La santé mentale au travail au coeur d’une vaste campagne fédérale

“La crise sanitaire met une pression sur le système de santé mais également sur chacun d’entre nous” depuis 18 mois, a déclaré le ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke en introduction à la conférence de presse de lancement de la nouvelle campagne. Selon lui, les “employeurs doivent prendre rendez-vous avec leurs équipes“, en vue de créer une “résilience mentale”. “Des équipes qui font preuve de résilience mentale sont des équipes bien dirigées.”

Stress, fatigue, lassitude, télétravail obligatoire… ces phénomènes inhérents à la situation sanitaire en Belgique laissent des traces sur la santé mentale des travailleurs. C’est pourquoi les autorités fédérales lancent une campagne en trois phases: une phase de sensibilisation (affiches, spots radio…), suivie d’une phase d’appels à projets novateurs, jusque mi-2023, et enfin un ancrage structurel des bonnes pratiques qui seront ressorties de ces projets.

Pour Valérie Flohimont, vice-rectrice aux ressources humaines, au bien-être et à la sécurité au travail à l’UNamur, l’une des clés est de prendre des mesures de prévention “collectives”. En effet, “on n’a pas assez insisté sur cet aspect collectif”. Cela nécessite “un management adapté”. “Beaucoup d’entreprises ont négligé le fait que manager à distance est différent que de manager en présentiel“, affirme l’experte, qui cite comme outil des formations sur le management à distance. L’accueil et l’écoute, via une personne de confiance notamment, restent très importants.

Selon la professeure Elke Van Hoof, de l’Université Libre de Bruxelles, si une bonne politique de télétravail n’est pas mise en place, “les avantages ne compensent pas les effets négatifs”. En outre, le télétravail crée un isolement social, une baisse de créativité et pèse sur la communication. “Nous vivons dans une société où tout le monde connaît quelqu’un en burn-out, il est temps que les choses changent. (…) On a trop longtemps ignoré les personnes qui ne se sentaient pas bien” au travail.

Un tiers des travailleurs ressentent du stress au travail et plus de sept travailleurs sur 100 sont absents chaque jour, a de son côté souligné Pierre-Yves Dermagne, vice-Premier ministre, ministre de l’Économie et du Travail, qui insiste sur la prévention et le “soutien mutuel” entre collègues.

Il est aussi temps de “lever le tabou” autour du burn-out, poursuit Petra de Sutter, vice-Première ministre et ministre de la Fonction publique. Celle-ci cite des outils comme des applications de mesure du niveau de risque de burn-out d’un travailleur ou des “coachs burn-out”. “Un grand nombre de fonctionnaires fédéraux sont également en arrêt de maladie de longue durée: nous en comptons aujourd’hui près de 1.300. Nous travaillons à des solutions structurelles, mais nous avons déjà pris des mesures pour aider les fonctionnaires à se déconnecter, à s’éloigner du travail.”

Les indépendants n’ont pas non plus été épargnés, a relevé le ministre des Indépendants, des PME et de l’Agriculture David Clarinval. “Nous avons demandé aux caisses d’assurance sociales de développer des mesures préventives pour éviter les incapacités”, a-t-il précisé. Pour le volet indépendants, un appel à projets sera déjà lancé en décembre.

Enfin, concernant le télétravail, le ministre Frank Vandenbroucke a souligné la possibilité d’un retour deux jours par semaine au bureau à la mi-décembre. “Cela peut aider à créer quand même une certaine perspective plus positive pour les personnes isolées” mais “le plus important est peut-être qu’on essaie d’entretenir un contact informel avec les collègues pendant les jours de télétravail”.

Les partenaires sociaux ont d’ailleurs été interpellés face à la nécessité de mieux encadrer le télétravail, affirme Pierre-Yves Dermagne. L’objectif est aussi d’avoir “une garantie d’un droit à la déconnexion”.

Toutes les informations sur la campagne, soutenue entre autres par Adrien Devyver, sont disponibles sur le site internet www.jemesensbienautravail.be.

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