La spéculation dégrade la qualité de la vanille de Madagascar

Les agriculteurs trient les gousses de vanille avant l'exportation. © REUTERS

La récolte de vanille va bientôt commencer sur l’île de Madagascar. Cette épice est la deuxième plus chère au monde, mais surtout, elle représente le principal revenu d’exportation des Malgaches.

80% de la production mondiale de vanille provient de Madagascar. Un journaliste de l’AFP, d’origine malgache, explique que cette épice n’est pourtant que fort peu utilisée dans la cuisine locale. Elle représente cependant le revenu de beaucoup de Malgaches. Dans les collines autour de Sambava, située sur la côte nord-est dans la région de Sava, la plupart des gens vivent de cette épice. Il n’y a que peu d’industries dans le pays et l’agriculture est l’une des seules activités économiques.

Madagascar, l’un des pays les plus pauvres du monde, mise beaucoup sur la culture de la vanille. Le gouvernement impose que la récolte ne commence que le 20 juin, et ce, dans le but d’avoir un contrôle sur le commerce et de prévenir la spéculation financière. Alors qu’en 2015, le kilo valait 95 dollars, il s’exporte à 220 dollars aujourd’hui. Même si beaucoup ne respectent pas cette date déterminée par l’état, les terres de culture sont fort reculées et les inspections ne sont que très rares.

Un prix toujours en hausse

Comme l’explique le média Jeune Afrique, cela fait quatre années consécutives que le prix du kilo de vanille augmente et la tendance n’est pas prête de s’inverser. En cause ? De nouveaux acheteurs qui apparaissent dans le paysage mercantile de l’épice avec pour but de raréfier le produit et ainsi faire grimper son cours. La gousse est alors conservée sous vide avant d’être remise sur le marché au moment le plus opportun. Certains producteurs malgaches utilisent eux aussi ce type de méthode, bien qu’elle soit préjudiciable à la qualité de la vanille.

Et la raison pour laquelle la vanille est si chère, c’est justement parce que son processus de préparation est très délicat. Comme le raconte le journaliste de l’AFP : “Il faut d’abord cueillir les gousses vertes. Ensuite, on les fait cuire quelques minutes dans de l’eau chaude, ce qui les fait brunir. On les sèche ensuite au soleil deux heures par jour pendant quinze jours : on les sort, on les étale au soleil, puis on les remet dans les sacs. Cela réclame beaucoup de travail. Et pas question de stocker la précieuse épice à l’extérieur: les voleurs n’attendent que ça. Donc, tous les jours pendant deux semaines, c’est le même spectacle: des hommes transportent des sacs, déversent la vanille au soleil, la ramassent deux heures plus tard et repartent avec les sacs.” Et ce n’est pas fini. Une fois que la vanille est prête, elle est évaluée et triée suivant son degré d’excellence.

Même si beaucoup ne sont pas payés proportionnellement au prix de vente de la vanille, la plupart des agriculteurs mettent un point d’honneur quant à la qualité de leur épice. Mais aussi parce qu’elle représente un revenu tout de même important pour le pays et pour eux.C’est pourquoi le gouvernement malgache a pris des mesures quant à l’utilisation du sous vide sous toutes ses formes. La vanille est une culture importante pour le pays, et ce genre d’agissement stimule la concurrence et l’intérêt d’autres pays producteurs, ce qui peut être préjudiciable pour le pays.

Par Ornella Diaz Suarez

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