conserver un Salon dont la formule est déclinée partout ailleurs. Beaucoup de constructeurs, comme Volvo, boudent les salons, mais viennent toujours à Bruxelles.

Les organisateurs du salon avaient été prévenus des actions d’Extinction/Rebellion, avec qui ils ont eu des contacts. Ils craignaient surtout des mouvements de foule et avaient prévenu les autorités. Les dommages ont finalement été limités, même si quelques plaintes ont été déposées pour dégâts matériels.

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