La vague de faillites attendue doit encore arriver
Les mesures de soutien économique, prises par le gouvernement, ont pu sauver de nombreuses entreprises. Mais selon les experts, la vague de faillites, souvent annoncée en raison de la pandémie, reste encore à venir. Et c’est une bonne chose pour l’économie.
En raison des mesures de soutien rapides prises par le gouvernement, le nombre de faillites est passé de 10.749 en 2019 à 6.066 en 2021, selon les chiffres du Trends Business Information. Pascal Flisch de Trends Business Information qualifie cette baisse de “complètement anormale”. Selon une étude du Vlaio, les aides économiques destinées à soutenir les entreprises pendant la crise sanitaire ont évité une perte de 6,5 milliards d’euros.
Lorsque le gouvernement avait décidé de ne pas prolonger le moratoire sur les faillites qui courait depuis le 1er février 2021, un automne fort perturbé économiquement était à craindre. Mais ce n’est pas arrivé. Les créanciers publics ont fait preuve de retenue jusqu’à présent mais cela va changer, rapportent diverses sources. L’ONSS a attendu le mois de septembre pour reprendre les assignations au tribunal. Le Service public fédéral Finances a mis fin au moratoire administratif sur les faillites le 31 décembre 2021 et n’exclut plus maintenant la possibilité de nouvelles faillites. Le ministère ne vise pas les entreprises qui ont été touchées par la crise de coronavirus, mais celles qui étaient déjà lourdement endettées avant la crise.
Des coquilles vides
Jens Vrebos, l’un des administrateurs du cabinet d’avocats Crivits & Persyn (Bruges), constate que le nombre de dossiers augmente à nouveau. À Bruxelles également, on constate la même augmentation, notamment dans les secteurs de l’hôtellerie et de la construction. “Nous nous attendons à un printemps difficile”, déclare M. Vrebos. “Les dossiers de faillites que nous recevons maintenant sont souvent des coquilles vides. Vous êtes en droit de vous demander dans quelle mesure ils auraient dû bénéficier d’un soutien. Récemment, j’ai été nommé curateur pour une société qui a cessé ses activités il y a deux ans. Elle a encore des dettes, mais le stock commercial a été vendu il y a deux ans.”
Olivier Delaere, de Dyzo, une association qui conseille les entrepreneurs en difficulté, confirme la tendance : “Le nombre d’enregistrements d’entreprises en difficulté a augmenté pendant des années, mais en 2020 et 2021, nous avons soudainement constaté une baisse. Aujourd’hui, nous constatons que ce chiffre remonte à nouveau. Je ne vois pas une explosion de dossiers, mais une augmentation régulière. Il est frappant de constater que de nombreuses entreprises nous avaient déjà contactés l’année dernière et le refont à nouveau aujourd’hui. Il est important que les entrepreneurs cherchent de l’aide suffisamment tôt, certainement avant qu’un huissier ne soit nommé et frappe à la porte.”
“Comme les créanciers publics, qui sont généralement à l’origine de ce genre d’affaires, n’ont pas émis d’assignation au tribunal, l’assainissement des comptes indispensable normalement n’a pas eu lieu”, analyse Jens Vrebos. “Les entreprises en difficultés contaminent très vite en quelque sorte les entreprises en parfaite santé, lorsqu’elles ne peuvent plus payer leurs fournisseurs par exemple.” Selon M. Vrebos, le gouvernement aurait dû travailler de manière différentes en ce qui concerne l’octroi de ses mesures de soutien : “Si une entreprise ne dépose pas ses comptes annuels pendant plus d’un an, elle peut être dissoute par décision de justice. Le gouvernement aurait dû filtrer ces entreprises.”
Plus de start-ups
Il est frappant de constater que le nombre de jeunes entreprises a continué de grimper. “La Belgique n’a jamais compté autant d’entreprises actives”, affirme Pascal Flisch. “2020 a été une année surprenante avec presque autant de créations de nouvelles entreprises qu’en 2019. L’année 2021 se porte encore mieux et se clôturera probablement autour de 130 000. Cela représente une croissance de 5,8 %.”
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